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EAN : 9782757897836
840 pages
Points (03/02/2023)
4.16/5   165 notes
Résumé :
Juin 2012. Triomphe politique pour la gauche et gueule de bois pour la droite. Les têtes tombent. Les purges anti-sarkozystes au sein du ministère de l'Intérieur commencent. La commandante Laurence Verhaeghen quitte la DCRI et rallie la Brigade criminelle de Paris. Elle est rapidement rejointe par son ancien collègue Gabriel Prigent, hanté par la disparition de sa fille six ans plus tôt.
Pour leur retour au 36, les deux flics écopent d'une scène de crime sauv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
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C'est de rouge sang, mais surtout de rouge colère que se couvre ce polar politique DÉTONNANT, dont le titre joue avec les mots comme l'auteur avec nos nerfs. Si l'on en croit Wiki : « La cour des Miracles était, sous l'Ancien Régime, un ensemble d'espaces de non-droit composé de quartiers de Paris, ainsi nommés car les prétendues infirmités des mendiants qui en avaient fait leur lieu de résidence ordinaire y disparaissaient à la nuit tombée, « comme par miracle ». En réalité, une partie d'entre eux ne souffrait réellement d'aucun handicap. »


La cour des mirages est quant à elle, dans les années 2000, un ensemble d'espaces de non-droit composés de maisons bourgeoises au-dessus de tout soupçon et de places politiques occupées par des personnalités plus que véreuses, non, carrément toutes pourries, non, encore plus que ça mais je n'ai aucun mot pour l'exprimer (lisez par vous-même et essayez de faire mieux), ainsi nommée car les horreurs et les abominations des occupants qui en avait fait leur lieu de réunions extraordinaires semblaient disparaître au jour levé, « comme un mirage », un mirage aidé par les drogues le LSD en tête, un putain de mirage de gueule de bois, un cauchemar. En réalité, tout cela existait vraiment et les victimes souffraient de l'insondable perversité des Hommes - non, des monstres - qui peuplent cette planète et infiltrent nos vies quotidiennes, avec la suffisance de ceux qui possèdent la certitude de n'être jamais inquiétés. Elles en souffraient, donc. A en crever.


Bienvenue dans ce polar de dingues où la justice tente de côtoyer l'ignominie. Et si la justice est paralysée par la politique, alors elle sera rendue par une poignée de flics dévoués qui n'ont pas encore perdu leur humanité (mais leur tête peut-être, car jusqu'à quand pourront-ils encore tenir et à quel prix ?) avec l'espoir qu'ils ont souvent vomi dans ce récit et jeté aux toilettes en tirant plusieurs fois la chasse merci au revoir. Sous ses airs de polar, c'est une diatribe de la classe politique et de ses magouilles, une dénonciation aussi des réseaux indémentelables à force de manipulations, de menaces et de « neutralisation ». Un portrait de notre monde. Pourri.


Autant le dire franchement : Ce n'est pas le livre à lire si vous avez déjà envie de sauter par la fenêtre. Ce n'est pas non-plus à lire quand vous avez envie d'une comédie romantique… Et je ne vais rien révéler qui ne soit précisé sur la quatrième de couverture mais, au cas où vous auriez l'habitude de ne pas les lire pour garder la surprise, faites une exception pour cette fois car ce roman est réservé à un public AVERTI. Maintenant vous l'êtes : âmes sensibles aux malheurs qui arrivent aux enfants, s'abstenir ! le nounours de la couverture, qui se noie en tentant de passer entre les balles, représente bien cette enfance souillée, sacrifiée, détruite.


Si vous pouvez gérer ça, FONCEZ ! Lisez ce polar de fous hyper bien écrit et construit, rythmé, dont les personnages sont incroyables : deux flics notamment. Laurence, une dure à cuire ambitieuse, mère de famille et divorcée qui quitte la DCRI pour la Brigade Criminelle. Les chapitres où on la suit sont racontés avec le recul, comme une carapace qui se fendille, d'un narrateur omniscient qui nous met dans sa peau et dans ses mots. Et puis Prigent, héros d'un opus précédent (La sirène qui fume), hanté par la disparition de sa fille six ans plus tôt, qui se dévoue entièrement corps et âme à ses enquêtes… au sens littéral. Ses chapitres à lui sont racontés de l'intérieur, par lui-même, amas de graisse, de tristesse et de sensations si bien rendues, trop plein de soupe et d'émotions, un vrai gentil anéanti par le genre d'humains qu'il côtoie au quotidien, et par les cachets qu'il absorbe pour y faire face. Prigent et toutes les voix dans sa tête…


