AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Krissie78


« Crime et châtiment » est le cheminement intellectuel de Rodion Raskolnikov, étudiant à Saint Pétersbourg, tombé dans la pauvreté, qui commet un double crime : l'assassinat d'une usurière et de sa soeur. Fiodor Dostoievski y trouve le prétexte pour développer certaines théories qui avaient cours en Russie à la fin du 19ème siècle et certaines réflexions nées de son séjour au bagne.

Son crime, Raskolnikov l'a pensé, prémédité, tout du moins l'assassinat de la vieille prêteuse sur gage. En l'éliminant il est persuadé de rendre service à l'humanité. Partant de là ce n'est pas un crime mais un acte de bienfaisance commis par un être supérieur. Par contre l'assassinat de la soeur de la vieille n'était pas prévu. Incident qui va jeter Raskolnikov dans le trouble.

C'est un Rodion malade que nous rencontrons au début du roman. Mal logé, mal nourri, sans revenu, vêtu de guenilles il décide de vendre ses derniers biens pour quelques kopecks. Comme tous les habitants de son quartier il survit plus qu'il ne vit. Fiodor Dostoievski dessine une remarquable peinture de la société, de ce peuple mal-né, plongé dès la naissance dans la pauvreté sans espoir d'en sortir. Même les classes moyennes peinent à mener une vie tranquille. Ne voulant pas dépendre de sa mère et de sa soeur Rodion traîne sa culpabilité d'avoir abandonné ses études tout en refusant à qui que ce soit de l'aider, et principalement à sa mère et sa soeur. C'est le portrait de la déchéance humaine qui est fait à travers lui. Après son acte, dont il ne tirera aucun bénéfice, il sombre pendant des jours dans un état émotionnel et psychologique chaotique.

Ce chef-d'oeuvre de Dostoievski est un roman psychologique intense. Il décrit l'esprit tourmenté de son héros. Car Raskolnikov est persuadé d'être un homme exceptionnel, au même titre que Napoléon qu'il admire. Ainsi il croit à une théorie qui veut que les lois ne soient pas les mêmes pour ceux de son type. Son intelligence et son destin en font un être au-dessus des autres. En conséquence son geste n'est pas un crime, ses motivations le plaçant au-dessus des lois du commun des mortels. Son entourage, le déroulé de l'enquête, la maladie, l'évolution de sa relation avec ses proches, la rencontre avec Sonia, une jeune femme nécessiteuse qui se sacrifie pour sa famille, autant d'éléments qui vont mener Raskolnikov vers la rédemption.

La qualité des descriptions des personnages, de leur psychisme, des conditions de vie, des paysages, des atmosphères, autant de points forts de l'écriture de Dostoievski qui font, avec la qualité de la traduction de D. Ergaz (pour l'édition que j'ai lue), l'intérêt de ce roman. Construit en 6 parties, jouant des rebondissements (on dirait des cliffhangers), l'oeuvre se lit facilement et avec grand plaisir, malgré un petit ralentissement dans les parties 4 et 5.

La personnalité complexe de Raskolnikov nous entraine dans une réflexion sur la condition humaine, sur la conscience morale et le poids de la conséquence de nos actes. En révolte contre la société dans tous ses aspects, Raskolnikov finira par accepter son châtiment pour retrouver le chemin du monde des hommes, notamment grâce à Sonia, l'ange qui le mènera vers la rédemption.
Commenter  J’apprécie          334



Ont apprécié cette critique (32)voir plus




{* *}