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Critique de Sachenka


Le métier à tisser, le dernier tome de la trilogie Algérie, est celui que j'ai le plus apprécié. Après un été passé à la campagne, Omar retourne à Tlemcen. Là, il retrouve sa famille, sa mère et ses soeurs, mais aussi et surtout des conditions de vie toujours pénibles. Pour aider à subvenir aux besoins de la famille, il doit travailler dans un atelier de tisserands de Mahi Bouanane. Un peu contre sn gré mais, à quatorze ans, il doit faire sa part. Enfin, il joue un rôle important, principal ! L'auteur décrit très bien son travail. « Il travaillait depuis un moment, enveloppé par le bourdonnement grave d'un rouet. Les battements des peignes se chevauchaient l'un l'autre et alternaient avec les cris brefs des navettes. Il écoutait cette rumeur, écoutait le bruit doux, frôleur, de son dévidoir. La veille, il était libre, il courait, toute bride lâchée, dans les rues. Et voilà que son existence avait l'air d'être tranchée par un coup de couperet. Une subite tristesse le saisit. »

Pendant ma lecture, je pensais constamment à Émile Zola, les Rougon-Macquart et tous ces romans naturalistes ou réalistes. Mohammed Dib décrit avec habileté l'atelier où est employé le jeune Omar (une cave !), ses relations avec les autres employés, le vécu et les petites histoires de chacun mais surtout les conditions de travail. « Dans l'atmosphère confinée, étouffante, une griserie s'insinuait qui montait à la tête. » Mais ces jeunes Algériens sont habitués à un monde dur, ils continuent. « N'oublie pas que nos frères ont le don de s'accoutumer à tout, que leurs misères ne les touchent même plus ! » Mais l'auteur parvient à dépeindre la misère sans tomber dans le misérabilisme. Jamais je me suis dit, c'est trop, j'arrête. C'est qu'il y a parfois, souvent, de ces petits moments, des étincelles d'espoir qui permettent de continuer. Ne serait-ce que l'arrivée du printemps ou peut-être le début d'une amitié nouvelle.

Quand il n'est pas à l'usine, Omar déambule dans Tlemcen. Là, il croise le chemin de mendiants qui encombrent les rues, il rencontre des amis à la fontaine du Lion sur la place du Beylick, il entend les rumeurs de la guerre, du gouvernement de Vichy. Enfin, Omar grandit, il réfléchit et il change. le garçon n'est plus que le personnage récurrent d'une suite sans fin de péripéties sympathiques mais anodines à la Poil-de-carotte ; il est le personnage principal d'une histoire qui lui permet d'évoluer psychologiquement. « Les jours s'écoulaient, Omar mûrissait. […] Il avait acquis une bonne dose d'expérience depuis qu'il travaillait ici. Les mauvais traitements n'avaient plus autant d'effet sur lui qu'aux premiers jours. Il avait appris à se défendre. » Avec ce roman, Mohammed Dib termine en grand sa trilogie, je suis presque déçu que son histoire s'arrête là finalement.
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