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Guy Jean Forgue (Traducteur)
EAN : 9782700713015
251 pages
Aubier Montaigne (01/11/1998)
4.21/5   7 notes
Résumé :
Emily Dickinson naquit en 1830, à Amherst, petite ville du Massachusetts. Elle fut une adolescente pleine de vie, sociable et spirituelle, puis elle se retira progressivement dans son monde intérieur. A quarante ans, elle refusait de quitter la maison familiale, évitant tout contact avec les étrangers bien qu'elle entretînt une abondante correspondance avec des personnes qu'elle n'avait jamais vues. La légende nous la représente sortant de la chambre où elle vivait ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La publication de ce recueil de poèmes en version bilingue est à double tranchant: on peut recourir au français pour s'assurer du sens lorsqu'on lit en anglais, ou jeter un oeil à la version originale après avoir découvert le texte par la traduction, mais cela révèle aussi toutes les maladresses, infidélités de la traduction. Souvent, j'ai été gênée par la différence de rythme que créait la nouvelle ponctuation, par exemple:
[...]
And then - to go to sleep -
And then - if it should be
The will of it's Inquisitor
The luxury to die -

Ensuite il veut s'endormir;
Enfin, si c'est le bon plaisir
De son Inquisiteur,
Le luxe de mourir.

Je ne suis pas toujours d'accord avec le choix des mots, mais sans aucun doute Guy Jean Forgue et moi n'avons pas les mêmes ressentis d'un poème, et évidemment, je n'y ai pas passé le temps que lui a mis à les décortiquer.

Les poèmes, 150 choisis parmi les quelque 2000 qu'elle a composés, se suivent selon des thématiques communes, même s'ils n'ont pas été écrits à la même période. J'ai d'abord eu un peu de mal à entrer dans l'univers et l'écriture d'Emily Dickinson, mais petit-à-petit, j'ai été touchée par certaines petites phrases qui en deux ou trois mots créent un monde sensible. de sa chambre, qu'elle ne quittait presque jamais, Emily découvrait l'univers. On peut facilement l'imaginer passer des heures à la fenêtre et étudier les réactions de tel chat, oiseau, l'arrivée du printemps, l'hiver, la vie d'un passant... mais il y a une part importante d'introspection qu'il l'amène à s'interroger sur la religion, ce qui entoure son existence, et la mort. Elle analyse avec une grande subtilité les émotions qui la traversent, certains poèmes me faisant d'ailleurs penser au Spleen de Baudelaire.
Comme toujours quand j'emprunte ces recueils de poèmes à la bibliothèque, je m'en mords les doigts, car il faudrait les avoir constamment à portée de main pour les redécouvrir encore et encore.
Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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Choix de poèmes d'Emily Dickinson (1830-1886) : près de 150 sur 1800 environ d'après les éditions de l'oeuvre complète. Tous ses thèmes favoris sont représentés : la nature, le temps qui passe, la mort, la religion, la foi, l'art et la beauté...

Emily Dickinson, avec une conscience aiguë de son individualité, s'interroge sur son identité, ses particularités. Ses poèmes explorent avec lucidité les questions existentielles. Cette conscience inlassable s'éprouve dans l'inquiétude et la souffrance (le puritanisme imprègne son milieu social).
Dans sa jeunesse, elle est pleine d'humour et de mordant :

"Je suis Personne, et vous ?
Êtes-vous - Personne - aussi ?
Dans ce cas, nous faisons la paire !
Chut ! On pourrait nous trahir - qui sait !

Être Quelqu'un, que c'est morne !
Que c'est commun - de coasser son nom
Tout au long de juin
Au marais béat !"

Emily garde une grande distance avec elle-même et autrui. Célibataire un peu bizarre, elle n'a guère quitté la maison familiale. En retrait de la vie, "la recluse d'Amherst" se regarde vivre davantage qu'elle ne vit. le dédoublement de soi lui sert de miroir, la mène au vertige. Douloureusement, cette âme divisée ressent l'ambivalence essentielle de la vie, le bonheur et le malheur d'être vivante :

"Chaque moment d'extase
Se paie d'une angoisse
vive et frémissante
Tout à proportion.

