AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de le_chartreux


Je me souviens avoir été attiré fortement par ce livre. Comme par un phénomène d'attraction physique inexpliqué mais naturel, comme une évidence…
Je l'ai saisi et ne l'ai plus relâché. Pourquoi ? Je n'en sais plus les raisons et les circonstances exactes, mais c'est comme dans toutes les rencontres, une partie de la vie nous échappe à un moment précis et on se retrouve à vivre avec quelqu'un… à découvrir un musée d'art contemporain… à ouvrir un livre sans que l'on se soit dit : « Tiens ! Aujourd'hui, je vais aimer, voir, ou bien lire cette oeuvre… et, je l'ai décidé, cette rencontre va bouleverser ma vie ! » Non, c'est juste ainsi.
Tout au début de ma lecture, je ne ‘sentais' pas vraiment l'écriture d'Anthony Doerr… Elle me paraissait construite de petites phrases, simples, voir malhabiles… Mais très vite j'ai été happé par ses personnages et par son style. Très vite j'ai voulu mieux connaître Marie-Laure et son père, veuf et habile serrurier à la Grande Galerie de l'évolution… Très vite, j'ai voulu savoir quels sorts étaient réservés au jeune Werner et à sa soeur Jutta, orphelins de la Ruhr… Au grand-oncle de Marie-Laure, cet aïeul formidable, à Frederick, l'ami de chambrée de Werner…
Du Paris de l'occupation à la libération de Saint-Malo, de la guerre de 1939-45 aux années 1970, puis dans une Europe contemporaine, l'auteur nous emmène à travers le temps et l'espace pour nous décrire la vie de ses personnages violentés par l'existence. Et l'on vit cette épopée à travers le regard de Marie-Laure, aveugle et clairvoyante, par les yeux de Werner, surdoué de l'électronique, et ceux de Jutta, jeune fille capable de garder toute sa raison dans une Allemagne devenue folle, et par le regard d'autres jeunes allemands, et d'autres adultes, certains courageux, d'autres cupides et veules.
C'est la grande force de cette lecture humaniste ; donner à chaque personnage son point de vue et faire en sorte qu'on ressente la composante de chacune de ces visions comme un bel ensemble coloré, une toile composite aboutie et puissante. Comme autant de vecteurs concourent à faire une force tellement plus importante.
C'est un roman kaléidoscope, parfois gris, vert-de-gris et même anthracite, mais jamais noir… Souvent vieil-or et pourpre avec par moments des éclats éblouissants d'un jaune vif solaire et chaud, mêlé ça et là de quelques paillettes vermillon, et chacun de ces éclats sont nimbés d'azur et de bleu de France… Et, comme souvent, l'humanité s'en tire grâce aux arts, grâce à un regard élargi et humaniste et grâce aux femmes qui savent si bien rétablir l'équilibre.
J'ai reposé ce livre tant de fois. Davantage pour m'imprégner de l'instant présent et de la force de cette oeuvre que par lassitude. Mais je l'ai vite repris et dévoré !
Commenter  J’apprécie          130



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}