Attachants malgré leurs portraits d'écorchés incontrôlables, ces deux-là ne se retrouvent pas à bosser sur la même enquête par hasard. Cette enquête, c'est la mort d'une famille qui semble s'être suicidée… jusqu'à ce qu'on trouve un laissez-passer politique dans leur maison, en 2012, juste après l'élection de la gauche au pouvoir et pendant ce jeu de chaises musicales qui en découle, consistant à placer les copains dans tous les corps de métier possibles. A partir de là, entre ceux qui veulent faire la lumière, et ceux qui veulent continuer à perpétrer les ténèbres dans leur ombre confortable, ce sera la guerre. Ni l'horreur, ni les cadavres ne nous seront épargnés. Mais si l'on voit bien à quel point la politique régit nos vies, et si tous les corps de police et leur hiérarchie en sont infiltrés de manière révoltante, l'espoir vient des plus courageux et dévoués, ceux qui font ce métier par conviction et non par intérêt. Et parce que ce roman nous révolte tout entier, on est même prêt à passer sur les méthodes finalement employées qui, loin d'être un modèle (le dernier Norek est un bisounours à côté^^), sont celles du désespoir - à moins que, pour les victimes, ce ne soit celles de l'espoir, justement.


Un roman ADDICTIF, explosif. J'ai dévoré ses 850 pages en 5 soirées ne doutant pas une seule seconde que, s'il s'agit d'une fiction et qu'on ne veut pas y croire, des choses similaires existent bel et bien. Etonnamment, ce n'est pourtant pas une lecture plombante. Parce que l'action nous maintient en mouvement, et que le style immersif de l'auteur, dont les phrases déconstruites accompagnent les personnalités défaites, rendrait un macchabée vivant. J'en tremble encore, mais je recommande, sans hésiter !
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Wow ! le livre de malade ! le genre de livre que, quand tu l'as ouvert, tu ne peux plus le refermer ; le genre que tu penses à lui tout le temps : en te brossant les dents, en mangeant tes pâtes, et même pendant les réunions de travail (oui oui), tellement qu'il est prenant et obsédant malgré ses 800 pages.
Mais qu'a-t'il donc de si extraordinaire ?
C'est un polar comme un Soulages, d'un "outrenoir" d'où n'émane qu'une faible lueur.

Alors que Hollande vient d'être élu Président de la République et qu'éclatent les innombrables affaires de la Sarkozie, un ex-député socialiste et sa famille sont retrouvés atrocement trucidés dans leur maison de Neuilly. L'enquête est confiée à une brigade criminelle du 36 quai des Orfèvres, où officient notamment une femme-flic grande gueule et dure à cuire, et un capitaine de police héroïque qui sort d'HP et entend des voix. Ils ne savent pas quel enfer les attend -s'ils le savaient, ils se reconvertiraient illico dans la sophrologie et la boulangerie.

La politique est surtout un contexte, on est bien et avant tout dans un roman noir, dur, violent, méchant. Lire ce bouquin, c'est comme se prendre des coups de bottin sur la tête : ça fait mal et ça laisse groggy. On sombre dans l'innommable, l'insoutenable, en se raccrochant à des personnages fracassés, agaçants d'arrogance et touchants de vulnérabilité. Ce livre est un cauchemar douloureux mais bien éveillé.
Alors pourquoi le lire si c'est si horrible et qu'on n'est pas maso ?
Parce que Benjamin Dierstein est un furieux, un enragé du fond et de la forme. Il m'a immanquablement fait penser à David Peace (que, ça tombe bien, j'adore) par la noirceur triste de son histoire et par sa façon de torturer la langue -je buvais du petit lait en m'imprégnant de son écriture saccadée et hallucinée, si addictive. Plaisir amplifié par l'intrigue elle-même, maîtrisée de sang-froid malgré la folie qui en suinte ; quel talent ! On sent que l'auteur s'est bien documenté sur son sujet avant de l'attaquer, et il n'hésite pas à balancer des noms pour rendre son histoire plus réaliste et terrifiante encore.

