Décidément, je rôde ces temps-ci avec la religion catholique; après le roman de Durtal de
Joris-Karl Huysmans, c'est au tour de l'abbé
Arthur Mugnier, dont une note en bas de page dans le
Journal de
Jules Renard vantait le sien, rédigé de 1879 à 1939. J'ignorais alors qu'il avait été à l'origine du retour de Huysmans au catholicisme. Un prêtre mondain à l'enthousiasme débordant pour l'humanité, un confesseur débonnaire pour ses ouailles égarées, un médiateur recherché pour disputes entre écrivains,
l'abbé Mugnier dispense ses bons mots dans la société littéraire de son époque et assiste à tous les dîners auxquels il est convié par les duchesses et les comtesses qui l'adorent. « Ainsi rôde-t-il avec circonspection dans le jardin des plaisirs défendus, se gardant d'y roussir sa soutane, enregistrant ce qu'il voit ou ce qu'il entend avec l'impassibilité d'un agent de la bridage mondaine, la curiosité scientifique d'un anthropologue et l'innocence étonnée d'un enfant de choeur. » Un portrait vivant d'un ecclésiastique perspicace et charmant, amoureux des lettres, une vieille âme qui n'a jamais perdu l'espoir de voir l'humanité s'améliorer malgré les guerres répétées.
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