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sur 218 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Au nord du lac Tystnaden, Suède. La famille Söderström habite une ferme dont le père cultive les terres pour un autre. N'ayant que très peu d'argent, celui-ci, par une ruse, réussit à réunir quelques billets qu'il donne aussitôt à ses deux fils, Håkan et son grand frère, Linus, pour qu'ils rejoignent l'Amérique. Mais, dans la cohue de Portsmouth, Håkan perd son aîné. Remontant sur un bateau qu'il suppose prendre la direction de New-York, il fuit toute compagnie et s'enferme. Remarquant ce jeune, sûrement fiévreux et affamé, Eileen Brennan s'occupe de lui. C'est alors qu'il comprend, tant bien que mal de ce couple d'Irlandais, que le bateau fait route vers San Francisco. Arrivé là-bas, les Brennan, avec leurs deux enfants, convainquent Håkan de les suivre dans leur expédition de prospection d'or. le jeune garçon accepte, ayant besoin d'argent pour pouvoir rallier New-York et retrouver son frère qu'il espère installé là-bas...

Quel personnage que ce Håkan, surnommé le Hawk... de sa ferme suédoise au pont de l'Impeccable, du jeune homme naïf et timide ne parlant pas un mot d'anglais à l'homme grand et imposant, sauvage, redouté parfois, il aura connu bien des épreuves tout au long de sa vie. de San Francisco à New-York, c'est un très long voyage qui l'attend, semé d'embûches, d'événements inattendus et de rencontres aussi improbables que marquantes (de la maquerelle au naturaliste farfelu qui lui apprendra beaucoup de choses en passant par des Indiens ou des shérifs véreux). Planté dans des décors désertiques ou montagneux, parfois hostiles, ce roman dépeint avec force et intensité le voyage à rebours d'un homme qui se cherche et se perd au coeur de ce pays trop vaste qui l'éprouve et l'isole de ses hommes avides, violents. Un roman initiatique riche et éprouvant qui dresse un portrait doux-amer d'un homme en quête de lui-même...
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Une épopée dans le grand ouest américain
*
Je m'intéresse de très près au genre littéraire de nature writing. Un premier roman d'un jeune auteur argentin-suédois. Finaliste du prix Pulitzer qui plus est! Tentant.
*
Le roman s'ouvre sur un paysage glacial, isolé et enneigé. Un homme nu sort de l'eau froide. Et se drape dans un manteau fait de peaux d'animaux. Plus tard, sur un bateau-baleinier, ce même homme bien mystérieux est entouré de passagers curieux. Qui vont donc écouter son récit. SON histoire.
Des aventures débutées il y a fort longtemps, loin de cet Alaska.
Plus précisément en Suède. Hakan accompagné de son frère Linus, va embarquer pour le Nouveau-Monde, cet eldorado promis à tout européen désireux de tenter sa chance.
Les voilà propulsés dans une contrée faite de dangers.
Pauvre Hakan, ayant perdu son frère dès le début, démuni, devra affronter mille et un dangers.
De la Californie jusqu'à New-York, le sens inverse des chercheurs d'or, Hakan croisera de nombreuses personnes, malveillantes et d'autres plus sympathiques. Des personnages parfois caricaturaux, mais aussi des figures héroiques bien abimées. Une grande fresque sociale s'ouvre devant nos yeux : l'émigration de ces pionniers venus chercher asile et richesse, le mythe fondateur du rêve américain. On est bien loin de l'image d'Epinal.
J'ai rapidement rapproché Hakan de Forrest Gump, un homme très banal qui rencontre des personnages emblématiques de l'histoire américaine avec naiveté et incrédulité.
Hakan fait partie de ces être invisibles et dénués de tout matérialisme. Il se terre dans le désert jusqu'à s'oublier. Un long moment de solitude voulue. Le temps passe, les saisons se succèdent. Hakan est perdu dans cette immensité de ces grands espaces. Puis une rencontre fortuite (!) l'entraîne à nouveau dans une région aride et sèche. Jusqu'au point de non-retour.
*
Tout d'abord un roman initiatique puis une écriture d'osmose entre la Nature et l'homme. Une solitude considérée comme une absolution, une punition éprouvée que par lui-même, il ressortira non pas vainqueur mais lucide et désabusé. Restera-t-il orphelin de ce pays gigantesque et hostile?
Une question trouvant sa réponse à la fin du récit.
*
Le narrateur est Hakan, celui qui nous prend par la main et nous entraîne dans son aventure. Un peu de mal au début, surtout pour des repères spatio-temporels. Une vision souvent floue qui nous déboussole. Peut-être voulu. Comme si nous étions nous-mêmes un émigrant perdu dans ce vaste continent. Dans une nature écrasante.
Une lecture âpre, parfois difficile tant les émotions submergent Hakan (et le lecteur!) .
L'auteur réinvente son western en nous contant une magnifique épopée doublée d'une incroyable et imparfaite humanité. Ca se savoure lentement.
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Quand le rêve migratoire américain se transforme en épopée de la désillusion, il ne reste plus qu'à se concentrer sur l'essentiel : survivre et se replier sur soi-même, loin des autres, loin du monde. C'est la destinée d'Hakan Söderström, très joliment racontée dans Au loin par Hernan Diaz, traduit par Christine Barbaste.

