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Critique de nilebeh


L'auteur est né dans le Faubourg Saint Antoine. Il raconte l'extraordinaire histoire du faubourg, de Louis XI au 13 juillet 1789, au travers de l'histoire au quotidien de ses ouvriers du bois, maîtres ou compagnons, parfois des génies, et au fil de la vie de femmes brillantes ou non mais pour la plupart passionnées par le bois, de façon presque sensuelle, sensibles aux odeurs de la colle et des copeaux, à l'activité fébrile et créative des ateliers et au charme viril des artisans.
Les ouvriers du Faubourg ont toujours pu échapper au rude contrôle des jurandes, corporations toute - puissantes dans Paris et qui auraient voulu les placer sous leur coupe. Cette "franchise", renégociée de nombreuses fois au fil des siècles, leur a d'abord été accordée par Louis XI puis maintenue grâce à l'influence et à la bienveillance continues des abbesses du faubourg, véritables souveraines d'un petit royaume. L'abbaye Saint Antoine des champs (actuel site de l'hôpital Saint - Antoine) fut à la fois suzeraine, pourvoyeuse de travail, refuge en cas de troubles publics ou privés (elle recueillit ainsi plusieurs personnages meurtris par la vie). Les abbesses se sont succédé, chacune ayant à coeur de développer, enrichir, orner les bâtimets. de la rue de Reuilly à la Bastille, l'abbaye joue un rôle prépondérant dans les heures riches ou sombres du faubourg.
Mêlés à des personnages fictifs, souvent haut en couleurs, des artisans, des artistes, voire des génies du bois se succèdent, se marient, associent leurs familles, se forment auprès des maîtres ou lors du tour de France: Cottion et Thirion, les fondateurs, puis les grands noms de l'ébénisterie: André - Charles Boulle et ses fils, Oeben, Riesener, travaillent à l'amélioration du meuble, en créent de nouveaux (commode Boulle, bureau à cylindre pour le Roi par Oeben terminé par Riesener, table convertible en prie Dieu et secrétaire pour le prince infirme par Riesener). Les techniques évoluent, la marqueterie de métal (étain, or, argent) ou de produits précieux (ivoire, écaille, porcelaine) apparaît, des solutions ingénieuses sont trouvées (l'entretoise, pour renforcer les pieds des sièges devenus minces et élégants après les lours meubles "tournés" du style Louis XIV, les "systèmes"pour ouvrir et fermer d'une seule clef les tiroirs à secrets).
La vie de Paris trouble à peine celle du Faubourg, sauf quand un ébéniste est appelé au Louvre par le Roi et qu'ainsi les potins de la Cour alimentent les conversations; sauf bien sûr quand l'agitation gronde car le pain manque et que les ateliers voient leur activité se ralentir.

Des passages à noter: L'équipée d'Anne et de son mari Denis jusqu'en Italie, la mort de Denis au cours de travaux exécutés pour Jean de Bologne; la rencontre avec le Tintoret qui réalise le portrait d'Anne; le voyage de Rosine en Italie pour accompagner son mari afin de dérober aux Vénitiens le secret de la fabrique des glaces et miroirs.
Des femmes souvent de caractère, passionnées, marginales parfois pour leur époque.

Dans le quartier:
La création des manufactures de glaces rue de Reuilly, de papiers peints rue de Montreuil (voir au n°31 bis ce qui reste de la "Folie Titon", brûlée par la suite). Ce qui reste de l'abbaye Saint - Antoine des Champs: la chapelle dans l'hôpital, un blason de l'abbesse.
Le percement de la rue d'Aligre et de la place (où habitait Riesener), le marché Beauvau (du nom de l'abbesse de Beauvau - Craon, la dernière), avant la Révolution.
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