AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fabienne2909


Elle est tatouée, elle est punk, elle est lesbienne… et elle est nonne. Avec Soeur Holiday, ça déménage !

Et quand certains prennent la chanson « Allumer le feu » au premier degré et réduisent en cendres l'école catholique San Sebastian qui dépend de son couvent des Soeurs du Sang sacré, provoquant la mort de Jack, son ami gardien, Soeur Holiday en fait son personal Jesus, euh non pardon, une mission personnelle.

En effet, malgré ses allures de rockeuse, plus de poudre que de diamant, Soeur Holiday est très attachée à l'ordre, mené par la douce Soeur Augustine, qui l'a recueillie quand sa vie a explosé en plein vol, et elle s'est juré de tout faire pour que la confrérie retrouve sa tranquillité. Et qu'à titre personnel elle puisse retrouver sa vie désormais routinière, faite de prières et de cours de guitare à des adolescents réfractaires (et je ne ferai pas de référence à un certain film, même si c'est tentant), à laquelle elle commence à se faire, après un an de noviciat.
Sauf qu'à force de la ramener auprès de la police qu'elle juge inefficace, et de se démarquer par son allure peu orthodoxe, elle risque d'entrer dans la liste des suspects…

Margot Douaihy propose ainsi, avec « Repentie » (choix de titre accrocheur certes, mais il me semble qu'il aurait été plus pertinent de jouer avec le titre original, « scorched grace », puisque le premier terme, qui se traduit par « ardent », s'applique aussi en français à la foi comme au feu) un polar à la trame classique, mais relevée par le piment Soeur Holiday, personnage hors normes, ce que des personnages secondaires bien troussés comme Soeur Honorée, une soeur de la confrérie aigrie qui la déteste lui font bien sentir. En effet, malgré sa foi elle ne cadre pas du tout avec l'image qu'on se fait d'une nonne classique (disons qu'elle est plus proche de Marie-Thérèse des Batignolles, l'une des héroïnes de Fluide glacial que de Soeur Sourire, hormis la vie difficile), elle est grande gueule, elle est déterminée mais malgré tout cela elle est attachante dans sa volonté de s'intégrer et de s'améliorer pour oublier ses traumatismes séculiers et vivre à l'image de sa foi. Et c'est malin de la part de Margot Douaihy de la placer à la fin de son noviciat, avant qu'elle ne prononce ses voeux définitifs, car un certain humour se dégage des hiatus entre ses réactions laïques et ses obligations religieuses de bonté perpétuelles (savoureuse scène où elle se venge à coup de règle d'un de ses élèves rencontré dans la rue !).
L'intrigue se déroule à La Nouvelle-Orléans, très bien dépeinte dans son atmosphère excentrique et parfois étouffante, à la pauvreté et à la violence diffuses, ce qui rajoute pour moi française une petite dose d'exotisme bienvenue.

Le sujet de ce roman, une soeur punk et lesbienne repentie qui mène l'enquête, choisi dans le cadre de la masse critique Mauvais genres d'octobre, était ainsi à double tranchant : soit ça passait avec un roman à mille à l'heure et détonnant, ou ça cassait avec un récit outrancier et mal fichu. Et force est de reconnaître que ça passe plutôt bien, c'est bien écrit, l'autrice multiplie les fausses routes, si bien que j'ai dévoré le roman en une journée. Est-ce le premier tome d'une série ? Je prie pour !

Amen donc à Babelio et à HarperCollins pour ce roman reçu en masse critique. Allez en paix !
Commenter  J’apprécie          342



Ont apprécié cette critique (34)voir plus




{* *}