AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de RomansNoirsEtPlus


Après un intermède alcoolo-burlesque, Benjamin Dierstein revient aux affaires mêlant criminalité, business et politique , supports de ses deux premiers romans.
On retrouve donc les protagonistes qu'on avait laissé en cette fin 2011 quelques mois plus tard, la droite sarkozyste en pleine débâcle , Hollande et son gouvernement aux manettes , les premières affaires et scandales financiers voyant progressivement le jour.Dans le jeu de chaises musicales, de chasse aux sorcières et de magouilles diverses et avariées , la commandante Laurence Verhaeghen se retrouve mutée, un galon en moins, de la DCRI au 36 (Brigade Criminelle) où elle va côtoyer un Gabriel Prigent, méconnaissable, sorte de cachalot dopé aux anxiolytiques , tout juste sorti de l'Hôpital psychiatrique. L'une dont les relations familiales sont en déliquescence, l'autre qui n'a qu'une obsession (maladive) : retrouver sa fille Juliette, disparue six ans plus tôt dans une rame de métro rennais. Ces deux-là que tout oppose ( le style et l'ambition notamment) , ont une grosse affaire sur les bras à résoudre et la pression qui va avec . le suicide d'un ancien cadre politique de haut rang qui, avant de se mettre la corde au cou, a tué sauvagement sa femme et son fils. Derrière ce drame familial , les enquêteurs vont découvrir un réseau pédocriminel d'une envergure insoupçonnée où toutes les horreurs sur les enfants sont permises si elles peuvent rapporter gros…
Bienvenue en enfer ! Bienvenue dans ce cauchemar éveillé qui ne fait que commencer , reflet de la pire PERVERSITÉ de l'âme humaine. de la pire MONSTRUOSITÉ de certains de nos congénères. Vous voici prévenus !

On ne sort pas totalement indemne de ce pavé de plus de 800 pages. Car comme d'autres auteurs avant lui - on pense bien sûr à Ellroy mais aussi à Mattias Köping - le style Benjamin Dierstein sort du cadre et ne fait aucune concession quand il s'agit de décrire l'horreur la plus abjecte. Il faut donc avoir le coeur bien accroché à la lecture de certains passages qui donnent envie de rendre son dernier repas . Rassurez-vous on est bien dans une fiction mais cette réalité existe belle et bien !
Somme de témoignages, d'enquêtes multiples dans l'univers de la pédocriminalité , les Dutroux ou Fourniret sont hélas là pour nous rappeler la présence de monstres parmi nous . Sans parler de ces pseudos intellectuels français qui proclamaient haut et fort sur les plateaux de télé leur désir et leurs exploits avec de très jeunes filles et que le milieu a mis un certain temps à bannir de leur cercle.
On est jamais certain du pire tant qu'on n'en n'a pas vraiment pris conscience. Et
Benjamin Dierstein est là pour nous le rappeler, enfonçant le clou ad nauseam , pages après pages. Avec ce rythme infernal, ce style , écorché vif et d'une précision chirurgicale , avec ces couleurs , le rouge et le noir , couvrant tout le spectre , du très sombre au très sanglant. La violence du verbe et cette prose qui colle si bien aux sentiments des deux principaux personnages, Verhaeghen et Prigent, entre ahurissement, dégoût, dévastation ou folie.
Du très grand roman TRÈS NOIR , à ne pas mettre entre toutes les mains de peur qu'il n'en brûle certaines .
Commenter  J’apprécie          303



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}