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Critique de LionelBonhouvrier


Choix de poèmes d'Emily Dickinson (1830-1886) : près de 150 sur 1800 environ d'après les éditions de l'oeuvre complète. Tous ses thèmes favoris sont représentés : la nature, le temps qui passe, la mort, la religion, la foi, l'art et la beauté...

Emily Dickinson, avec une conscience aiguë de son individualité, s'interroge sur son identité, ses particularités. Ses poèmes explorent avec lucidité les questions existentielles. Cette conscience inlassable s'éprouve dans l'inquiétude et la souffrance (le puritanisme imprègne son milieu social).
Dans sa jeunesse, elle est pleine d'humour et de mordant :

"Je suis Personne, et vous ?
Êtes-vous - Personne - aussi ?
Dans ce cas, nous faisons la paire !
Chut ! On pourrait nous trahir - qui sait !

Être Quelqu'un, que c'est morne !
Que c'est commun - de coasser son nom
Tout au long de juin
Au marais béat !"

Emily garde une grande distance avec elle-même et autrui. Célibataire un peu bizarre, elle n'a guère quitté la maison familiale. En retrait de la vie, "la recluse d'Amherst" se regarde vivre davantage qu'elle ne vit. le dédoublement de soi lui sert de miroir, la mène au vertige. Douloureusement, cette âme divisée ressent l'ambivalence essentielle de la vie, le bonheur et le malheur d'être vivante :

"Chaque moment d'extase
Se paie d'une angoisse
vive et frémissante
Tout à proportion.

Chaque heure adorée
D'années faméliques -
De liards amers et disputés -
De coffres remplis de larmes !"

Emily multiplie les poèmes sur la mort, les funérailles, la souffrance inévitable.
A vingt-huit ans, elle écrit : "je ne puis demeurer plus longtemps dans ce monde de mort".
On l'imagine hantant les cimetières, ânonnant noms et dates sur les pierres tombales, préoccupée par la fugacité de la vie, le poids absurde des morts sur les vivants :

"J'aime un regard de supplicié,
Car je le sais bien vrai -
On ne feint pas les convulsions,
L'agonie ne s'imite pas -

L'oeil se glace une fois - c'est la mort -
Impossible de contrefaire
Les perles sagement rangées
Sur le front, par la torture."
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