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Un livre retenu après un billet babelionien, puis acquis par hasard peu de temps après sur un stand de seconde (voire plus) main. Quand le hasard s'impose, il ne reste plus qu'à le suivre...
Ce "roman autobiographique" s'articule autour de saynètes de vies du narrateur sans relations directes entre elles, ressemblant plus au journal d'un junkie autour d'un unique thème, sa drogue.

Dans ce marasme humain et social surnage la volonté de survivre tout de même, malgré tous ces horizons bouchés, une vie au jour le jour, sans projection sur le lendemain, dans un environnement de zones en déshérences de la Russie du nord.

Le narrateur décrit avec une remarquable lucidité les conditions de vie d'un junkie déclassé, marginalisé, et évoque cliniquement les bassesses, compromissions et trahisons qui la rythment.
Et l'ensemble est féroce, rempli d'humour distancié et grinçant, noir et froid, sans l'once d'un début d'auto-apitoiement. Et aucun regret non plus.

Par contre le livre reste d'un intérêt inégal, un peu décousu, inhérent au style "recueil de nouvelles". Pour moi la premiere est la meilleure et la plus surprenante.



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Trainspotting à la sauce russe. Ces douze nouvelles ont pour narrateur un jeune camé de Saint-Pétersbourg. Dans ces récits, les montagnes russes de la poudre blanche sont décrites à chaque étape : l'euphorie et l'apaisement qui suivent l'injection, la forte dépendance physique et psychique, les états de manque insupportables, les tentatives avortées de désintoxication, les overdoses. La drogue est une excellente porte d'entrée dans les bas-fonds de la société russe. Le narrateur a les amis les plus atypiques, accepte des boulots insolites, cherche à obtenir par tous les moyens l'argent qui lui permettra d'acheter la prochaine dose et fréquente des trafiquants aussi ingénieux que redoutables. C'est sinistre, glauque et… souvent drôle. Notre héros deviendra régisseur d'un spectacle pour enfants improbable, taxi pour animaux domestiques ou apprenti gourou… L'auteur livre des considérations acérées sur la Russie contemporaine. C'est un observateur lucide qui livre un portait sans fard de la société russe. On comprend aussi en le lisant combien la dépendance à la drogue peut isoler du monde. Aussi le sursaut pour s'en sortir n'est-il pas médical ou psychologique. Seule l'empathie peut permettre de s'arracher de cette addiction pour regagner la communauté des hommes. Dernière remarque, Andreï Doronine est un conteur de grand talent et ses nouvelles, tragiques et déjantées, sont un plaisir de lecture.
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♫ You go back to her ♪
♪ And I go back to ♪
♫Black, black, black, black, black, black, black ♫

Avec un titre pareil, il m'était impossible de ne pas penser à la chanson d'Amy Winehouse "Back To Black" que j'adore.

Ce roman est composé de 12 nouvelles et pour une fois, je ne pourrai pas dire qu'elles n'en disent pas assez ou qu'il manque quelque chose puisqu'elles sont en fait des tranches de vie d'un camé.

Trainspotting à la sauce russe ? Oui, tout à fait… La vie des camés est décrite sans concession, sans filtres et c'est glauque, violent, sordide, surtout lorsqu'on s'aventurera dans les bas-fonds de la vielle de Petersbourg.

Par contre, je n'ai pas ri ! Il n'y a rien de risible là-dedans, même si nous sommes souvent face à des situations cocasses, mais elles donneraient plus envie de pleurer devant cette déchéance humaine.

Si je vous parle de rire, c'est parce que sous le 4ème de couverture, il était noté en commentaire : "La noirceur de Transsiberian back to black n'a d'égal que sa légèreté. J'ai rarement autant ri à la lecture d'un texte violent et sordide".

Là, ne comprends toujours pas car aucune situation ne m'a fait sourire, malgré l'autodérision du narrateur qui n'est jamais que l'auteur qui nous raconte sa vie de drogué, sa vie d'avant.

Pire, si la première histoire m'a plu, le reste m'a plutôt ennuyé, n'arrivant pas à l'attacher à un personnage, même le principal et j'ai fini le roman en sautant des lignes et des paragraphes.

Un roman noir très glauque, cash et trash, rempli de déchéance humaine, d'une vie à se traîner car sous l'emprise de la drogue, à vendre son âme, pour un peu de fric, à ne plus ressembler à un Homme tant la spirale infernale de la poudre blanche les tient dans ses rets.

Ne cherchez pas la lumière, il n'y en a pas. le récit a indigné des gens car ils ne comprenaient pas comment l'auteur pouvait parler avec autant de légèreté de la drogue.

