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Critique de Lamifranz


Peut-être avez-vous vu le magnifique film, réalisé par John Boorman en 1972, adaptation réaliste et somptueuse du roman de James Dickey : « Délivrance » racontait l'histoire de quatre hommes qui décident de descendre en canoé une rivière des Appalaches, avant qu'un barrage ne change la physionomie de toute la région. Burt Reynolds, John Voigt, Ned Beatty et Ronny Cox sont les héros de cette descente aux enfers. Beaucoup d'images sont très fortes. Comme souvent chez ce réalisateur, le souci écologique est présent et il nous fait partager son admiration pour la nature condamnée par la civilisation (cf. « La Forêt d'émeraude »). de « Délivrance », on retiendra aussi le superbe numéro de « Duelling banjos » où, au fin fond de la forêt, deux joueurs de banjo se livrent à une improvisation époustouflante sur « Yankee Doodle ».
Mais avant le film il y avait un roman : « Délivrance » de James Dickey, paru en 1970. Un chef-d'oeuvre couronné par la critique et le public (prix Médicis étranger en 1971).
Ed (le narrateur), Lewis, Bobby et Drew, sont quatre copains, hommes d'affaires d'Atlanta (Géorgie). Ils décident de faire une virée en canoé sur une rivière qui descend des Appalaches, et qui est appelée à disparaître, car l'implantation d'un barrage et d'un lac artificiel va changer profondément le décor de la région. Une bonne idée, donc, au départ, écologique et tout. Surtout que les décors sont à couper le souffle, d'une beauté inouïe, la nature sauvage dans toute sa splendeur. Sauvage c'est le mot. D'agrément, le voyage se transforme peu à peu en aventure, et même en cauchemar. Il y a la nature elle-même, des rapides, des passages délicats, une végétation parfois hostile et dangereuse… Il y a les hommes : les gens du pays, souvent primitifs et violents, avec qui il va falloir en découdre. Et puis il y a eux-mêmes, quatre personnalités dissemblables qui affrontent la réalité différemment. Personne n'en reviendra indemne.
Le livre (comme le film qui en est tiré), peut être vu comme une allégorie : la lutte de l'homme civilisé contre la nature sauvage (celle-ci comprenant les hommes primitifs, peu ou pas civilisés). Il y a certainement une intention écologique de la part de l'auteur, qui multiplie les descriptions de la rivière et des décors traversés (Dickey est également un authentique poète), pour faire ressortir le mal qui vient troubler cette beauté et ce calme. Certains y ont vu la trajectoire du mouvement hippie, proche de la nature et plein de bonnes intentions, mais qui, au bout du compte, a tourné court, tué par la modernité et le conformisme.
Enfin, et c'est peut-être ce qui explique le titre, « Délivrance » est un récit initiatique : les quatre personnages, dans la matrice que représentent la forêt et la rivière, cheminent vers une « délivrance » au sens maïeutique de l'expression, mais cet « accouchement » se fait dans la douleur. La nouvelle vie qui les attend à l'arrivée, n'a rien à voir avec celle d'avant. Leur aventure les a changés, ce sont des êtres neufs, mais marqués à jamais.
Un livre à lire. Un film à voir. Impérativement.

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