Une histoire de folie, de conflit intérieur qui dédouble le héros Goliadkine, petit fonctionnaire sans envergure : son double ne le quitte plus dans sa vie quotidienne à Saint-Petersbourg. Situation absurde, mais aussi cocasse, rien ne lui est épargné, l'entraînant dans une spirale paranoïaque qui le mènera à l'asile.
S'agit-il d'un sosie ou d'un fantôme imaginaire issu de son cerveau dérangé ?
La question, laissée à la libre interprétation du lecteur, peut être élargie, me semble-t-il à une préoccupation plus large, que
Dostoïevski affectionne : Où se trouve la frontière entre Délire et Réalité ?
Ceci rappelle inévitablement Bachmatchkine, le fonctionnaire étriqué du Manteau de
Gogol ,
Gogol et ses nouvelles fantastiques qui a influencé toute une génération d'auteurs russes, dont bien sûr
Dostoïevski, comme en témoigne cette nouvelle.
L'irrationnel et l'incertain, la contradiction, l'impulsion jouent un rôle essentiel pour lui dans les réactions humaines, ce sont des thèmes récurrents dans nombre de ses oeuvres. Cette nouvelle, oeuvre de jeunesse, l'illustre déjà très bien me semble-t-il.
Un seul bémol de taille : l'écriture n'est pas toujours aussi limpide que ses grands romans ultérieurs que j'ai lus avec beaucoup plus de plaisir, en particulier le chef d'oeuvre "
Crime et Châtiment " ; mais surtout, le récit aurait pu , à mon humble avis, être raccourci. C'est la première fois que je ressens un peu d'ennui à la lecture d'une oeuvre de cet immense écrivain. Désolée, Fedor !
Si on doit retenir une seule de ses oeuvres, ce n'est certainement pas celle-ci, néanmoins, comme il le disait lui-même dans le " Journal d'un écrivain " des années plus tard : " l'idée en était assez lumineuse ".