C'est donc une expérience littéraire d'une rare intensité. Je découvre Dierstein avec ce troisième tome d'une trilogie dont je n'ai pas lu les opus précédents (ballot, oui), mais sans que cela ait nui à ma compréhension. Surtout, je vais me jeter sur les deux premiers tomes, et je vous invite à découvrir, à votre tour, cet écrivain inouï.
Un immense merci à Babelio et aux Editions Les Arènes pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une Masse Critique.
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Présenté sur la table des nouveautés de ma bibliothèque, ce livre a fait tilt.... Mais oui j'ai lu deux critiques emballées et enthousiastes de Brooklyn by the sea et d'Onee. Bilan je l'ai emprunté les yeux fermés. Je me souvenais juste que c'était un polar politico-machin. Sans savoir que mettre derrière "machin".
Je verrai bien à la lecture.
Clairement je ne suis pas aussi emballée que mes deux comparses. Mais uniquement pour une très simple raison : ce livre entre dans ma catégorie "livre à cauchemar". Je pense que la lecture peut également provoquer de la persistance rétinienne. Croyez-moi, certaines images du livre vont me rester. Et quand ça concerne des enfants, c'est dur, très dur....
.
Donc quand j'ai commencé ce livre j'ai tout de suite su que mettre derrière mon fameux "politico-machin". La pédocriminalité.
Chapeau bas à l'auteur : ses 3 premières pages sont totalement glaçantes, exceptionnelles. Une réussite. Dans l'horreur. Pourtant dans ces premières pages il n'y a pas une goutte de sang.... par contre notre imagination prend le relai. On imagine le pire. Qui va révéler en-dessous de ce qui va être raconté.
On va imbriquer plusieurs histoires qui paraissent étrangères les unes des autres avec de la prostitution "haut de gamme", des détournements de fonds, de la politique, de la pédocriminalité.
C'est bien écrit et totalement addictif (ma productivité au travail a dû s'en ressentir de mes nuits raccourcies pour avancer ce bouquin), précis et détaillé. On sent que l'auteur s'est informé. J'ai découvert les luttes de pouvoir au sein de la police suite à un changement de majorité. A dire vrai je ne pensais pas que ça atteignait de tels niveaux....
Les parties dans la tête du policier Prigent sont également passionnantes. Flic compétent, mais bourré de toutes sortes de produits chimiques légaux prescrits par son psychiatre depuis que sa fille de 10 ans a disparu.... 6 ans auparavant.... Lui-même ne sait plus si ce qu'il ressent est la réalité ou le fruit de ces produits chimiques....
.
Ce livre fait partie d'une trilogie. Les deux autres tomes ne traitent pas, a priori, de violence sur des enfants. J'aurais peut-être du commencer par ceux-là.
Clairement si ce sujet vous fait peur, passez votre chemin. C'est un roman certes, mais tout ce qui est décrit a eu lieu "en vrai". On repense à certains dossiers et c'est encore pire.....
Sinon ce bouquin est passionnant en imbriquant les différents services de police, les guerres intestines, les fausses pistes.... Franchement ça fait un peu peur (sans même l'aspect violences sur des petits) et ça ne rassure ni sur l'état de notre police ni sur celui de notre démocratie.....
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Après un intermède alcoolo-burlesque, Benjamin Dierstein revient aux affaires mêlant criminalité, business et politique , supports de ses deux premiers romans.
On retrouve donc les protagonistes qu'on avait laissé en cette fin 2011 quelques mois plus tard, la droite sarkozyste en pleine débâcle , Hollande et son gouvernement aux manettes , les premières affaires et scandales financiers voyant progressivement le jour.Dans le jeu de chaises musicales, de chasse aux sorcières et de magouilles diverses et avariées , la commandante Laurence Verhaeghen se retrouve mutée, un galon en moins, de la DCRI au 36 (Brigade Criminelle) où elle va côtoyer un Gabriel Prigent, méconnaissable, sorte de cachalot dopé aux anxiolytiques , tout juste sorti de l'Hôpital psychiatrique. L'une dont les relations familiales sont en déliquescence, l'autre qui n'a qu'une obsession (maladive) : retrouver sa fille Juliette, disparue six ans plus tôt dans une rame de métro rennais. Ces deux-là que tout oppose ( le style et l'ambition notamment) , ont une grosse affaire sur les bras à résoudre et la pression qui va avec . le suicide d'un ancien cadre politique de haut rang qui, avant de se mettre la corde au cou, a tué sauvagement sa femme et son fils. Derrière ce drame familial , les enquêteurs vont découvrir un réseau pédocriminel d'une envergure insoupçonnée où toutes les horreurs sur les enfants sont permises si elles peuvent rapporter gros…
Bienvenue en enfer ! Bienvenue dans ce cauchemar éveillé qui ne fait que commencer , reflet de la pire PERVERSITÉ de l'âme humaine. de la pire MONSTRUOSITÉ de certains de nos congénères. Vous voici prévenus !

