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Critique de FaisantMal


Après avoir lu (et adoré) « Crime et Châtiment », mon choix s'est arrêté sur « L'idiot » pour ce second rendez-vous avec Dostoievski. Ce qui m'avait ébloui dans « Crime et Châtiment » c'est cette capacité qu'a cet auteur à nous faire littéralement « entrer » à l'intérieur de l'esprit de ses personnages principaux. Ou bien est-ce eux, à l'inverse, qui entrent à l'intérieur de notre esprit, qui le possèdent pour un moment ? Toujours est-il que, dans mon cas du moins, il y a cette communion avec les personnages qui se présente de façon tout à fait particulière quand je lis Dostoievski et cette magie se retrouve aussi dans ce livre.

Cet ouvrage donc, démontre le génie de Dostoievski dans ce qu'il a de plus fascinant. Tel un explorateur de l'âme humaine, il a créé un personnage démesuré, le prince Mychkine, qu'il utilise tel un prétexte pour dépeindre les conséquences d'un idéalisme christique poussé à l'extrême et faire ressortir les contradictions de la société russe de son époque. Dostoievski a pris soin de camper son personnage, son type de personnalité et ses antécédents de façon à rendre crédible son tempérament particulier. Souvent traité d'idiot, le prince est plutôt un être complexe, intelligent, rêveur, doté d'une grande sensibilité émotive et totalement incapable de transgresser ses propres valeurs.

En fin psychologue qu'il était, Dostoievski est capable de décrire les tourments vécus par ses personnages d'une façon pour le moins troublante. Anxiété, angoisse, culpabilité, exaltation, compassion se succèdent constamment chez le prince, ce qui nous fait ressentir sa grande humanité, nous ramène à nos propres expériences, à certains traits de personnalité que nous reconnaissons à la fois en nous-mêmes et en ceux que nous côtoyons.

Lire et apprécier « L'idiot » ou, je suppose, tout autre écrit de Dostoievski n'est certes pas facile. En premier lieu, l'ambiance sombre et tourmentée de ses ouvrages peut certainement être difficile à supporter pour certains (j'en connais qui en ont été rebutés). Personnellement, je n'en lirais pas plusieurs de suite. Il faut attendre le bon moment, être prêt à s'investir émotivement et on peut s'en retrouver un peu chamboulé. Je suis convaincu qu'au final cependant, il y a un certain cheminement personnel qui se produit.

Sur une note plus pratique, la seconde difficulté vient du grand nombre de personnages qu'on retrouve dans l'histoire et… du grand nombre de noms que possèdent chacun de ces personnages. Chaque personnage a au moins trois noms et Dostoievski se fait un malin plaisir à utiliser en alternance des diminutifs pour presque chacun d'eux (un personnage peut donc avoir jusqu'à six noms… comme tout bon Saguenéen j'exagère un peu, mais à peine). Ajoutons à cela notre incapacité à se faire une idée de la consonnance de ces noms russes et on peut facilement se retrouver incapable de suivre, ne serait-ce que les grandes lignes de l'histoire. Pour s'y retrouver, je vous recommande de dresser au préalable une liste des personnages et vous y référer au cours de la lecture. L'article Wikipedia de chacun des livres contient une liste des personnages toute faite d'avance avec une brève description des liens familiaux ou autres qui les unissent. de cette façon, on peut mieux se concentrer sur l'oeuvre et en saisir toute les subtilités.

En conclusion, une lecture satisfaisante au plus haut point pour qui désire s'y investir véritablement. Si vous êtes prêt à sonder les abysses de l'existence humaine, Dostoievski est un maître et cet ouvrage vous comblera.
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