Au loin, c'est l'anti-histoire de l'émigration réussie de deux jeunes frères suédois envoyés par leur parents miséreux à l'assaut d'une vie meilleure dans le nouveau monde. Une anti-histoire sur fond de western et de nature writing où rien ne se passe comme attendu : les frères séparés dès l'embarquement, une sulfureuse captivité à l'arrivée en Californie, une confrontation incessante avec la violence, et une longue marche migratoire inversée qui conduit Hakan dans le désert et les montagnes, parsemée de rencontres initiatiques.

Comme l'a dit Yann dans son excellente critique d'Unwalkers, Hakan, c'est Candide en Amérique, un roman initiatique sur la perte des illusions, la construction d'une identité propre et l'apprentissage philosophique du monde tel qu'il est et non tel qu'on nous l'a décrit. Tel un John Rambo du XIXe siècle, Hakan, doté d'un physique hors norme, entre dans la violence sans l'avoir recherché, devenant un mythe de l'ouest américain dont la légende se propage par bouche-à-oreille le long des caravanes de migrants. Sauf que cette légende est à l'inverse des souhaits de l'intéressé, plus passionné par ses rencontres avec la biologie, la médecine, les sciences et la théologie auxquelles l'éveillent Lorimer, Asa ou le vieil indien.

Incapable de décoder cet environnement étonnement hostile, Hakan se réfugie dans la nature et la solitude, pour mieux s'abandonner, se reconstruire, et repartir. Bouclant à l'issue d'une vie passée à errer une boucle migratoire revenant à son point de départ.

