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EAN : 9782351780664
274 pages
Gallmeister (06/06/2013)
4.02/5   298 notes
Résumé :
Avant que la rivière reliant la petite ville d'Oree à celle d'Aintry ne disparaisse sous un immense lac artificiel, quatre trentenaires décident de s'offrir une virée en canoë pour tromper l'ennui de leur vie citadine. Gagnés par l’enthousiasme du charismatique Lewis et bien que peu expérimentés, Bobby, Ed et Drew se laissent emporter au gré du courant et des rapides, au cœur des paysages somptueux de Géorgie. Mais la nature sauvage est un cadre où la bestialité des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (85) Voir plus Ajouter une critique
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Avant qu'un barrage ne soit construit et que la rivière alliant Oree à Aintry ne disparaisse, Lewis propose à ses trois amis, Ed, Drew et Bobby, de descendre en canoë la Cahulawassee. Si tout se passe bien, en partant le vendredi, tous seraient de retour le dimanche soir. D'abord réticents, les trois hommes se laissent convaincre par Lewis, particulièrement persuasif, et par la promesse d'un week-end loin de leur routine, la promesse de sensations fortes, de veillées autour d'un feu au coeur d'une nature sauvage. Finalement enjoué et enthousiaste, aucun d'entre eux ne se doute un seul instant du week-end inoubliable qui les attend...

Divisé en cinq parties, ce roman nous entraine au coeur des rapides de la Cahulawassee, entre chutes, cascades et courants puissants. L'on fait la connaissance de quatre hommes aux personnalités bien différentes qui vont peu à peu se dévoiler face au drame qui se joue devant eux. À bord de ces canoës : Lewis, le chef de groupe charismatique auquel Ed voue une admiration sans borne, Bobby, le vendeur célibataire plutôt discret et Drew, le plus raisonné et raisonnable d'entre tous. Face à eux, la nature, sauvage, hostile, imprévisible au coeur de laquelle se cachent des hommes tous aussi sauvages. Ce qui devait être un week-end plutôt agréable, loin de la vie citadine, entre copains, va peu à peu chavirer. Ce roman dépeint avec justesse aussi bien les paysages majestueux que les sentiments et sensations de chacun, l'auteur prenant le temps d'installer l'intrigue et les personnages, essentiellement Ed, le narrateur. Un narrateur confronté à la vie moderne puis subitement à la vie sauvage où ici le mot survie prend tout son sens. James Dickey installe une ambiance de plus en plus oppressante et étouffante, et la tension monte au fil des pages. Un roman noir, sans psychologie aucune, saisissant et tragique.

À noter que ce roman a été adapté au cinéma en 1972 par John Boorman, avec Jon Voight et Burt Reynolds.
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Une rivière, 4 hommes et un bison. Voilà de quoi résumer au plus juste ce livre dont le film de John Boorman a tant marqué mon adolescence. J'en ai encore de frissons rien que d'entendre les quelques notes de banjo venues depuis, hantées mon esprit lorsque je m'abreuve nu au bord d'une rivière.

La proposition était alléchante, une randonnée en canoë. Je me rappelle à mes bons souvenirs, les bouteilles de Pelforth descendues sur la descente de l'Ardèche. Un petit coin de sérénité, le ciel bleu. Là, on me propose un truc de mecs, bien plus viril et sauvage. du whisky et la Géorgie avec la rencontre d'une ethnie d'en terre inconnue – d'ailleurs, cette terre est toujours inconnue – très traditionnaliste surtout pour la distillation d'alcool et les rapports consanguins que je pressens, le genre de peuplade autochtone adepte de la sodomie.

La forêt, les rapides, la solitude du chasseur braconnier devant sa proie, quelques bouteilles de bières, une guitare pour la nuit étoilée autour d'un feu de camp improvisé en espérant que mon briquet ne tombe pas à l'eau. J'ai encore l'âge de cette aventure, qui ne peut se refuser, avant de mordre la poussière et de mettre un pied dans ma tombe. La dernière chance à saisir.