On ne sort pas totalement indemne de ce pavé de plus de 800 pages. Car comme d'autres auteurs avant lui - on pense bien sûr à Ellroy mais aussi à Mattias Köping - le style Benjamin Dierstein sort du cadre et ne fait aucune concession quand il s'agit de décrire l'horreur la plus abjecte. Il faut donc avoir le coeur bien accroché à la lecture de certains passages qui donnent envie de rendre son dernier repas . Rassurez-vous on est bien dans une fiction mais cette réalité existe belle et bien !
Somme de témoignages, d'enquêtes multiples dans l'univers de la pédocriminalité , les Dutroux ou Fourniret sont hélas là pour nous rappeler la présence de monstres parmi nous . Sans parler de ces pseudos intellectuels français qui proclamaient haut et fort sur les plateaux de télé leur désir et leurs exploits avec de très jeunes filles et que le milieu a mis un certain temps à bannir de leur cercle.
On est jamais certain du pire tant qu'on n'en n'a pas vraiment pris conscience. Et
Benjamin Dierstein est là pour nous le rappeler, enfonçant le clou ad nauseam , pages après pages. Avec ce rythme infernal, ce style , écorché vif et d'une précision chirurgicale , avec ces couleurs , le rouge et le noir , couvrant tout le spectre , du très sombre au très sanglant. La violence du verbe et cette prose qui colle si bien aux sentiments des deux principaux personnages, Verhaeghen et Prigent, entre ahurissement, dégoût, dévastation ou folie.
Du très grand roman TRÈS NOIR , à ne pas mettre entre toutes les mains de peur qu'il n'en brûle certaines .
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Ne vous fiez pas à la couverture (faussement) tape-à-l'oeil, sa couleur vive, le bandeau qui annonce aussi bien du croustillant politique et médiatique que du polar noir et dur.
Pourtant tout est vrai.
La politique est là, partout, toujours, tout le temps, au moindre personnage qui allumé une télévision ou monte en voiture, la radio allumé, elle vient donc entrecoupée le texte par des passages incrustés comme un leti motiv qui nous dirait que, oui, tout est là, sous nos yeux, dans nos rmoreilles, dans les interstices qu'il faut savoir lire entre les lignes.
Oui, donc, tout est là, la poétique comme le polar dur et méchant. Dur et méchant, très très méchant, et très très très dur, mais de cette dureté nécessaire et loin d'être racoleuse.
Oui encore pour le rouge tape-à-l'oeil, rouge oui, mais pas si tape-à-l'oeil que ça, plutôt ce rouge que vous connaissez, ce rouge sang, ce rouge colère, ce rouge écarlate de later te et de la stupeur, et du cauchemar. le cauchemar commence dès la première phrase et ne vous quitte plus jusqu'à la dernière.
Benjamin Dierstein a quelque chose de Dominique Manotti dans la précision chirurgicale de ses recherches et de James Ellroy, oui, pour son implacabilité et pour sa musique. La musicalité du phrasé, la musicalité du rythme et de la répétition, des phrases longues, ou au contraire très courte, comme autant de balles tirées à bout portant, des phrases aussi violentes (ou presque) que les propos qu'elles contiennent, c'est là le style tout à fait personnel de l'auteur, et qui n'appartient qu'à lui.
Vous voilà prévenu. C'est le roman rouge du cauchemar sur une musique aussi foudroyante que la pire berceuse de l'enfer.
Indispensable.
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critiques presse (4)
LeFigaro
14 septembre 2022
Policiers du 36, pédophilie, dark-web: l’auteur n’enfile pas de gants blancs pour décrire un monde d’officines, de manipulations et de luttes d’influence.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
SudOuestPresse
05 mai 2022
Benjamin Dierstein signe le dernier volet d’une trilogie policière pleine de la fureur des présidentielles de 2012 et menée par des protagonistes désabusés et tourmentés.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Liberation
14 mars 2022
Benjamin Dierstein nous livre un thriller effrayant et captivant entremêlant réseaux politiques et pédo-criminels.
Lire la critique sur le site : Liberation
Liberation
07 janvier 2022
Les héros de ce thriller politico-social sont des antihéros. Deux flics cassés par la vie que seule la colère anime. Il pourrait sembler difficile de s’y attacher et pourtant impossible de les quitter à partir du moment où on les découvre.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
- Tu bosses pour la gauche, maintenant ?
- T'es trop manichéenne, Verhaeghen, Barbier t'a complètement lobotomisée. Les politicards font semblant de se battre dans l'Hémicycle, mais dès qu'ils arrivent au bistrot de l'Assemblée ils se balancent des grandes claques dans le dos. Il n'y a ni droite ni gauche, juste une bande de types qui en chasse une autre, mais ils sont tous du même bord.
- Lequel ?
- Le bord de ceux qui se partagent le pouvoir, c'est-à-dire nous. Le bord d'en face, ce sont les esclaves qui croient à nos chimères, c'est-à-dire les autres. De quel camp est-ce que tu veux faire partie ?
- Qu'est-ce que tu veux?
- Que tu nous aides.
- À collaborer ?
- Entre autres.
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...
qui tourbillonnent comme dans un cycle sans fin et qui semélangent Papa où tu es et qui explosent dans matête commeun feu d’artifice comme lafin dumonde comme lesMayas ils l’onttué commelestourbillons commelesfarandolesquitournent commelesbruitsdansmatête commelatêtedechabert satêtemorteetlesangetlesrayonsdu soleil commesagorgetranchéequihurleetlesangquicoulesans finsanssarrêterjamaistoujourspourléternitécommeune farandolecommelecycledelavieetdelapourriturecommeles mirageséternelsetlesdansesimmémorioalesdelhorreuroùles enfantsmeurentdansunmouvementcontinuel où est ma fille où est ma fille où est ma fille où est ma f
...