Malheureusement, il ne m'a pas donné l'ivresse attendue, je n'ai pas plané avec lui. J'aurais peut-être dû le sniffer ou lieu de me l'injecter…

Allez, au suivant !

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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« Thoka, un petit mec trapu, gagnait son fric de manière extravagante – attaquant dans le dos des passants isolés, en les assommant par-derrière avec des chats gelés à mort et durs comme de la pierre. »
De l'argent, il faut bien sûr en gagner pour pouvoir s'acheter de l'héroïne ou n'importe quel substitut un tant soit peu valable. Et si les températures glaciales de l'hiver du nord de la Russie aident d'évidence à trouver des moyens originaux de le faire, il n'en demeure pas moins que la quête reste difficile ; presqu'autant que les tentatives plus ou moins résolues de réhabilitation.
C'est de ces expédients, de ces tentatives tragicomiques pour trouver de quoi se shooter, pour trouver de l'argent pour se shooter ou pour trouver la force de ne pas se shooter, dont parle le livre d'Andreï Doronine à travers des tranches de vies, des anecdotes carnavalesques qui exposent une réalité tout à fait triviale.
« "Comment peut-on plaisanter sur les drogues ? C'est horrible, horrible !" L'indignation des inconnus se sentait à chaque signe de ponctuation. Si les traitements de texte avaient pu traduire les sentiments, alors chaque lettre dans le courrier que je recevais à l'époque aurait été entourée trois fois et, à la place des signatures, se seraient étalées les marques noires de la forme d'un crâne et de deux tibias croisés de poulet. » écrit Doronine en ouverture de Transsiberian back to black, avec, n'en doutant pas, une certaine satisfaction à voir ses concitoyens s'offusquer certainement moins de l'humour avec lequel il aborde le sujet que le fait que celui-ci ne soit abordé ni par le biais de la condamnation de la drogue et de ses consommateurs ni par celui de la plainte déchirante doublée d'une saine contrition.
Car Transsiberian back to black n'a rien d'un plaidoyer contre la drogue, ni non plus d'un récit édifiant destiné à en détourner le lecteur, quand bien même ce dernier aura sous les yeux le portrait de la déchéance, de la perte d'estime de soi, de la trahison et de la rupture progressive avec tout ce qui pouvait compter avant l'addiction. Doronine se contente de raconter sans affèteries, d'une manière brute – qui n'exclut d'ailleurs pas dans la recherche d'une certaine épure de l'écriture, une véritable ambition littéraire – le quotidien du drogué saint-pétersbourgeois par le prisme de ces tranches de vie, et parfois de mort, abordées par le prisme d'une autodérision qui, pour être salutaire, n'en porte pas moins une certaine gravité. On rit donc, et même parfois très franchement, à la lecture de ces histoires rocambolesques, mais elles laissent aussi un arrière-goût amer pour ce qu'elles révèlent de la rudesse de ce quotidien et du fonctionnement violent d'une société dans son ensemble. Les chapitres consacrés au théâtre pour enfants dans lequel se fait embaucher le narrateur ou à l'hôpital sont sur ce point édifiants.
Noir, violent, hilarant, porté par une écriture d'une rare efficacité sans être « sèche » pour reprendre l'axiome à la mode, Transsiberian back to black est une lecture aussi rugueuse que subtile et réjouissante.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Etre toxico à Saint-Pétersbourg au milieu des années 90. Pas simple. Pas simple de trouver sa dose, de trouver de l'argent, de gérer le manque. Tous les coups sont permis, toutes les compromissions, les lâchetés et trahisons possibles. Tokha agresse les passants en les frappant par derrière avec des chats congelés par le froid hivernal. Youkla, elle, ramène dans son appartement des pauvres types complètement bourrés croisés en boîte avant de les droguer et de prendre des photos compromettantes afin de les faire chanter. Marin est plus direct, du genre à arracher les boucles d'oreilles de ses victimes en embarquant leur lobe. le narrateur de ces nouvelles, aussi irréversiblement accro que ses comparses, est le seul à bosser. Il multiplie les petits boulots, dans un théâtre, une télé locale, ou en jouant au « taxi vétérinaire » pour véhiculer les animaux malades de clients aisés. L'argent gagné (ou extorqué) sert à financer les injections quotidiennes d'héroïne et tous s'enfoncent chaque jour davantage, conscients de la chute finale à venir mais incapables de stopper la spirale infernale dans laquelle ils ne cessent de sombrer.

Andreï Doronine raconte sa vie de drogué, sa vie d'avant. Une vie bête et méchante. Une vie pathétique faite de souffrance et de douleur pour quelques instants de plénitude. Une vie passée à abandonner toute dignité, toute hygiène, toute illusion. Une vie de galère, pitoyable, misérable, violente.

