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Critique de kedrik


kedrik
07 septembre 2011
Je suis furax.
Les pyramides de Napoléon, ça sentait le nanard rien qu'au titre.
Mais avec la mention "Prix Pulitzer" en gros sur la couverture, je me suis dit "Waow, pour qu'un roman gagne le prix Pulitzer, c'est que c'est pas de la merde. La Route, Les extraordinaires aventures de Kavalier et Clay (pour ne citer que ceux que j'ai lus dans la catégorie Roman), si ce bouquin ne fait que les approcher dans la qualité, ça va être une bonne lecture."

500 pages plus tard, quelque chose m'échappe, c'est pas possible. C'est impensable que ce libre ait reçu le prix Pulitzer. Ou alors, il y a une faute de frappe et c'est le prix Sulitzer qu'il a gagné. Je m'en vais donc sur le site officiel de la fameuse récompense et je fais une recherche avec le nom de William Dietrich. Inconnu au bataillon. J'insiste et je finis par trouver une demi-réponse sous le nom de Bill Dietrich pour un reportage dans le Seattle Times en 1990, dossier co-signé avec trois autres confrères et traitant de la catastrophe de l'Exxon Valdez.

C'est donc ça. Un type gagne il y a 20 ans un prix journalistique avec des collègues et donc on a le droit d'écrire "Prix Pulitzer" sur tout ce qu'il écrit par la suite. La vache, quand je vous disais que les Mad Men me débectent...

Donc, en cette année 1798, Ethan Gage, ancien secrétaire de Benjamin Franklin, est à Paris et gagne au cours d'une partie de cartes un étrange médaillon égyptien. Après le meurtre d'une prostituée dont il est injustement accusé, Gage file rejoindre l'expédition du jeune Bonaparte qui a décidé de libérer l'Égypte de l'oppression des mamelouks (le beau mensonge d'État que voilà). Mais bien évidemment, le curieux médaillon n'est rien de moins que la clé du plus grand des mystères : celui des pyramides. Gage va donc tenter de décrypter le message codé que contient le bijou pour découvrir le plus merveilleux des trésors.

Dans le genre collection de clichés, ce livre bat des records. Évidemment, son héros est un franc-maçon, ce qui permet de faire du sous-Dan Brown avec tout un étalage de mystères à deux balles à propos de cette société secrète. le héros fait des rencontres fortuites hallucinantes :
- un espion anglais que personne n'est capable de capturer mais que lui croise par hasard,
- des Roms qui l'aident comme ça, pour le plaisir, gratuitement, parce que bon, un Américain en vadrouille dans le sud de la France, qui ne l'aiderait pas ?
- comme Napoléon, ça ne suffit pas, on y va aussi avec une entrevue avec l'amiral Nelson, parce que sinon, le who's who de l'époque ne serait pas complet,
- Cagliostro n'était pas disponible pour ce roman alors on a droit à un de ses successeurs en la personne d'un comte issu d'une branche noire de la Franc-Maçonnerie,
- le héros étant seul, on lui adjoint une mystérieuse mais belle esclave qui est en fait une prêtresse qui parle trois langues, fait la cuisine et tombe dans les bras du beau ténébreux américain,
- pour bien faire, il faut un érudit arabe, car ça fait bien mystérieux. Plutôt qu'il s'appelle Mustapha ou Ibrahim, l'auteur préfère le nommer Énoch et lui donner un surnom pas mégalo : Hermès Trismégiste.

L'intrigue ? La traditionnelle chasse au trésor, avec une équipe adverse qui essaye de doubler le gentil héros. le but n'est rien de moins que de trouver la raison d'être des pyramides. le tout à grand renfort de symbolique, de mathématiques (ces passages me font toujours penser au Pendule de Foucault quand Eco explique qu'on peut relier n'importe quel objet ou fait aux pyramides ou aux Aztèques dès qu'on tripatouille suffisamment des chiffres) et d'Histoire. On suit en plus la campagne d'Égypte de Nabulio, ce qui permet à l'auteur de faire péter sa science puisqu'il est historien. On croise donc les grands noms du moment et l'auteur se permet un procédé littéraire que je déteste : faire des prophéties historiques à rebours. Ainsi, regardant le général Dumas, un franc-maçon y va de sa prédiction : cet homme aura un fils qui fera de grandes choses... Au secours. Et je vous passe le recyclage de la suite de Fibonacci et du nombre d'or, ingrédients obligatoires de ce genre de livres.

Parce que vous m'êtes chers, je vais vous donner le fin mot de l'histoire afin de vous éviter de lire ce truc : la secret des pyramides, c'est que l'une d'elles cachait en son sein le livre de Thot qui donne les clefs de la maîtrise de l'univers. Je dis bien cachait, car quand le héros déboule dans la salle du trésor, le livre a disparu puisque Moïse l'a volé et est parti avec pour pouvoir traverser le désert pendant 40 ans et retrouver sa terre promise. Oui, le grand secret a été volé par des Juifs.

Détail de traduction rigolo, ce passage relevé par ma femme :
- Égyptien ? dit-il en roulant les r.

Bref, notre époque restera à jamais gravée dans l'histoire littéraire comme celle où les vampires mormons et le mystère du 13e évangile perdu des Cathares issus de la famille Romanov étaient nos seuls centres d'intérêt.

Ah oui, le livre se termine sur un suspens insoutenable puisque la belle esclave polyglotte fait semblant de mourir. La table est mise pour une suite, ça se voit gros comme le nez. Et un petit tour sur la page de l'auteur me le confirme puisque les aventures d'Ethan Gage ont à ce jour 4 tomes.

Je suis encore furieux du coup de marketing des éditions du Cherche midi, c'est vraiment du maquignonnage de bas étage que cette allusion au prix Pulitzer sur la couverture. En même temps, quand c'est Sterve Berry qui recommande la lecture de ce livre sur cette même couverture, je ne peux que m'en prendre à moi-même...
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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