Changement de style (ni une vergule enlevée ni un point ajouté, le texte tel que).
Ceti pas beau ça, sans ironie.
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Verhaegen raccroche et plante son regard dans celui de Nantier, avec une furieuse envie de lui mettre un coup de boule :
-- Vous m'avez bien baisée, bravo. On t'a envoyé pour me sortir les mêmes conneries que mon nouveau directeur ?
-- À peu de choses près, oui.
-- Pourquoi toi ?
-- Il y a certaines affaires qu'ils préfèrent ne pas gérer en interne.
-- Tu bosses pour la gauche, maintenant ?
-- T'est trop manichéenne, Verhaegen, Barbier t'a complètement lobotomisée. Les politicards font semblant de se battre dans l'Hémicycle, mais dès qu'ils arrivent au bistrot de l'Assemblée ils se balancent des grandes claques dans le dos. Il n'y a ni droite ni gauche, juste une bande de types qui en chasse une autre, mais ils sont tous du même bord.
-- Lequel ?
-- Le bord de ceux qui se partagent le pouvoir, c'est-à-dire nous. Le bord d'en face, ce sont les esclaves qui croient à nos chimères, c'est-à-dire les autres. De quel camp est-ce que tu veux faire partie ?
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Lundi 25 juin 2012
Ma définition de l’enfer : le soleil, la chaleur, le sable.
Mes souvenirs de l’enfer : les maisons de fortune, les hurlements, les cadavres, les camarades qui se bouchent les oreilles et qui chantent à tue-tête. Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin, voilà du boudin, pour les Alsaciens, les Suisses et les Lorrains, tiens, voilà des balles de fusil dans ta caboche, tiens, voilà un village autochtone rasé par les flammes, tiens, voilà vingt corps en décomposition, tiens, voilà des yeux ouverts qui te regardent, immobiles comme la mort.
L’enfer, là-bas, dans un autre temps : ma jeunesse de légionnaire, le Tchad, 1983, des bidasses et des macchabs.
L’enfer, ici et maintenant : Paris, le quai des Orfèvres.
Même chaleur, même soleil, mêmes cadavres qui m’observent.
Ce que je sens : l’asphalte chaud, le soufre, l’urine, le caoutchouc brûlé, le cambouis, les parfums chimiques et les eaux usées.
Ce que j’entends : les moteurs, les klaxons, les conversations en anglais, en chinois, en allemand, les bottines qui raclent le bitume, les walkmans qui jouent trop fort, les touristes qui marchent trop vite.
Treize heures cinquante-quatre à ma montre : je remonte le quai du Marché-Neuf en respirant difficilement, je n’ai plus l’habitude de sentir la piqûre du réel sur ma peau, d’être dehors, d’avoir chaud, ni même de marcher ou de vivre.
Un an que je n’ai pas mis les pieds au Quai des Orfèvres, un an que je vis en dehors du monde, un an que j’alterne entre mon appartement et l’hôpital psychiatrique, loin des voitures et des humains.
Et pourtant : pendant un an j’ai vu des hommes, j’ai vu des femmes, je les ai sentis, je les ai entendus. Pendant un an on m’a répété jour après jour qu’ils n’existaient pas, que c’étaient des hallucinations, que j’étais victime de délires psychotiques, que j’avais un comportement incohérent, que je devais me reposer. On m’a donné tous les noms, dépressif, bipolaire, schizophrène. Pendant un an j’ai avalé à longueur de journée du Tercian, du Zyprexa, du Laroxyl, pendant un an ils ont contrôlé mes contractions cardiaques à coups d’électrocardiogrammes mensuels parce qu’ils avaient peur que je leur claque dans les doigts, pendant un an ils ont surveillé mon poids sans pouvoir rien y faire, ils m’ont regardé passer de soixante-dix à quatre-vingts kilos, de quatre-vingts à quatre-vingt-dix kilos, de quatre-vingt-dix à cent kilos, de cent à cent dix kilos, et maintenant je suis obèse, je n’ai plus une seule envie, plus de sensations, rien, je suis indifférent à tout, il ne me reste plus qu’un désir, un seul : manger.