Quelle réjouissance ! Je ne parle pas encore de jouissance mais cela devrait venir, la fraicheur de l'eau venant à gicler sur mon visage, la verticalité de la paroi rocheuse est si vertigineuse, la forêt si luxuriante, les oiseaux se sont tus, le soleil brûle, et j'observe cette descente comme si j'y étais, moi-même dans ce canoë tenant l'arc bandé à viser le gibier sauvage… Quelle aventure, quelle beauté, quel whisky même. A en perdre la vue.

Et cette musique qui trotte dans ma tête. Presque absente dans le roman de James Dickey mais si présente dans mon inconscient qu'elle me met presque mal à l'aise, prêt à gerber les bières que je me suis descendu au cours de la première partie de cette promenade champêtre. le premier jour est presque convivial, la grosse virée entre potes avant de mourir à petit feu, bouffés lentement par la vie citadine. le soleil s'abaisse sur l'horizon, et déjà la forêt se met à changer, le bruit des rapides devient plus sourd, la nature reprend son droit sur l'homme. La virée va tourner. Dramatiquement. Cela se sent, cela se lit, la lecture devenant plus oppressante. Il ne sera plus question d'aventure mais de survie.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Délivrance.
C'est vers 1985 que j'ai vu le film de John Boorman. À l'époque, les magnétoscopes étaient hors de prix et les cinémas de Paris repassaient régulièrement des films déjà relativement anciens.
Peu de temps après, j'avais acquis le bouquin en collection J'AI LU.... qui fut ma dernière lecture de 2019.
De nouveaux décors se sont créés derrière mes yeux, au fur et à mesure de cette randonnée en compagnie de Lewis, Bobby, Drew et Ed le narrateur … foutue randonnée, qui vire au cauchemar survivaliste : La rivière n'est pas franchement bonne à descendre en canoë et certains indigène des bois sont de rencontre dangereuse…
Les cartes , si minutieusement étudiées, ne disent pas tout.
Pourtant, un accord musical entre Drew et sa guitare et Lonnie l'albinos joueur de banjo offrait un beau prélude à la ballade des quatre citadins…
Délivrance, James Dickey nous en étire la durée entre épreuves, douleurs et morts. Cette rivière, qui va bientôt être engloutie par un barrage, apparaît comme une créature hargneuse et capricieuse : C'est elle qui porte et fracasse, rend tout retour en arrière impossible.
Ce cours d'eau, entre calmes et tumulte, va meurtrir et donner naissance à un être nouveau avant de disparaître lui-même. Certaines sépultures resteront cachées et inviolées.
Délivrance, oeuvre captative, m'a tenu en haleine… asséché comme le soleil et rincé comme la rivière. J'étais content, comme Ed, de quitter ces eaux inhospitalières pour n'y point revenir.
Mais quel livre !
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Y-a-t'il un intérêt à lire le livre quand, comme moi, on a déjà vu le film ? Mille fois oui car le livre de James Dickey explore plus en profondeur une dimension importante du récit. La personnalité des deux personnages principaux y est aussi beaucoup plus développée et complexe. Au final "Délivrance " s'avère plus riche, plus intense et encore plus percutant que le film de John Boorman.

James Dickey réunit quatre amis qui décident de descendre en kayak une rivière avant que la construction d'un barrage ne l'engloutisse définitivement. Après une agression d'une violence inouïe et la mort d'un des deux assaillants, leur aventure va virer au cauchemar et les pousser pour s'en sortir à aller au-delà de ce qu'ils pensaient être leurs limites.

"Délivrance" est la redécouverte de l'instinct de survie enfoui en chacun de nous et anesthésié par un mode de vie consumériste. Menacé de mort par son semblable ou confronté à la toute puissance de la nature, l'homme cherche, trouve et délivre au fond de lui des ressources insoupçonnées.

C'est à travers le cheminement intérieur du narrateur (le personnage de Jon Voight dans le film) qu'a lieu cette redécouverte. L'escalade de la falaise apparaît comme le point culminant du livre et symbolise le passage ou plutôt le retour à cet instinct primaire de survie.

