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Critique de kielosa


Une étoile pour le titre.
Une autre étoile pour l'idée d'aller faire du ski en Afghanistan.
Une troisième étoile pour traduire son idée originale en réalité.
Une quatrième étoile pour en publier un récit qu'en plus elle a eu l'amabilité de dédier à son pauvre père, fort inquiet !

Voilà, en résumé, ce que je pense de l'ouvrage de la jeune journaliste française, Marie de Douhet, "Kaboul Chicken".
Mais je m'explique !

D'abord, à en juger par sa photo de jeune dame au regard rêveur et à l'allure romantique, on a des difficultés à s'imaginer Marie de Douhet comme globe-trotteuse, journaliste "free lance" dans des coins de notre planète tout sauf confortables et paisibles comme Kaboul et Bâmyân, dans les hautes montagnes à quelque 250 km plus au nord-ouest de la capitale afghane. Comme les températures peuvent y descendre facilement à moins 30° Celsius, on a encore plus de difficultés à s'imaginer une frileuse parisienne, surnommée "Mari Doudiyé" en Dari (la langue locale), "couverte de la tête aux pieds comme un abat-jour ambulant".

Bâmyân, tristement célèbre pour la destruction à la dynamite des 3 splendides et monumentales statues de bouddhas par des sympathiques talibans, en mars 2001, après avoir passé 15 siècles sans trop de dégâts. Lire à ce propos l'ouvrage instructif de Karin Müller "100 crimes contre l'art".

Lorsque notre Marie annonçait à ses copines et ses potes son intention d'aller skier en Afghanistan, les réactions allaient de "mais c'est un pays hyperdangereux", en passant par "Des Afghans qui font du ski ? On s'en fout, non ?" à "une fausse bonne nouvelle ou carrément une idée à la con". Surtout qu'ils savaient que notre héroïne n'avait jamais mis les pieds sur une piste de ski ! Son pauvre père a failli, je présume, avoir un infarctus, en apprenant le projet un tantinet risqué de son unique fille et l'a prévenu : "Je n'ai pas l'intention de financer ton cercueil."

Peine perdue ! C'est au consulat afghan que Marie se rendait pour obtenir un visa et déjà cela posait un premier problème. Sans l'appui d'un journal, magazine ou éditeur, qui, n'allaient certainement pas engager des sommes importantes et courir le risque d'envoyer une novice dans ce havre de paix, pas question d'un visa spécial presse. Restait la formule d'un simple visa touristique...mais pour une jeune dame non accompagnée ? J'ignore si c'est le charme de Marie sur Mahmout ou Mohammed du consulat qui a eu des effets ou sa déclaration de vouloir, comme skieuse, participer au grand tournoi "Afghan Ski Challenge", toujours est-il qu'un visa lui fut très officiellement remis.
Un peu aussi grâce au gouverneur de Bâmyân, Madame Habiba Sarabi, la seule femme dans ce monde de Talibans barbus, qui tient à promouvoir ou à relancer le tourisme dans cette partie du globe, dont la beauté naturelle, comparable à nos Alpes, est saisissante.

Demeuraient 2 problèmes à résoudre avant le Grand Départ de Marie de Douhet : un vestimentaire et un financier !
Question vestimentaire, outre la température glaciale et le prix élevé d'une garde-robe adéquate, il y avait également une question de principe : comme jeune parisienne fière et libre le port d'une burqa ou même d'un voile était bien sûr exclu. Je ne sais pas si elle avait lu les ouvrages de Chahdortt Djavann "Bas les voiles" ou "Les putes voilées n'iront jamais au Paradis", mais de tels déguisements n'étaient pas retenues par notre exploratrice.
Deuxio, les sous ! Un telle expédition revient horriblement onéreuse, pas tellement le vol Paris-Istanbul-Kaboul et retour, mais surtout la vie sur place : peu d'hôtels, les déplacements en taxi supers chers spécialement pour une étrangère, le coût d'une sécurité minimale etc. Je crains qu'il lui faille vendre de nombreux exemplaires de son ouvrage pour rentrer dans son investissement initial. Je dois admettre que je suis content d'avoir sponsorisé modestement son aventure en achetant son livre.

C'est donc en 2013 que Marie de Douhet s'envola pour cette destination unusuelle. Pour ses expériences afghanes je conseille de lire "Kabul Chicken". Son approche d'un monde tout à fait différent est original, enrichissant et agréable à lire. Elle-même s'en félicite puisque le dernier chapitre est intitulé "Revenir, c'est mourir un peu".

Le récit de voyage de notre jeune prospectrice dans les traces d'Alexandre le Grand et de Gengis Khan m'a favorablement surpris, parce que c'est savoureusement écrit et qu'il s'agit d'un pays que je n'ai jamais osé visiter, n'ayant apparemment pas le courage de cette audacieuse, intrépide et téméraire Marie de Douhet.

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