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Critique de Liliseron


Si votre jauge de joie de vivre n'est pas au top ou que vous souffrez d'un mal-être existentiel caractérisé, je ne saurais que vous conseiller de passer votre chemin car la lecture de ce roman est légèrement plombante.

Toute la vie de M.-A. (en référence à Emma Bovary) est retracée dans ces pages : l'enfance solitaire et ennuyeuse, les études à Lyon vécues comme une échappatoire à la médiocrité parentale, le mariage avec François, agent d'assurance plan-plan, le job administratif chez un fabricant de meubles en zone industrielle au bout de l'autoroute, l'amant aux dents longues qui vient ponctuellement mettre un peu de piment dans la vie de notre héroïne mais qui n'envisagera pas de quitter sa femme (ah bon ???), les gosses, puis la retraite et son pendant inéluctable… le décès.

C'est un parcours de vie des plus banals qui est relaté ici mais tout le but de la manoeuvre est d'en démontrer l'immense vacuité, comblée autant que faire se peut par une consommation à outrance. Nouvelle cafetière, nouvelle télévision, shopping au centre commercial tout beau tout neuf le samedi, puis yoga, psy, humanitaire quand la satisfaction matérielle ne suffira plus… on sent bien que l'autrice a une dent (enfin, tout le dentier je pense) contre ce genre de personne, jusqu'à faire dire à M.-A. des horreurs histoire de la faire passer pour une idiote, du genre qu'elle aurait quand même bien préféré être otage quelque part plutôt que de vivre une seule journée de plus de sa vie morne et routinière.

Le choix étonnant d'écrire le livre à la deuxième personne du singulier renforce le côté « tribunal » du bouquin : « tu » as fait ci, « tu » as acheté ça, « tu » es un vrai mouton de la société de consommation, « tu » es complètement débile de déprimer parce qu'on t'a volé ta télé. Au final ça en devient vraiment caricatural.

Ce côté militant m'a laissée de marbre, voire même un poil agacée car c'est fait sans art et sans saveur, le pire étant que je suis du même bord ! La prose de l'autrice est en effet à l'image de ce qu'elle raconte : ennuyeuse. Plusieurs critiques ont relevé la ressemblance avec l'écriture plate et soporifique d'Annie Ernaux. Je n'y avais pas pensé mais je confirme qu'il y a une ressemblance ! La digression sur l'automobile insérée au milieu du roman en est l'illustration la plus frappante, quatre pages de description d'une simple voiture : le coffre, les pneus, le volant… Elle n'est ni drôle, ni intéressante, ni bien écrite, alors me vient en tête une question : à quoi bon ?

Donc souvenez-vous, vous qui avez acquis à grands frais une petite maison individuelle, vous qui posez vos fesses dans votre voiture tous les putains de matin de la semaine pour aller bosser, vous qui êtes bénévole au resto du coeur le samedi parce que vous avez rien d'autre à foutre de votre journée et que ça vous donne bonne conscience : vous avez des vies de merde et en plus, c'est de votre faute si le monde court à la catastrophe. Ne feriez-vous pas mieux d'en finir tout de suite, à l'image d'Emma Bovary, comme ça on n'en parlerait plus* ?

*Au choix : empoisonnement, « accident » de voiture, saut dans le vide, tranchage de veines, tête dans le four, pendaison, noyade, hara-kiri, arme à feu, explosif, émanations de gaz, doigts dans la prise… pour rigoler je vous conseille les livres d'Andy Riley « Le coup du lapin », ça fera passer une pilule décidément très difficile à avaler !
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