Le film m'avait fort impressionné étant adolescent. Je n'ai pourtant jamais su vraiment en parler. La lecture du livre (il est vrai 30 ans plus tard) m'aura permis de commencer à le faire .

Magistral.

PS. Pour l'anecdote c'est James Dickey qui joue le rôle du policier à la fin du film.










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Ed, Lewis, Bobby et Drew sont quatre citadins en quête d'émotions fortes. le temps d'un week-end, ils décident de descendre une rivière de Géorgie en canoë. « À ce qu'il paraît, […], c'est le genre de fantaisie qui prend les pères de famille de temps à autre. Mais la plupart se croisent les bras en attendant simplement que ça leur passe. » (p. 9) Outre le plaisir de passer un moment entre hommes, les quatre camarades veulent profiter des beautés d'une nature qui sera bientôt engloutie sous les eaux du lac de rétention d'un barrage. La première journée se déroule sans encombre, en dépit de la rudesse de l'environnement, et la deuxième commence tout aussi bien. Jusqu'à ce que tout bascule. Ed et Bobby rencontrent deux hommes armés dans la forêt et l'horreur entre en scène. « Je n'avais jamais senti chez quiconque autant de brutalité et d'insensibilité, autant de mépris pour le corps d'autrui. » (p. 101) L'aventure nautique est terminée : c'est maintenant l'heure de la chasse à l'homme et de la survie, à tout prix.

Ed est le narrateur de cette épopée sanglante et furieuse. Dans ce récit a posteriori, on sait donc que lui, au moins, s'en est sorti, ce qui n'empêche pas la tension de monter tout au long du roman. Un mort, puis deux, puis trois. Des blessés. Un fusil face à un arc. Une rivière dont les remous sont aussi dangereux que les meurtriers des montagnes qui entourent la rivière. Au-delà de la survie physique, il y a la survie sociale. La légitime défense a primé, mais comment le prouver ? Comment ne pas porter le fardeau de la mort donnée pendant toute une existence ? « Voici la fin. Nous n'avons qu'une seule chose à faire, mais il faut la faire comme il faut. Tout est là. Tout l'édifice repose là-dessus. » (p. 196) C'est sur le sang versé que les compères devront bâtir un mensonge plausible pour dissimuler l'horreur.

Lewis incarne l'homme fort : il est le fantasme ultime du chasseur qui, dans le retour à la nature, est capable de survivre. S'oppose à lui Bobby, archétype du citadin gras et inapte à la survie. Lewis est l'archer, Bobby est la proie, comme le montre le roman dès le début. Mais le héros qui dénoue le drame et monte le mensonge, c'est Ed qui se découvre un fond de bête tueuse. « Pour survivre, il faut… oui, il faut y être obligé. Cette vie-là, il faut que ce soit la dernière chance, la dernière des dernières. » (p. 43) Ce qui est fascinant avec Délivrance, c'est que les limites du bien et du mal ne sont pas figées. Certes, les méchants sont clairement identifiés quand ils déboulent sur la rive, fusil en main, mais à mesure que l'intrigue se déroule, le bien et le mal deviennent des notions abstraites. Ne reste que la survie qui ne s'embarrasse pas de morale. Au terme du roman, on est en droit de se demander si la délivrance consiste à retrouver la civilisation et à échapper aux tueurs furieux de la rivière, ou bien si elle est plutôt la jouissive libération des pulsions primales de l'homme.

