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Critique de Alfaric


Mine de rien j'ai trouvé ce tome 3 consacré au Jardin aux moines assez proche dans l'esprit du "Labyrinthe de Pan" de Guillermo del Toro, sauf que les forêts enchantées de la Bretagne remplacent les forêts enchantées du Pays Basque et que nous sommes au lendemain de la WWI et non de la Guerre d'Espagne.
6 décembre 1918 le lieutenant Ronan revient du front, et stoppé à l'orée de la forêt de Brocéliande il ne peut s'empêcher que malgré tout ce qu'il a vécu ce qu'il a le plus marqué dans sa vie ce sont les tristes événements qu'il s'y déroulé en l'an de grâce 1877... Nous sommes dans un album qui suit une structure en analepse, et nous suivons l'odyssée rurale d'un Club des Cinq dixneuvièmiste : Ronan est le fils d'un poivrot qui ne se souvient plus du visage de sa mère disparue bien des années plus tôt, Mabik croit que son père est mort en mer alors qu'il ressemble comme deux gouttes d'eau au curé local que ne lâche pas d'une semelle sa bigote de mère, Ewenn n'a jamais connu son père, marin américain de passage qui a engrossé sa mère rebouteuse restée célibataire, Marie la bourgeoise parisienne exilée à la campagne pour cause de maladie des poumons ne voit jamais le sien certes mais elle a bien compris qu'elle n'était que la bâtarde d'une courtisane fortunée... Avec le petit Kylian, ils trompent leurs malheurs en partant en expédition au Jardin aux Moines où on aurait découvert une cimetière de fées, et après moult péripéties réalistes viennent les péripéties fantastiques : dans le brouillard sylvestre le benjamin s'égare, et Ronan parti à sa recherche tombe sur les fantômes maudits du Seigneur Gastern et des siens qui ne lui rendront le petit que s'il entre en féerie leur ramener la Médaille de Saint-Gildas... Et dans le monde souterrain, il doit passer trois épreuves pour aller au bout de sa quête : un épreuve de ruse, une épreuve de courage et une épreuve de force morale. Mais comment un orphelin pourrait-il réussir là où même le héros Orphée a échoué dans l'Antiquité ?
Des enfants traumatisés, des familles brisées, une communauté endeuillée... Sortez vos mouchoirs malgré une fin totalement ouverte, car Ronan ne saura jamais ce qu'il est advenu de sa hache et s'il a été confronté au rêve ou à la réalité : Kylian a-t-il été dévoré par une bête sauvage, a-t-il été tué par un vagabond de passage, est-il mort de faim et de froid quelque part au fond des bois, ou nouveau Peter Pan haut comme trois pommes continue-il de jouer avec les fées, les lutins et les dragons du monde souterrain ?

Au fond de la Boîte de Pandore reste-il encore l'espoir ? le scénariste Nicolas Jarry nous offre un histoire d'une grande beauté mais aussi d'une grande tristesse. le dessinateur Djief qui n'a cessé de s'améliorer depuis ses premières planches est ici en grande forme et ses réalisations sont sublimées par le travail d'Élodie Jacquemoire qui est l'une des meilleures coloristes de la profession, qu'on se le dise !
Je peux à peine reprocher un équilibre qui aurait pu être optimisé, mais c'est sans doute dû essentiellement au format du stand alone : la mise en place réaliste est assez longue par rapport au développement des éléments fantastiques, d'autant plus qu'on passe assez vite du réel à l'irréel, et les auteurs développent un beau message sur le deuil, la culpabilité et la nécessité de se reconstruire (les spécialistes parle de résilience, mais je trouve ce terme technique inapproprié aux souffrances humaines qu'il recouvre), mais au vu du format je ne sais pas s'ils en font trop ou trop peu (comme par exemple les pages consacrées au récit inventé par Ronan pour réussir l'épreuve du lutin qui finalement ne sont pas loin de la métaphore psychologique).
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