L'autobiographie, à peine romancée, est trempée dans une autodérision et un humour noir qui peuvent choquer : « Comment peut-on plaisanter sur les drogues ? C'est horrible, horrible ! ». Doronine a reçu beaucoup de lettres de lecteurs indignés par sa légèreté de ton. Heureusement, il n'en a rien eu à cirer et a continué à tracer le sillon d'une tragi-comédie minable et désespérée, « sans la moindre sentimentalité inutile ». Alors oui, ça pique, et pas seulement parce que l'aiguille s'enfonce dans la veine. Mais il y a dans son écriture une urgence teintée d'ironie qui raconte la déchéance avec une forme de distance évitant le misérabilisme, évitant surtout à l'auteur de s'appesantir sur son sort. C'est cash, trash, sans concession, nihiliste. Les écrivains punks ne sont pas morts. En Russie du moins.

Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Les aventures tragi-comiques d'un jeune toxico à Saint Pétersbourg. Une série de courts chapitres racontant le quotidien d'un homme à la recherche de sa "dose".
Le récit est manifestement très autobiographique, sans jugement ni doléances.
Voilà comment cela se passaient mes journées de toxicomane nous raconte l'auteur.
Autant dire que cela n'est pas toujours simple ! Les errances avec les compagnons d'infortune, le manque d'argent, l'entourage qui a fui etc...Cela pourrait être sordide mais il y a tant d'humour et d'excentricité (typiquement russe) que cette lecture fut un vrai plaisir !
Entre celui qui vend son héroïne dans un marché d'animaux en l'accrochant aux ventres des hamsters, celui qui assomme les passants qu'il entend dépouiller avec des chats congelés, celui qui fait garder sa voiture remplie de came par les flics etc Il y a de nombreuses anecdotes du même style qui font de cette lecture un vrai moment de plaisir.
Un univers déjanté, drôle et une belle écriture, je conseille !
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Récit autobiographique d'un junkie de Saint Petersbourg, ce livre est une succession de tranches de vies, d'anecdotes rocambolesques racontant le quotidien du narrateur et de ces acolytes.
Chaque jour il faut trouver de l'argent, il faut trouver de la drogue, il faut gérer le manque.
Un Trainspotting russe, sinistre, acide, parfois loufoque qui ne cache rien de la noirceur, du pathétisme et de la déchéance à laquelle conduit l'addiction. Sous des températures glaciales, les aventures s'enchaînent sous forme de courts chapitres, indépendants les uns des autres.
Malgré une bonne dose d'humour et d'autodérision, difficile de ne pas se sentir oppressé par la violence des bas fonds russes.
Récit d'une vie sans foi ni loi (sauf celle de la drogue), ne cherchez pas la lumière entre ces pages, il n'y en a pas.

Sur ce, je pense que je vais lire une belle histoire d'amour bien gnangnan pour me remonter le moral.
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L'humour et le cynisme sont parfois les seuls moyens de défense dans un monde sans autre loi que celle de la survie.
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Recueil de nouvelles. Thème : toxicomanie. Ton : humour noir, très noir.

Comme le dit son éditeur russe, Doronine n'a de place dans la littérature russe que dans son ghetto. C'est un auteur qui n'a certainement rien pour devenir culte. Une oeuvre de niche, retournée sur elle même comme cette apathie que développent ses personnages addicts, ancrée au présent comme un toxico toujours dans la perspective de son prochain shoot, viscérale comme le manque qui tord les boyaux…

Même si Doronine ne réinvente pas la littérature "stupéfiante", il n'en a pas moins la seringue aiguisée. La quête alchimique du prochain shoot est filée de nouvelle en nouvelle, itérée savamment dans un kaléidoscope d'expérience : on se perd dans les steppes glaciales pour trouver un chaman guérisseur, on usurpe l'identité d'un gourou pour obtenir ses doses, on fait une passe ou deux passes déplaisantes, on collectionne les délires d'une réalité altérée, on se fait une virée au plus high de la montagne, on encaisse l'argent de quelques chiens assommés, on passe par la case désintox – en vain.

Chaque nouvelle nous fait sourire devant ses situations rocambolesques, presque grotesques, mais qu'on imagine toujours crédibles. Notre mâchoire se crispe, notre corps se tétanise quand la lecture nous offre ses moments de violence déshumanisée de toute morale – protecteur des animaux s'abstenir ! Doronine n'hésite pas à ajouter un soupçon de surnaturel dans sa formule pour faire décoller ses textes de manière plus métaphysique. Mais ne vous faites pas trop d'illusion, pour un drogué qui arrive à décrocher, combien gravitent encore au sommet ?
Lien : https://disappearagain.wordp..
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