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Citations sur Oh, hippie days ! : Carnets américains (1966-1969) (4)

[...] ... Mi-juin 1969 :

La communauté de Vallejo Street est squattée par des gens qui trouvent le quartier moins malsain que le Haight Ashbury. Pas un ne travaille et les défonces vont bon train. Une seule question taraude les esprits : où trouver la meilleure dope ? et quand est-ce qu'on s'envoie en l'air ? et avec quoi ? Les conversations ne tournent plus qu'autour de cela. Moi, la dope, j'en ai ras le bol. Trop d'hallus, de paranos, de niaiseries soi-disant planantes. Trop de jours perdus, de gestes absurdes comme d'aller balancer mon matos photo au premier venu ... Alors, quand une fille m'a offert, avec un petit air de commisération, une capsule de MDA (anagramme de MAD ?), je l'ai balancée dans la première poubelle. Pour cette fille, c'était forcément un remède, une voie obligée. Elle avait même appelé ça un sacrement ... Sacrement, mon cul !

T'as des angoisses, bang, une capsule et terminé ... Pas besoin de réfléchir, de discuter, de confronter les points de vue, ni de mettre en oeuvre quoi que ce soit. Ils sont tous pareils, ces jeunes vétérans des années Ashbury, avec leur dialectique de la drug culture, cette nouvelle tyrannie, taulards d'une relation au produit, manipulés jusqu'à leur autodestruction terminale par ceux qui ont intérêt à les voir disparaître - eux, leurs communautés, leurs mouvements pacifistes, leurs élans libertaires, leur folie généreuse, leur dangereux amour, leur refus du monde de la consommation ...

Quand je rentre du boulot, épuisé, les mains maculées de peinture qu'il va falloir gratter, les vêtements et les cheveux imprégnés d'effluves de térébenthine le dos cassé, les yeux rougis, j'ai du mal à supporter ces assemblées de gens écroulés, en train de tirer sur leurs pétards, leur lenteur, l'odeur même de cette herbe qui n'est même pas de bonne qualité ... Shit, oui, elle porte bien son nom certains jours ... [...]
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[...] ... Jeudi 18 août 1966 :

Un couple de motards astique ses machines anglaises, une BSA Goldstar et une Triumph Bonneville, toutes deux bizarrerment équipées de pneus à crampons, comme des trails, sans doute pour explorer les chemins caillouteux qui remontent le long des canyons, entre Half Moon Bay et le Golfe de Monterey et plus loin vers le sud, tout au long de la Route One. Elle a le type indien, merveilleux effet d'un métissage pas si lointain. Et lui doit descendre de quelque Irlandais, avec son regard vert et son sourire de loup. Ils ont la beauté de Richard et Mimi Fariña [Mimi n'était autre que la soeur de Joan Baez], héros d'entre deux mondes, plus tellement beats et pas encore hippies, des voyageurs ancrés dans le mythe de la route, prêts à partir pour aller nulle part, juste sentir le vent, la vitesse, la mort toute proche dans un rush d'amphétamines.

Un grand barbu me propose une balade à Berkeley, de l'autre côté du Bay Bridge. "Are you happy ?" demande-t-il dans un grand sourire, en me malaxant l'épaule. "Uh ? Are you really happy ? Es-tu vraiment heureux ?", quelque part entre drague homo et politesse hippie défoncée. En roulant, je fais quelques photos de la traversée du Bay Bridge, de ses haubans et de cette route trop claire que l'herbe rend encore plus blanche. A Oakland, nous nous arrêtons dans une maison fréquentée par des Hell's Angels, qui ont tôt fait de réaliser que je ne suis pas le genre de gars avec lequel ils vont pouvoir passer un moment rigolo. En fait, je n'ai rien de hip, sinon une curiosité naïve qui surprend toujours. En revenant sur San Francisco, je réalise encore quelques photos surexposées de ce fascinant pont suspendu.

Valérie aussi aime bien me promener à travers la ville. Elle a tenu à me faire découvrir la librairie City Lights Books, de Lawrence Ferlinghetti, sur Columbus Avenue. Elle a ramené de France une 2 CV Citroën camionnette grise, ahanante, moche, mais totalement originale dans le contexte. En fait, la voiture la plus inadaptée aux toboggans de San Francisco. Elle grimpe en gémissant et en première les rues escarpées de North Beach, refuse d'en emprunter certaines, risque à tous moments de dévaler une pente sans freins et en marche arrière. Mais elle roule. Elle peut transporter les pots de peinture, les toiles, tout le matériel qui sert au travail de Valérie dans les studios de l'Art Institut, sur Chesnut Street. Valérie, frêle, arc-boutée au volant de sa 2 CV, est une des figures tutélaires de cet endroit paisible, à l'écart du tumulte du monde, indifférent aux bouleversements en cours dans le Haight Ashbury. ... [...]
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