Faisant de Hakan le pivot de son roman et grâce à une écriture riche et imagée, Hernan Diaz réussit à tenir son lecteur jusqu'au bout malgré les longueurs - voulues - de plusieurs chapitres, malgré la quasi-absence de dialogues et malgré une impression régulière de redites ici ou là. Et ces éléments - assumés répétons-le - qui seraient autant de défauts dans un autre livre, donnent ici assemblés toute la force de ce récit et de ce personnage qu'on ne pourra facilement oublier.
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La plupart des romans racontent comment un individu affronte de nombreux défis, rencontre divers individus, bref comment il se nourrit et mûrit, comment il devient plus sage, même si c'est la désillusion qui lui tient lieu de sagesse.
« Au loin » bazarde toutes les conventions du roman traditionnel. le héros fait du surplace, il voyage et se transforme sans rien engranger.
L'essentiel de l'histoire est un long flash-back et si à la fin la boucle est bouclée, celui qui se raconte tourne effectivement en rond: parce que la Terre est ronde et que partir au loin revient à ne pas bouger, mais surtout parce qu'on n'est d'aucun pays sinon du pays où des gens vous aiment - encore faut-il en trouver. Hawk marche - beaucoup. Apprend - beaucoup. Et cela ne lui sert à rien. Venu de Suède, il parle l'anglais mais sans parvenir à se faire comprendre. S'Il se découvre un don pour soigner, ceux qu'il soigne ne guérissent que pour être tués en meilleure santé. Habile à tanner les peaux, il se fera un manteau d'arlequin qui l'éloignera plus encore du monde des humains. Tout ce qu'il sait et apprend ne le leste pas davantage qu'une valise vide.
Hawk se frotte parfois au monde des hommes et ne les comprend pas. Au rebours des romanciers qui mettent leur lecteur en surplomb, tel Stendhal se moquant d'un Fabrice tellement plus naïf que ceux qui le lisent, Diaz nous met au diapason de son héros, que nous suivons sans comprendre davantage le monde où il se meut ni ce que les gens qu'il rencontre lui veulent. Étranger radical, Hawk n'a pas même de nom ; lui, dont le corps est incapable de porter vêtements ou chaussures, se terre dans ses fourrures et ses tunnels et semble moins vieillir que remonter vers l'animal primordial.
D'où vient alors que cet ours grisonnant et mal léché nous donne une telle leçon d'humanité?
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Le jeune Hakan n'est encore qu'un enfant quand il débarque, seul, sur la côte ouest des états unis d'Amérique. de sa Suède natale, il ne lui reste rien (à part sa très grande taille), mais Hakan s'est juré de retrouver son grand frère, perdu en chemin, et qui doit l'attendre à New York. Commence alors pour lui un long périple dans les paysages désolés des déserts de l'Ouest, à contre courant des pionniers.
Son chemin sera semé d'embûches et de rencontres incroyables : Une tenancière de saloon édentée, un homme de sciences rendu fou par sa quête de vérité, des pionniers belliqueux, des bonimenteurs et des fanatiques religieux, des arnaqueurs de toute sortes... même le soleil est ici un personnage pesant, presque hostile.
Une conquête de l'Ouest à l'envers, tant géographiquement qu'idéologiquement, puisque de déceptions en désillusions, c'est l'amertume qui attend notre géant en mal de patrie.
Retrouveras t'il un jour son frère ? En alternant les portraits de personnages truculents ou les scènes mouvementés et les passages de grande solitude, presque trop longs, Diaz enjoint le lecteur à partager les sentiments de son héros, entre espoir et désespoir, envie d'apprendre, de partager et misanthropie, élan de vie et longue déchéance.

On pense à Gulliver, on pense à Candide aussi, dans ce roman picaresque original et intelligent, sur le thème de l'émigration et de l'eldorado.
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♫ Loin, plus loin que l'au delà ♪ Où l'horizon se noie ♪ Dans le ciel et la terre. ♫ Loin, au bout de l'espérance ♪ Trouver la délivrance ♪ Et du feu et du fer ♪

Si j'ai choisi cette chanson de Michel Sardou, c'est parce que Håkan Söderström a fait un long voyage et est allé très loin, dans les terres d'Amérique, mais aussi à l'intérieur de lui-même.

Venant de Suède avec son frère Linus, il a loupé le bateau et c'est retrouvé dans les rues de San Francisco en lieu et place de New-York ! Bon, en ce temps-là, les rues de San Francisco n'étaient pas celles que nous connaissons grâce à la série.

Pour retrouver Linus, Håkan va devoir traverser tout le continent et à cette époque des pionniers et de la Frontière, la Road 66 n'existait pas encore pour traverser le pays d'Ouest en Est.

Oui, nous sommes au 19ème siècle, et bien avant la guerre de Sécession.

Håkan n'a rien d'un héros ou d'un personnage qui en impose : il est timide, parle mal l'anglais, est renfermé et il va lui arriver des aventures, qui, sans être extraordinaires (il n'était pas coincé dans une armoire Ikea), n'en seront pas moins fondatrices de sa personnalité suite aux rencontres qu'il va faire.

On choisi ses copains, dit-on souvent, mais le pauvre Håkan ne va pas toujours ses protecteurs ou ses emmerdeurs, ce sera souvent le fruit du hasard ou d'une maladie. Certains seront enrichissantes, d'autres malveillantes.

Au travers de ses rencontres et de son périple pour tenter de rallier New-York, c'est une partie de la Fondation de l'Amérique que nous allons vivre aux côtés de différents pionniers et de tout ce que cette longue route pouvait comporter comme dangers, qu'ils proviennent de la Nature, des animaux ou du bipède appelé Homme.

Je vous disais que Håkan n'avait rien d'un héros, pourtant, il a souvent fait acte de bravoure, dont une fois pour défendre les pionniers d'un convois d'émigrants dans lequel il se trouvait. Là, Håkan, dit "Hawk" va écrire sa légende.