Chaque heure adorée
D'années faméliques -
De liards amers et disputés -
De coffres remplis de larmes !"

Emily multiplie les poèmes sur la mort, les funérailles, la souffrance inévitable.
A vingt-huit ans, elle écrit : "je ne puis demeurer plus longtemps dans ce monde de mort".
On l'imagine hantant les cimetières, ânonnant noms et dates sur les pierres tombales, préoccupée par la fugacité de la vie, le poids absurde des morts sur les vivants :

"J'aime un regard de supplicié,
Car je le sais bien vrai -
On ne feint pas les convulsions,
L'agonie ne s'imite pas -

L'oeil se glace une fois - c'est la mort -
Impossible de contrefaire
Les perles sagement rangées
Sur le front, par la torture."
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le vent se mit à bercer l'herbe
Sur des airs orageux et bas,
Jetant une menace à la terre,
Une menace au ciel.

Les feuilles se défirent des arbres
Et voltigèrent alentour;
Comme des mains se creusa la poussière,
Pour rejeter la route.

Dans les rues les chars se pressèrent;
Lentement se hâta le tonnerre;
L'éclair montra un bec jaune
Puis une griffe livide.

Les oiseaux se barricadèrent,
Le bétail s'enfuit vers l'étable.
Une goutte énorme tomba -
Puis ce fut comme si les mains

Retenant les barrages s'ouvraient -
Les eaux dévastèrent le ciel
Sans toucher la maison de mon père,
Sauf un arbre - fendu en quatre.
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Ce n'était pas la mort, car j'étais debout,
Et tous les morts sont couchés.
Ce n'était pas la nuit, car les carillons
Déchaînaient leur voix pour midi.

Ce n'était pas le gel, car sur ma peau
Des siroccos semblaient serpenter;
Ni le feu - car mes pieds de marbre
Auraient glacé un sanctuaire.

Il y avait de tout cela, pourtant:
Les formes que j'ai vues
Alignées pour les funérailles
Me rappelaient la mienne,

Comme si l'on avait raboté ma vie
Pour l'insérer dans un chassis -
J'avais perdu la clef du souffle -
C'était un peu comme à minuit,

Quand tout ce qui battait s'est tu,
Quand bée le vide alentour,
Quand le gel sinistre, aux matins d'octobre,
Abolit les pulsations du sol.

C'était avant tout un chaos - infini - glacé -
Sans une chance - sans un espar -
Sans le signe d'une terre,
Pour justifier le désespoir.
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Pour être hanté nul besoin n'est de chambre,
Nul besoin de maison:
Les couloirs du cerveau l'emportent
Sur les lieux matériels.

Mieux vaut rencontrer à minuit
Un spectre visible
Que d'affronter, à l'intérieur,
Cet hôte - plus froid.

Mieux vaut traverser abbaye au galop,
Les pierres à ses trousses,
Que se rencontrer soi-même et sans armes
En un endroit désert.
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C'était un Poète - Celui
Qui distille un sens inouï
Des significations banales -
Une si forte essence

Des plantes familières
Séchées devant la porte,
Que nous nous demandons pourquoi
Nous ne l'avions captée nous-mêmes.

C'est le révélateur des images,
Le Poète - c'est lui qui
Nous donne droit, par contraste,
A l'éternelle pauvreté.

Si aveugle à son héritage
Que le vol ne lui ferait rien,
Il est sa propre fortune -
Et il la possède hors du temps.
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Un oiseau descendait l'allée;
Il ne m'avait pas vue.
Du bec il coupa net un ver
Et le goba tout cru.

Il but ensuite une rosée
D'une herbe toute proche;
D'un bond, se rangea près du mur
Au passage d'un scarabée.

Il jetait des regards furtifs
Partout; on eût pris ses yeux
Pour deux boutons craintifs;
Sa tête en velours s'agitait

Comme en danger; discrète,
Je tendis une miette -
Alors il déploya ses plumes,
Glissa sur ses doux avirons

Comme fendant un océan
Trop satiné pour la couture,
Ou comme un papillon plongeant des rives
De midi, et nageant sans un clapotis.

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