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Critique de Eve-Yeshe


Oliver nait dans un hospice où sa mère vient d'accoucher de façon dramatique et y laisse la vie comme c'était fréquent à l'époque. Il nait de père inconnu et personne ne connaît de détail même insignifiant sur lui, car sa mère a été découverte dans la rue, sans alliance ni papiers.

Monsieur Bumble, le bedeau de l'église qui dirige cet hospice lui donne un nom. Il y a beaucoup d'orphelins à cette époque et il leur attribue un nom en suivant l'ordre alphabétique ; pour lui, il en est à la lettre T et ce sera Twist.
Il réside dans cet hospice jusqu'à l'âge de neuf ans. Il y est maltraité, mal nourri et considéré comme un esclave. Un jour, les enfants ont tellement faim, qu'ils tirent au sort le nom de celui qui va aller demander « un peu plus de gruau » ce qui lui vaut l'enfermement.

Le jour de ses neuf ans, la date limite au-delà de laquelle la loi ne permet plus de le garder à l'hospice, le bedeau le place chez un ramoneur : il est de petite taille, maigre à cause de la malnutrition, il pourra donc facilement entrer dans les conduits.

La maltraitance continue, hélas et un jour il s'échappe et part pour Londres à pieds.

Ce que j'en pense :


Oliver Twist m'a plu autant que la première fois. Dickens décrit de belle façon la vie des orphelins à cette époque Victorienne. Les accouchements se font dans des conditions sordides, les mères mourant souvent en couches, (fièvre puerpérale très fréquente à l'époque, Semmelweis ne mettra en évidence l'importance de l'hygiène à partir de 1847).

De plus, Oliver naît de père inconnu, et on connait la façon dont les femmes adultères étaient considérées : des femmes de rien, des putes… donc pas de raison de les ménager. Il tombe ainsi sous la loi dite « Loi sur les pauvres » (Poor Law) qui leur donne droit à une ration alimentaire minimale.
Pendant leurs neuf premières années, les enfants travaillent dans un atelier attenant à l'hospice où ils fabriquent de la filasse.

L'auteur décrit très bien ces « fermes à bébés » qui maltraitaient les enfants, avec des châtiments corporels, une alimentation insuffisante. Puis l'exploitation chez les employeurs, lorsque les neuf ans sont révolus. Là aussi, tout est prétexte à recevoir des coups, car ces enfants orphelins éveillent peu la compassion quelque soit le milieu où ils vivent.

La souffrance, l'injustice entraînent un cercle vicieux avec, les fugues, la délinquance, car les adultes savent très bien exploiter les enfants pour leur apprendre à voler les passants dans la rue. Cela nous permet de rencontrer des personnages hauts en couleurs, bandits notoires et malfaisants tels, Fagin qui lui apprend les techniques de vol, Bill Sikes,

Dickens nous décrit un enfant, qui a des valeurs morales après tout ce qu'il a traversé depuis sa naissance, et qui aurait pu ou dû le mener tout droit dans la délinquance. Il ne voit que le bon côté des gens, il ne sent pas quand on le manipule. Est-ce de la naïveté ?

Certains personnages sont attachants, tel Mr Brownlow, Mrs Bedwin, ou Nancy du côté des malfrats, d'autres répugnants de méchanceté, de pouvoir : Sikes, Monks… le bien ou le mal en somme.

Comme dans d'autres romans de l'époque, le héros est souvent pur, et comme Cendrillon, l'histoire va-t-elle se terminer en conte de fées ? On ne peut s'empêcher de penser à Cosette…

On a donc une belle description des bas-fonds, de la société qui est cruelle avec les enfants, des pouvoirs et des méfaits des institutions de l'époque : l'église, l'administration. On peut aussi voir au-delà de notre héros, une étude de l'enfance, de l'adolescence, montrant que ces enfants n'ont aucuns droits, qu'ils sont obligés de travailler très jeunes, et peuvent basculer dans la délinquance, que la maltraitance est quotidienne. Bref, un tableau détaillé de l'injustice sociale que l'auteur dénoncera toujours.

Selon Dickens, l'enfant est innocent par nature, et c'est la société qui va le façonner et déterminer son évolution future. Certes, on est obligé de constater que pour lui, il n'y a que deux possibilités, le bien ou le mal, mais il ne faut pas oublier l'empreinte de l'église, toute puissante à l'époque.

Lors de la première lecture, c'était ce côté-là qui m'avait plu : une belle histoire qui se termine avec une morale. Cette fois-ci, j'ai plus été touchée par les conditions de vie, la violence de la société à l'égard des plus démunis physiquement et mentalement et hélas, les choses ne se sont guère améliorées.

Un roman bien écrit et qui fait du bien. Des personnages bien décrits, qui bien sûr datent un peu mais qui nous touchent. Et je retiens la petite musique gaie, légère qu'on entend en arrière plan, comme une petite note d'optimisme, d'espoir, l'humour de l'auteur n'est jamais bien loin et il ne sombre pas dans le pathos.

Note : 8/10
lu dans le cadre Challenge XIXe siècle
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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