En ce temps là, on n'a pas Fesse de Bouc, ni Touitteure, encore moins InstaKilo ou Snapchien, pourtant, le téléphone Arabe fonctionne à plein régime et vous savez comme moi que les histoires se déforment plus vite qu'un canard sex-toy laissé en pleine canicule…

Ce pauvre Håkan qui grandit plus vite que son ombre acquiert alors une réputation de tueur impitoyable et il devra se débrouiller seul pour survivre sans les Hommes.

Voilà un roman qui mélange habillement le western au roman d'aventures, le roman noir à la quête de soi et qui pose un scénario pour le moins inhabituel puisque Håkan va traverser l'Amérique dans le sens opposé des migrants !

Avec peu de dialogues, l'auteur parvient à nous faire vivre le périple d'Håkan comme si nous y étions et sans nous donner d'autres indications du temps qui passe que les saisons qui se suivent, il nous balade durant un long moment en compagnie de ce personnage qui n'a rien d'un héros mais qui reste touchant, humain, réaliste. Un homme qui a préféré la solitude à la vie sociale.

Assurément, un grand roman porté par une plume magnifique et une traduction qui lui rend hommage.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le début de ce roman est marquant : un homme (âgé, car il a de longs cheveux blancs) émerge d'un lac glacé en Alaska. J'ai d'abord cru que cet homme était un indien.
Pas du tout, cet homme âgé va nous raconter sa vie depuis son départ de Suède lorsqu'il avait quinze ans.
Comment est il arrivé depuis la Suède jusqu'à ce lac gelé ?
Il part de la ferme familiale avec son frère mais ceux ci sont séparés avant de prendre le bateau à Portsmouth. Hakan arrive en Californie pendant la ruée vers l'or. Aucune date ne sera mentionnée dans ce livre, il faut dire qu'Hakan est illettré...
Nous voyons toute l'histoire à travers ses yeux et au début c'est très confus car il ne connait que 3-4 mots d'anglais...
Petit à petit, je me suis attachée à ce géant, à la sensibilité exacerbée...
Sa volonté du début de rejoindre son frère est admirable . Il pense que son frère est à New-York et décide de s'y rendre -  à pied - en partant de la Californie....
Que ce soit dans les déserts où il manque mourir de soif plusieurs fois ou pendant les longs hiver plus au nord, Hakan est opiniâtre ... cette vie de solitude et d'efforts m'a attristée cependant....
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Un livre un peu linéaire.
Le personnage va de l'avant. Il avance tout au long du roman d'abord à la recherche de son frère, puis en quête d'un lieu où vivre en paix.
Il fait des rencontres, parfois attachantes, souvent violentes.
Un garçon perdu qui semble ne jamais devenir adulte tant la solitude l'enferme et l'empêche d'évoluer vraiment.
Il va de découverte en découverte mais tout semble biaisé par les premières impressions qu'il a eues et la peur de l'autre qui s'est inscrite en lui.
Ce roman ressemble à une quête d'identité où la quête prend complètement le pas sur une identité qui ne peut se trouver.
On avance, on avance, la terre tourne, les pages se succèdent, le monde s'ouvre et l'on reste sur une immense impression de vide comme tous ces déserts qui sont traversés, ses plaines infinies...
Et ce personnage presque mythologique, qui n'en finit pas de grandir...
Vers où, vers qui, pourquoi ?
On respire l'inanité de l'existence...
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Etonnant roman qui brinquebale son héros autant que son lecteur dans tous les sens, le laissant parfois perdu et désorienté.

Originaires de Suède, Håkan et son grand frère Linus sont envoyés à New-York par leurs parents dans l'espoir que l'Amérique leur offre une vie meilleure. Arrivés sur le continent américain les deux frères se perdent de vue et Håkan embarque par erreur sur un bateau pour San Francisco. Dès lors, il n'aura de cesse d'essayer de rejoindre son frère à New-York.

