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Critique de Baldrico


Mmmmh, pas très #MeToo ce Denis Diderot, même carrément coquin.
Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, les bijoux deviennent indiscrets à l'instigation du sultan Mangogul du Congo, qui reçoit du génie Cucufa une bague qui fait parler le sexe (le bijou) des femmes à leur corps défendant (c'est le cas de le dire :D).
Le sultan s'en va essayer sa bague de tous côtés et parie avec sa favorite Mirzoza qu'il ne se trouvera aucun bijou vertueux. Il y a de quoi lancer le #Balance ton sultan (après #Balance ton Zeus : voir la dernière critique de Fabinou7 sur les Poèmes antiques de Leconte de Lisle).
Voilà qui s'inscrit parmi les contes libertins du 18e siècle. Mais Diderot a l'esprit trop vaste et trop fin pour se limiter à une plaisanterie grivoise. Bien sûr les femmes sont bien embarrassées de voir révélée l'activité de leur bijou qu'elles auraient préféré cacher. Mais c'est à une satire de toute la cour de Louis XV et de Mme de Pompadour que Diderot se livre. Et les hommes ne s'en sortent pas plus à leur avantage que les femmes.
Le phénomène des bijoux parlant est l'occasion de disputes entre savants à l'académie des sciences puis entre bramines (les prêtres). Des expériences sont même tentées, sans succès. Les vantardises des petits-maîtres sont réduites à néant, la passion du jeu est stigmatisée et le rapport à l'argent disséqué.
Subrepticement Diderot suggère sa conception du matérialisme au fil des pages de ce roman apparemment léger. Il semble d'ailleurs avoir été embarrassé plus tard par cet écrit, quand il s'est agi de démontrer que le matérialisme pouvait être aussi vertueux que le spiritualisme. Mais il ne le reniera pas son oeuvre puisqu'il a écrit bien plus tard des chapitres supplémentaires. Un libertinage badin pour servir le libertinage savant en quelque sorte.

Lu dans l'édition des oeuvres de Diderot publiée aux éditions Hermann. le volume contenant Les Bijoux indiscrets a paru en 1978. Les annotations sont précieuses pour saisir les allusions à l'actualité de la cour.
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