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Critique de Fandol


Il est tellement important de ne pas oublier et surtout de rappeler ces événements terribles qui se sont produits en Europe, près de chez nous, en Grèce, il n'y a pas si longtemps, en 1967. Avec Ne pleure pas sur la Grèce, Bruno Doucey le fait en mettant d'abord l'accent sur la poésie sans négliger le tragique.
Avec un immense talent, Bruno Doucey fait donc revivre l'instauration d'une dictature, celle des Colonels, le 21 avril 1967. Il faudra attendre 1974 pour que cesse le cauchemar.
En quelques jours, des milliers de personnes sont arrêtées, emprisonnées, torturées, éliminées pour une part d'entre elles, parce qu'elles sont communistes, socialistes ou simplement favorables aux idées prônant la liberté, le partage des richesses et un égal accès pour tous à la culture.
Au même moment, à Paris, un jeune homme originaire de Lyon, Antoine, est recruté par Claude Durand, éditeur, pour travailler avec Aris Fakinos et Clément Lépides, à l'élaboration de ce qui sera le Livre noir de la dictature en Grèce.
Antoine est amoureux de Fotini qu'il a connue lors de vacances en Crète, l'année précédente. Elle lui a parlé de Yannis Ritsos (1909-1990), un poète dont elle étudie l'oeuvre. Avec ces éléments, plus un subtil lien avec tous ces réfugiés qui se retrouvent aujourd'hui sur l'île de Leros, au large des côtes turques, Bruno Doucey m'a captivé et sérieusement bouleversé en faisant partager le sort de ces hommes et de ces femmes brutalement arrêtés puis traités de façon ignoble.
Les gouvernements européens sont restés apathiques devant un tel déferlement bafouant tous les droits de l'Homme. L'OTAN n'avait pas réagi non plus. Tant d'hommes et de femmes ont souffert une fois de plus à cause d'une dictature militaire qui enferme, déporte sur des îles rocailleuses sans la moindre hygiène. Des vies sont brisées, d'immenses souffrances sont causées et les dégâts sont irréparables.
Pour ne pas sombrer totalement, il y a donc la poésie, même si papier et crayons sont confisqués. le texte est jalonné de vers signés Yannis Ritsos. L'auteur parle aussi de Mikis Théodorakis, le fameux compositeur de la musique de Zorba le Grec, lui aussi incarcéré, pour qui Yannis Ritsos va écrire « Dix-huit petites chansons de patrie amère. 1968. »
Antoine, parti en mission pour la Croix-Rouge internationale, parviendra-t-il à rencontrer Yannis Ritsos, retrouvera-t-il Fotini, son amoureuse ? Je laisse à chacun le plaisir ou la douleur de le découvrir.

Un petit peuple qui lutte
sans les sabres ni les balles
pour le pain du monde entier,
pour la lumière et la chanson. Yannis Ritsos

Prisons, pénitenciers, camps de détention, effrayante psychiatrie grecque, avec des touches pleines de force et de douceur, Bruno Doucey m'a plongé dans une atmosphère si douloureuse dont émergent heureusement les poèmes de Yannis Ritsos et de son ami Nâzim Hikmet, le poète turc.
C'est avec beaucoup d'émotion que je remercie Babelio (Masse Critique) et les éditions Bruno Doucey pour ce livre unique et tellement fort.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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