« L'aube n'était qu'une intuition, une certitude encore invisible, mais Håkan s'élança vers elle à toutes jambes, le regard rivé sur ce lointain qui ne tarderait pas à rougeoyer et lui montrer la direction menant à son frère. »

A son arrivée à San Francisco, Håkan se retrouve complètement perdu. Il est très jeune, seul, ne parle que le suédois, n'a aucune notion géographique, il ne comprend donc pas le monde dans lequel il a atterri.

L'auteur prend le pari d'une écriture originale et déroutante qui transcrit de manière subtile la perception, souvent partielle, des évènements par son personnage. Les premiers chapitres sont ainsi dépourvus de dialogues, celui-ci ne pouvant comprendre les échanges auxquels il assiste. Certains éléments du récit restent donc parfois mystérieux et inexpliqués.

La route d'Håkan va croiser celles de nombreuses personnes. Certaines seront bienveillantes et lui tendront la main. La plupart lui seront hostiles. Cette galerie de personnages est particulièrement éclectique : un naturaliste à la recherche de l'origine de la vie, des fanatiques religieux, quelques pionniers et chercheurs d'or, une mystérieuse tenancière de saloon…

Devenu malgré lui une légende « le Hawk » mais aussi un paria, Håkan va peu à peu s'éloigner des grandes routes pour privilégier la solitude qu'offrent les territoires encore inhabités.
La description de ces paysages emblématiques de l'Amérique est saisissante. La nature y semble tour à tour désolée et grandiose, laissant le sentiment à Håkan de ne jamais y avoir sa place. Là encore, l'immersion dans son esprit et ses pensées est totale et troublante. le temps se dilate, la folie n'est jamais loin pour cet homme inadapté à ce monde (étonnant chapitre 20 qui déroute le lecteur).

Un point de vue sur la Conquête de l'Ouest original pour un roman qui déstabilise autant qu'il fascine.
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Désirant mieux pour ses fils que la vie d'asservissement à laquelle il est contraint, le père d'Håkan et Linus Söderström parvient par un habile subterfuge à obtenir de quoi faire émigrer ses jeunes fils à New-York.
Ces petits suédois, des rêves plein la tête comme pour mieux dissiper leurs angoisses, se retrouvent alors au sud de l'Angleterre, prêt à embarquer pour le Nouveau Monde. Les yeux grands ouverts sur l'agitation de la ville, ils finissent dans un instant d'inattention par se perdre de vue. Nous allons par la suite suivre le plus jeune, Håkan qui, à défaut de retrouver son frère, se met au moyen de son anglais approximatif, à la recherche du bâteau qui le mènera en Amérique. Mais celle-ci est une vaste terre et malheureusement le vaisseau dans lequel il embarque l'amènera très loin de New-York, sur la côte ouest et bien évidemment sans Linus.
C'est donc avec un long périple face à lui qu'Håkan débarque en terre promise. Alors que tous les colons se dirigent vers l'Ouest, galvanisés par la fièvre de l'or, lui n'a pour seule ligne de mire que le visage de son frère. Mais pour survivre sur cette terre inconnue dont il ne connait pas le langage il va devoir accepter de faire route commune avec toutes sortes d'individus.
Trajet fou aux allures d'errance éternelle, ce roman de western, d'apprentissage, d'aventure, malmène son héro en permanence. Il nous emporte dans une vie qui se déroule au jour le jour, parfois dans un épouvantable chaos, d'autres fois dans une ankylosante inertie. Un lot d'épreuves qui sculptent Håkan et feront de lui une véritable légende mi-homme, mi bête, qui semble se fondre progressivement dans une nature des plus hostile.
J'ai particulièrement aimé le fait que, bien qu'écrit à la 3ème personne, nous soyons sur un pied d'égalité avec le héros. Nous comprenons ce qu'il comprend, pas davantage. Aussi les paroles échangées en anglais ne nous serons accessible que dans la mesure exacte où Håkan peut les comprendre ou à défaut, les interpréter. Il en découle une sensation de brouillard qui se dissipe progressivement tandis que sa maîtrise de la langue progresse. de même pour sa perception de l'environnement qui, peu à peu, semble revêtir plus de richesse car son oeil s'est aiguisé à les percevoir.
Enfin, et bien que l'accent ne soit pas mis dessus, le fait que tout ceci se déroule en marge d'une Amérique qui, elle, commence sa course folle vers la modernité, donne à mon sens une puissance supplémentaire à l'histoire.
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