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Critique de Apoapo


P - Ah ! quel bonheur de lire un texte philosophique sous forme de dialogue. Cela aiguise tellement la pensée, que de chercher l'auteur dans tel ou tel autre personnage... ça marque opportunément des pauses où cela est nécessaire, ça allège considérablement la prose...
A - Tu ne penses pas devoir au moins un mot de remerciement à Swann qui t'as fait connaître l'opus ?
P - Tu as raison. Qu'elle soit ici remerciée, car j'ai trouvé dans la lecture exactement tout ce qu'elle avait promis.
A - Et ton dithyrambe sur le genre dialogique, déjà fini ?
P - Allez ! J'y vais carrément dans l'emphase : " Ô écrivains d'aujourd'hui ! pourquoi ne pas rendre ses lettres de noblesse au genre qui permet d'exprimer le doute, le retour en arrière, la multiplicité des facettes du narrateur, une certaine éthique, pour tout dire, un regard sur le monde, surtout lorsqu'il est question de rencontre avec le "bon sauvage". Que vive le dialogue, le conte philosophique, et, tant qu'à faire, la fable animalière !..."
A - Tu n'iras pas dévoiler au premier venant que je suis l'Autruche et toi le Paon... Et puis, tu sais, le dialogue, aujourd'hui... dans cette époque si... hellénistique... de repli sur soi, de narration intérieure... le dialogue et ton obsession de l'Autre... coqueluche de savants et de présentateurs de télé...
P - Merci, tu l'as fait pour moi. Mais demandons donc au Cygne - pardon à Swann - si elle croît effectivement que l'ami Denis était au fond si libertaire voire libertin que...
A - Non, ne dis pas "que Orou le bon sauvage".
p - Pardon. J'allais dire "que B".
A - Et encore: fais attention à quand B devient légaliste : "[...] si les lois, bonnes ou mauvaises, ne sont point observées, la pire condition d'une société, il n'y a point de moeurs".
P - Ouais, et il y a aussi cette malencontreuse phrase de la fin sur la honte, le châtiment et l'ignominie, "les plus grands de tous les maux"... M'enfin, le ton est donné, surtout dans la virulence anticolonialiste du premier chapitre, Les adieux du vieillard.
A- Ah bon ? C'est ça qui te fait rebondir le plus ? Et pas le thème principal de l'essai, ce total bouleversement de l'éthique sexuelle, cette soustraction de ces "certaines actions physiques" de la sphère des "idées morales". Pourtant il y va loin, avec l'inceste et coetera... Et au nom des lois de la Nature... et en période de disette démographique, à l'évidence... et enfin, sans connaître la génétique, mais quand même...
A - Pour moi oui, carrément : d'ailleurs les fins des deux entretiens avec l'aumônier sont d'un humour accompli. Il est clair qu'il y a là de la provoc !
O - Allez, les ornithos au long cou : fini de jacasser ! La paix dans la basse-cour !
P - Qu'est-ce qu'elle est chiante, la Mère Oie !
O - Vous avez droit à une citation chacun, pour finir de caqueter.
A - ... Et conne, en plus, avec sa citation finale. Bon tu choisis laquelle, toi ?
P - Moi, ça sera tiré des paroles du Vieillard : "Nous avons respecté notre image en toi. Laisse-nous nos moeurs ; elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes ;" J'affirme : 'achement moderne, le coup de "respecter notre image en toi" !
A - Moi, ça sera sur l'inactivité du Tahitien : "[...] assez indolent pour que son innocence, son repos et sa félicité n'eussent rien à redouter d'un progrès trop rapide des lumières."
O - Et moi, alors, moi à qui vous donnez des noms d'oiseaux, je vais faire rire la galerie : "Le bon aumônier raconte [...] que le soir, après souper, le père et la mère l'ayant supplié de coucher avec la seconde de leurs filles [...] et qu'il s'était écrié plusieurs fois pendant la nuit 'Mais ma religion ! mais mon état !' que la troisième nuit il avait été agité des mêmes remords avec Asto, l'aînée, et que la quatrième nuit il l'avait accordée par honnêteté à la femme de son hôte."
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