La brasserie du Soleil d’Or à ma droite : des flics et des magistrats en terrasse, qui profitent encore quelques instants du soleil avant de retourner s’enfermer dans un quelconque bureau. Le pont Saint-Michel à ma gauche : une horde de bus à deux étages, des vélos, des taxis, des machines qui m’agressent. Je traverse le boulevard du Palais, je joue des coudes pour rester sur le trottoir, je dépasse un groupe de touristes amassés autour d’un guide, téléphones tendus à bout de bras.
– Papa ! Papa !
Je me retourne, comme à chaque fois, parce qu’à chaque fois ça me surprend, parce que les voix des petites filles de dix ans se ressemblent terriblement : c’est le même chant envoûtant, presque note pour note, que celui qui m’appelait il y a six ans dans le métro rennais, mais là, quand je regarde derrière moi, il n’y a pas de Juliette, juste une gamine sans visage qui cherche son père dans la foule. Je sais pertinemment que ma fille aurait eu seize ans cette année, je sais qu’elle n’aurait pas eu la même voix, je sais que je dois encore faire des efforts, tous les jours, pour me battre contre les saloperies qui me gangrènent le cerveau, les médecins l’ont dit, les psychiatres l’ont dit, ma femme l’a dit, ma fille l’a dit, tout le monde l’a dit, mon cerveau est malade, je le sais pertinemment, mais pourtant à chaque fois qu’une fillette crie dans la rue mon premier réflexe c’est de me retourner, et là, enfin, pendant un millième de seconde, je sens la chaleur d’une joie immense envahir mon corps avant de redescendre brutalement vers les abîmes, dans un monde où Juliette est morte, morte pour toujours, définitivement morte.
Deux mille cent soixante-douze jours aujourd’hui qu’elle a disparu.
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La nuit, le froid, et puis les voix.
Les ténèbres qui disparaissent, lentement, les voix qui s’évanouissent avec les ombres, comme des fantômes qui auraient peur du jour.
Une heure que je suis dans la 406 et que je scrute les premiers rayons du soleil, là-bas, tout à l’est : les garants de mon retour dans le monde réel, enfin.
Encore une nuit constellée d’apparitions, de bruits, de voix, encore une nuit infernale et pourtant j’ai augmenté la dose d’antideps, j’ai augmenté la dose de stabis, mais non, à chaque crépuscule elles reviennent : la voix de Juliette, papa, où tu es, la vois de Zagreus, tu nous prends pour des bleus, hein, la voix de Kolia, celle de Guillot, celle de Marchand, celle d’Anaïs, celle de Justine, des tas de voix qui m’empêchent de dormir.
Une heure que je suis dans la voiture à me tourner, à me retourner, j’ai mal au dos, mal aux côtes, mal à la mâchoire.
Dans le rétro : mon visage, cabossé, plus d’attelle mais le nez de traviole, comme un boxeur.
Cabossé par les coups, cabossé par les doutes.
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