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Critique de Biblioroz


La préface de Dickens pour la publication des cinq contes réunis dans cette édition doit impérativement être prise en compte afin de ne pas trop s'irriter des bons sentiments qui jaillissent de ces cinq histoires et triomphent immanquablement de la méchanceté des hommes. L'auteur y stipule donc « Mon dessein fut de recourir à une sorte de mascarade fantasque que justifiait la bonne humeur de la saison, pour éveiller quelques pensées d'amour et de clémence ».
Dickens fait donc appel à de petites aides surnaturelles, souvent pour éclairer des personnes qui s'apitoient sur leur sort ou qui passent à côté de leur vie, ou qui sont pétries d'égoïsme et indifférentes à la misère d'autrui. Et comme Noël doit être propice à la charité et à la joie, tout se termine dans des élans de générosité, d'ouvertures à l'autre, de bonheurs partagés, de pardons et rachats de ses fautes. C'est idyllique, c'est merveilleux puisque c'est Noël !

Un chant de Noël est bien sûr le plus connu mais aussi le plus agréable à lire à mon goût.
En cette veille de Noël, un brouillard pénétrant confère un air fantomatique à la ville de Londres. Un brouillard propice aux spectres, comme celui d'un ancien associé qui viendra visiter le vieux Scrooge. Toujours dédaigneux, ce dernier clame haut et fort que les voeux de Noël ne sont que sornettes inutiles. Pingre, rabat-joie, ce Scrooge est un vieux grigou qui économise même les morceaux de charbon et laisse grelotter son commis dans le bureau d'à côté. Mais il sera tout tremblant face aux trois esprits qui le mèneront à être spectateur de sa vie et surtout de son comportement d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Les esprits lui ouvriront les yeux sur son naturel morose, sur sa richesse inutile puisqu'il ne fait preuve d'aucune charité. Par leurs intermédiaires, Dickens déploiera merveilleusement des scènes toutes évocatrices de joies, de jeux, de partages autour d'un bon feu même chez les plus miséreux. La fierté d'un pudding réussi, l'oie farcie bien dorée, les châtaignes grésillantes dans l'âtre nous plongent délicieusement dans l'esprit de Noël.
Cette leçon pour s'amender avant qu'il soit trop tard doit être lue avec des yeux étincelants, pleins de la magie de Noël.

Dans le Carillon, de veilles cloches soumises aux mugissements du vent sont les compagnes de Tobie, un commissionnaire posté devant l'église dans le froid glacial de cette fin d'année. Pleine de joie et d'espoir, sa fille vient lui faire part de sa décision de se marier le Jour de l'An avec Richard, un forgeron robuste et travailleur. L'auteur dénonce ici les sentiments de supériorité des riches, leur cruel manque de considération des pauvres. Ainsi, leurs paroles inhumaines feront voler en éclat les joyeux élans des deux jeunes et donneront au commissionnaire le sentiment d'être mauvais puisque pauvre. Les voix fantomatiques des cloches viendront alors visiter Tobie pour lui montrer le destin noir et désespéré qui les attend. Reflet de l'époque, c'est très sombre et révoltant même en considérant que ce n'est qu'une vilaine prémonition !

Le Grillon du foyer débute avec un délicieux délire humoristique, extraordinairement conté, d'une bouilloire qui « tenait à pencher en avant d'un air d'ébriété et à baver, comme une idiote de bouilloire, sur le devant de l'âtre. » Puis son sifflement sera partagé avec le cri-cri du grillon de ce foyer heureux, symbole de la parfaite entente qui règne dans cette petite maison d'un couple très attachant. Mais un doute sur la fidélité de la toute jeune femme sera pointé par un perfide vendeur de jouets qui exploite et méprise son employé qui vit misérablement avec sa fille aveugle. J'ai trouvé l'histoire très longue à démarrer et vraiment très gentillette, un véritable conte de fées qui se termine dans la jovialité communicative même chez les coeurs les plus acariâtres.

Dans La Bataille de la vie, il est très peu question de Noël si ce n'est quelques guirlandes de houx un certain soir. L'accent est porté sur la chaleur et la quiétude d'un autre foyer, celui d'un docteur et de ses deux filles tendrement liées l'une à l'autre. Pas de surnaturel ici mais un conte d'amour avec des transports affectifs très présents et qui finissent par être plutôt ennuyeux. Heureusement que quelques traits d'humour donnent un peu de sursauts à cette histoire de sacrifice, notamment dans les portraits des personnages secondaires dont celui de Clémence, la bonne à la tenue disloquée et aux « souliers obstinés, qui ne voulaient jamais aller où allaient ses pieds ».


Dans tous ces contes, Dickens se délecte à faire crépiter, ronfler ou danser les feux dans les différentes cheminées.
Ses grandes phrases poétiques, parfois si singulièrement tournées, enchantent par leur écriture un peu pompeuse et désuète mais si intéressante à lire en tant que témoignage de cette ancienne littérature.
Tous les contes sont hautement moralisateurs, dénonciateurs aussi des maux de l'époque mais renferment cependant plein de fantaisies que j'ai été surprise de découvrir vu que je n'avais encore jamais lu le grand Dickens.
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