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Citations sur Ceux qui appartiennent au jour (28)

Papa prend ses partitions, les relit sur le vélo sans les mains. Le vélo est un deuxième corps pour lui, il n’a pas peur, il fume, il mange, il lit sur son vélo. Ça lui reste de son enfance aux Pays-Bas. Il faisait deux heures de route pour aller en cours. Même quand il neigeait. Alors avec le temps, ses jambes sont devenues des roues.
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  Je ne peux pas
  
  
  
  
  Je ne peux pas. Les portes claquent. J’étouffe, tu
comprends ça ? Bruit de pas dans l’escalier. Nicolaas,
attends. Ne pars pas comme ça. La voix de ma mère
supplie. La porte d’entrée fait trembler les murs en
se fermant. Le chien aboie. Par la fenêtre je vois mon
frère, chaussettes tricotées à la main pour seules
chaussures, traverser la route et courir vers la forêt.
Il trébuche, je serre les dents, il se relève, reprend sa
course et disparaît derrière les grands sapins verts.
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Mon grand-père est installé dans son vieux fauteuil à bascule. Ses pieds emmitouflés dans des chaussettes dépareillées effleurent la moquette du salon. Le thermostat indique vingt-cinq degrés. Les yeux de Opa balancent de droite à gauche, de haut en bas. Ils essayent de s'accrocher à quelque chose. Quand j'arrive dans son champ de vision, le regard de mon grand-père se fixe. Il tend la main et dit, enchanté de vous rencontrer, madame, je vous attendais.
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Ce matin, Papa s'est effondré. Il s'est cassé. On s'est assis tous les deux sur le muret devant la maison. On n'a pas bougé beaucoup, lui ne le pouvait plus. Moi, je lui caressais gentiment le dos comme à un cheval qu'on endort. J'ai parlé. Je sais que j'ai parlé parce que j'avais cette sensation étrange d'entendre les notes des choses. Je ne sais plus de quoi. Je sais que j'ai parlé et je vois encore mon père avachi sur moi, soudain devenu un très vieil homme.
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Sur l'écran de la vieille télé, Nicolaas marche vers Papa. Il a deux ans. Ses jambes potelées chancèlent à chaque pas. Quand il tombe, il se réceptionne comme un gymnaste, les mains en avant. Un arbre droit dans la boue. Papa accourt, le saisit au niveau des aisselles et le fait voler. Nicolaas tend les bras. Il crie. Papa crie. Ils jubilent.
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Nicolaas soupire. Il dit, je me demande. Nous on ne croit plus en Dieu, mais tu penses qu'avec tout ce qu'il se passe, Dieu il croit encore en nous ?
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Autour du sapin fait de livres pour des raisons écologiques, six petits paquets en papier kraft.Nicolaas avait ouvert ke sien d'abord." Vivre avec nos morts" de Delphine Horvilleur.Mama avait dit, c'est pour tes études, c'est sur notre besoin de récits, tu verras c'est passionnant.


( p.155)
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Opa peignait des icône. Sur un support en bois,il posait, avec une pince à épiler, des couleurs vives et des feuilles d'or.Ses scènes bibliques étaient toujours agrémentées de fantaisies personnelles avec une précision technique qui m'émouvait.Je le regarde.Je le demande à quoi il rêve là-haut dans sa tête cabossée.

( p.104)
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Depuis trois semaines, le petit déjeuner est marqué par la lecture de la Bible.(...)
On commence par la Genèse. La création du monde, la fuite du paradis, le terrible combat fratricide, l'esclavage puis l'exode(...)
Les yeux de papa s'animent, il dit, j'adore le livre de l'Exode, c'est mon préféré. Moïse fait la révolution. Il veut créer un monde où le peuple est libre.Il pourrait devenir Messie mais refuse, il s'occupe des opprimés. C'est un Marx avant l'heure en fait.


( p.107)
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  Le corps de mon père est recroquevillé
  
  
  
  
  Le corps de mon père est recroquevillé sous la lumière
du porche. Enroulé dans la vieille couverture de Nico-
laas, entouré d’un épais halo de fumée, il est une créa-
ture d’un autre monde. Papa ? Je l’appelle en murmurant
pour ne pas l’effrayer. Ses yeux sont vacants. Je m’installe
en face de lui. Je pose en hésitant, avec la fébrilité d’un
geste risqué, ma paume contre son genou. Il ne réagit
pas. Autour de nous, le soleil monte, chassant de ses
premiers rayons le froid de la nuit. On pourrait être un
tableau. Lui, extraterrestre à la peau laineuse, moi, enfant
malhabile à ses pieds. On appellerait ça la tendresse ou
l’étranger. Papa s’essuie les yeux du dos de la main avec
lenteur. Il renifle. Sa voix fissure le silence. Ik weet niet
meer wie ik ben. Je voudrais lui dire qu’il est le géant
sans peur de mes nuits d’angoisse, le héros d’une autre
terre qui n’attend que lui. Je ne dis rien de tout cela. Dire
à mon père qui il est ne m’appartient pas.
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