Partout où il y a une lyre il y a des cordes.
(Dialogue entre A et B)
Le paysan misérable de nos contrées ,qui excède sa femme pour soulager son cheval laisse périr son enfant sans secours, et appelle le médecin pour son bœuf.
(excède :maltraite)
Méfiez-vous de celui qui veut mettre de l'ordre. Ordonner, c'est toujours se rendre maître des autres en les gênant.
Qui sait l'histoire primitive de notre globe? Combien d'espaces de terre,maintenant isolés, étaient autrefois continues.?
A.- Ainsi la jalousie, selon vous, n'est pas dans la nature ?
B.- je ne dis pas cela. Vices et vertues, tout est également dans la nature.
Veux-tu savoir en tout temps et en tout lieu ce qui est bon et mauvais ? attache-toi à la nature des choses et des actions, à tes rapports avec ton semblable, à l'influence de ta conduite sur ton utilité particulière et le bien général.
(chap. 3)
Tu n'es ni un dieu, ni un démon :qui es-tu donc, pour faire des esclaves ?
Il y a moins d'inconvénients à être fou avec des fous, qu'à être sage tout seul.
Laisse-nous nos mœurs, elles sont plus sages et plus honnêtes que les tiennes. Nous ne voulons point troquer ce que tu appelles notre ignorance contre tes inutiles lumières. Tout ce qui nous est nécessaire et bon nous le possédons. Sommes-nous dignes de mépris parce que nous n'avons pas su nous faire des besoins superflus ? Lorsque nous avons faim, nous avons de quoi manger ; lorsque nous avons froid, nous avons de quoi nous vêtir. Tu es entré dans nos cabanes, qu'y manque-t-il à ton avis ? Poursuis jusqu'où tu voudras ce que tu appelles commodités de la vie, mais permets à des êtes sensés de s'arrêter, lorsqu'il n'auraient à obtenir de la continuité de leurs pénibles efforts que des biens imaginaires. Si tu nous persuades de franchir l'étroite limite du besoin, quand finirons-nous de travailler, quand jouirons-nous ? Nous avons rendu la somme de nos fatigues annuelles et journalières la moindre possible, parce que rien ne nous paraît préférable au repos. Va dans ta contrée t'agiter, te tourmenter tant que tu voudras. Laisse-nous reposer ; ne nous entête ni de tes besoins factices, ni de tes vertus chimériques.
Nous suivons le pur instinct de la nature, et tu as tenté d'effacer de nos âmes son caractère.