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Critique de Yukiio


A ce jour, je n'avais jamais lu d'ouvrage faisant état d'une névrose de façon si remarquable. Les Carnets du Sous-Sol mettent en exergue une écriture frénétique en immergeant le lecteur jusqu'au bord de la noyade. L'auteur fait part d'un combat incessant entre l'intériorité du narrateur que la symbolique du sous-sol vient matérialiser, et l'extérieur vécu comme une réalité profondément aliénante. Entre ces deux pôles, un gouffre au-dessus duquel une corde raide serait l'objet de toutes les tensions du personnage, gouffre qui s'ouvre dès les premières lignes dans un vertige à la croisée de questions existentielles, philosophiques, ethnologiques, et psychanalytiques avant l'heure.
Ce que je retiendrai du livre, c'est la grande question universelle de la liberté qui taraude les Hommes : quelle est la joie pour eux de s'aliéner dans le réel (qui plus est empirique) d'une société qui les bride ? Moi affranchi contre Sur-Moi rigide et inflexible, c'est là tout l'art de Dostoïevski de créer des situations entre ces deux pôles, situations dans lesquels des personnages mettent en relief la division d'un homme terrassé d'abord par lui-même. La "dialectique de la déviance" selon le titre de l'article de Louis-Thomas Leguerrier condamne une situation sans issue, et le critique affirme par les mots de Lukacs « [...] le tragique d'un homme qui vit directement, au plus profond de lui-même, ce qui est seul essentiel, mais qui ne peut qu'échouer de la plus pitoyable façon sitôt qu'il se heurte à la moindre réalité extérieure.»
Vous l'aurez compris, Les Carnets du Sous-Sol tentent de désaxer les lois statiques du réel par les faits et gestes déroutants et désespérés d'un protagoniste tout à fait conscient de la folie qui le guette. A lire absolument.
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