La rude beauté de la rivière est particulièrement bien rendue. Et le style s'adapte au rythme de ses eaux, d'abord ample et lent pour rendre la bonhommie insouciante des débuts de l'excursion, puis vif et plus haché à mesure que les drames se nouent. La rivière entraîne la lecture dans ses méandres traîtres. Sa lumière et la couleur de ses flots sont l'occasion de très belles descriptions que le mouvement du nature writing ne renierait pas. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien que les éditions Gallmeister, spécialisées dans ce courant littéraire, ont choisi de rééditer ce roman en 2013. Délivrance n'est pas sans me rappeler les romans de David Vann (Sukkwan Island, Désolations, Impurs), où l'homme perd tout sens de la raison dans une nature où sa part animale éclate, comme prise de folie. Pour ma part, j'ai lu ce roman dans une vieille édition J'ai lu qui sent bon les années 1970. Il me tarde maintenant de découvrir le film éponyme de John Moorman, paru sur les écrans en 1972.
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critiques presse (1)
Actualitte
04 septembre 2013
Récit d'une aventure mouvementée et tragique dans un environnement grandiose et sauvage, indomptable qui ne peut que vous donner envie, par la suite de (re)visionner le film éponyme de John Boorman, paru en en 1972, soit deux ans après le roman de James Dickey, prix Médicis étranger
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (69) Voir plus Ajouter une citation
Bobby versa à tout le monde un bourbon bien tassé. Pendant que nous buvions, Lewis alluma du feu à l’abri d’un tas de pierres qu’il avait déterrées sur place ou ramassées autour des tentes. Il avait apporté des steaks. Il fit une flambée, la laissa retomber un peu, puis y posa la viande dans une poêle beurrée.
Le fumet était exquis. Tout le monde se resservit à boire et s’assit sur la rive en regardant briller sur l’eau le feu incertain et têtu. La peur, le parfum d’aventure et la perspective du repas se confondaient en moi. Nous ressentions une sorte de bien-être à savoir que là où nous étions – quoi qu’il se passât ailleurs – personne ne pourrait nous trouver, que la nuit nous entourait et que nous ne pouvions rien y faire.
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La nature se dépliait dans le silence. Je me dis que c’était le moment d’avoir peur, et la peur vint aussitôt. Ce qui me saisit le plus, ce fut la magnifique impersonnalité du paysage ; je n’aurais pas cru qu’elle pouvait me frapper ainsi tout d’un coup, ni avec une telle force. Ce silence et ce bruit du silence n’avaient rien à voir avec nous. Ils n’avaient rien de commun avec la petite ville où nous venions de passer, avec son pauvre éclairage dans la nuit de la montagne, ses cafés, ses visages de paysans dans la lueur lasse des fils électriques bricolés sur la place, son unique cinéma où l’on projetait un vieux film qui passait en émission de nuit sur les écrans de télévision de la grande ville.
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Quand j'avais fais le chargement, je n'avais pas prêté attention à l'eau de la rivière, mais maintenant j'en avais conscience ; elle donnait la sensation de la profondeur, son mouvement était le résultat des millénaires et de la composition des sols sur des centaines de kilomètres, en amont comme en aval. Il était si bon de se tenir debout au milieu du courant, de le sentir si frais, si divers, si continu, si vital et si libre autour de mon sexe, que je ne pouvais plus m'en arracher.
- Prenons une bière, dis-je.
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La rivière était très froide ; on eût dit qu’elle charriait encore de la neige et des glaçons. Mais c’était une eau merveilleusement limpide et vivante ; elle se brisait autour de vous comme du verre et se ressoudait intacte. Je nageai un peu dans le sens du courant ; j’aurais volontiers renoncé à tout effort humain – j’étais las de tous les efforts surtout les miens – et continué à descendre mort ou vif au fil de l’eau.
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- Tu es prêt, hein ?
- Oui, je crois. Psychologiquement, c'est certain. Parfois, j'ai l'impression d'avoir vraiment hâte. La vie qu'on a est si merdique et si compliquée que ça ne me dérangerait pas qu'elle se réduise très vite à la simple survie de ceux qui sont prêts à survivre. J'ai sans doute réellement chopé la folie de la survie, le vrai grain. Et pour tout te dire, je ne pense pas qu'on soit très nombreux comme moi. La plupart des autres pourront peut-être hurler et s'arracher les cheveux, ils sont éventuellement prêts pour telle ou telle forme de violence hystérique, mais je crois qu'ils ne seraient pas trop mécontents de laisser tomber et d'en finir.
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Vidéo de James Dickey
"Duelling banjos" extrait de "Délivrance" (John Boorman - 1972)
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