Citations sur La tente rouge (12)
« Mon nom ne vous dit rien. Mon souvenir est poussière. Ce n’est ni votre faute, ni la mienne. La chaîne reliant mères et filles s’étant rompue, la transmission de la saga familiale incomba alors aux seuls hommes. Comme ils ignoraient tout de moi, je suis devenue une note en bas de page. Ma vie n’est qu’une parenthèse entre l’histoire bien connue de Jacob, mon père, et la célèbre chronique de Joseph, mon frère. Les rares fois où l’on se souvient de moi, c’est en tant que victime. Presque au début de votre livre saint, on trouve un passage qui semble indiquer que j’ai été violée, la suite est le récit sanglant de la façon dont on a vengé mon honneur. » (p. 7)
Je me demande si mes premiers souvenirs sont vraiment les miens. Quand il remontent à la mémoire, je sens le souffle de ma mère sur chacun d'eux.
Au moment où j'allais passer de l'autre côté, je suis que tous les prêtres et magiciens d’Égypte étaient des imbéciles et des charlatans car ils promettaient de prolonger les beautés de la vie au-delà du monde qui nous est donné. La mort n'est pas une ennemie, mais source de reconnaissance, de compassion et d'Art. De tous les plaisirs de la vie, seul l'amour ne lui doit rien.
Ne crains rien, l'heure a sonné.
Ne crains rien, tes os sont solides.
Ne crains rien, l'aide arrive.
Ne crains rien, Gula est près de toi.
Ne crains rien, le bébé est à la porte.
Ne crains rien, il vivra pour t’honorer.
Ne crains rien, la sage-femme est habile.
Ne crains rien, la terre est au-dessous de toi.
Ne crains rien, nous avons de l'eau et du sel.
Ne crains rien, petite mère.
Ne crains rien, notre mère à tous.
La grande mère que nous appelons Innana donne à la femme un cadeau inconnu de l'homme : le secret du sang. Le flot qui coule à la nouvelle lune, le sang curatif de la naissance de la lune. Pour les hommes, cela ne représente qu'excrétion, mauvaise humeur, gêne et douleur. Ils croient que nous souffrons et considèrent qu'ils ont de la chance de ne pas en être affligés. Ne les détrompons pas. Dans la tente rouge, on connaît la vérité. Dans la tente rouge où les jours s'écoulent telle une rivière tranquille tandis que le don d'Innana parcourt notre corps, le purifiant de la mort du mois précédent, le préparant à recevoir la vie du mois suivant. Les femmes lui rendent grâce : pour le repos, le rétablissement, l'assurance que la vie provient d'entre nos jambes et que la vie coûte du sang.
Il m'a dit qu'il n'avait jamais couché avec une autre femme que ma mère, bien que celle-ci ne lui eut donné que deux fils, au début de leur mariage.
Pendant leur lune de miel, elle l'avait accueilli avec tendresse et passion. Il la traitait en effet, comme si elle était la Reine du Ciel. Ils s'étaient unis comme la mer et le ciel, la pluie et la terre desséchée, le jour et la nuit, le vent et l'eau. Tandis qu'ils jouaient au dieu et à la déesse, leurs nuits s'emplissaient d'étoiles et de soupirs.
Qui est aussi blanche qu'Anat,
Aussi belle qu'Astarté?
A présent, tu portes Astarté en ton sein
La puissance d'Elat réside en toi.
Pour comprendre une femme, il faut d'abord l'interroger sur sa mère, puis écouter attentivement. Si elle vous parle de nourriture, cela indique de très bons rapports. De mélancoliques silences témoignent de problèmes non réglés. Plus une fille connait de détails sur la vie de sa mère et les décrit ouvertement, sans geindre, plus elle est forte.
Mon nom ne vous dit rien.
Mon souvenir est poussière. Ce n’est ni votre faute, ni la mienne.
La chaîne reliant mères et filles s’étant rompue, la transmission de la saga familiale incomba alors aux seuls hommes. Comme ils ignoraient tout de moi, je suis devenue une note en bas de page.
Ma vie n’est qu’une parenthèse entre l’histoire bien connue de Jacob, mon père, et la célèbre chronique de Joseph, mon frère. Les rares fois où l’on se souvient de moi, c’est en tant que victime. Presque au début de votre livre saint, on trouve un passage qui semble indiquer que j’ai été violée, la suite est le récit sanglant de la façon dont on a vengé mon honneur.
Dans la tente rouge, on connaît la vérité. Dans la tente rouge où les jours s'écoulent telle une rivière tranquille tandis que le don d'Innana parcourt notre corps, le purifiant de la mort du mois précédent, le préparant à recevoir la vie du mois suivant.