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Critique de Julaye30


Les dévastés de Théodora Dimova est ma première immersion dans la littérature bulgare. le sujet est très intéressant. Je ne connaissais pas ce pan de l'histoire (à vrai dire, je ne m'étais jamais posée la question). J'ignorais que ce pays avait rejoint les forces de l'Axe pendant la guerre, devenant par conséquent un allié de l'Allemagne nazie (notamment pour l'invasion de la Yougoslavie et de la Grèce) et que malgré cette alliance, la Bulgarie n'avait pas déclaré la guerre à la Russie. C'est cette dernière qui lance l'offensive en 1944 en envoyant ses troupes ukrainiennes. Les troupes bulgares n'opposent pas de résistance, et le Front de la patrie bulgare, soutenu par l'armée rouge, fait un coup d'État le 9 septembre 1944. Quand les communistes arrivent au pouvoir, ils mènent une politique d'épuration de l'intelligentsia bulgare. C'est ce dont il est question dans ce livre : des victimes et de ceux qui leur survivent.

On découvre successivement l'histoire de trois femmes. Tout d'abord le personnage de Raïna, la femme de Nikola, éditeur et écrivain, emmené arbitrairement à la mi-octobre. Puis, Ekaterina, la veuve d'un prêtre orthodoxe qui rédige une lettre destinée à ses enfants du lieu de déportation où ils ont été conduits. Enfin, Viktoria, qui recueille Magdalena comme si elle était sa propre enfant, épouse d'un entrepreneur, lui aussi assassiné. Une tragédie, un lieu commun réunissent ces trois femmes (les scènes du cimetière sont bouleversantes), mais aussi la nostalgie d'une époque heureuse à Boliarovo. le récit passe parfois de la troisième à la première personne, ce qui donne l'impression de rentrer plus profondément dans les personnages.

Ce livre m'a transportée. En un mot : poignant. Une lecture prenante dont j'ai eu du mal à me détacher. L'écriture est agréable, quant aux liens qui se tissent entre les différents personnages au fil du roman, je les ai trouvés bien amenés. J'ai ressenti beaucoup d'émotions tout en apprenant sur ce pan négligé de l'histoire, sur ces victimes, qui, aujourd'hui encore ne sont pas reconnues par l'état comme elles le devraient.

C'est à la fois documentaire et empreint d'émotions. Un grand merci à l'équipe Babelio et aux éditions des Syrtes dont je découvre le travail éditorial.

"La mémoire manipulée a marqué de son empreinte notre présent."(extrait de la postface de l'auteure)
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