Un nom dans la montagne
Et ton nom dans l’écho où paraît la montagne
Bleue
Crainte bleue des hauteurs et froide perception
Le vent seul, le vent
Obscur et vrai comme est le pain de vie
Avance
Parmi les hauts graviers de grège
Car on t’appelle d’un nom plus haut
Dans l’adage des morts, source grave
Étroite distinction
De toi parmi les morts, de toi parmi les roses
Et l’on ne sait si tu entends encore l’abondance
De ton corps descendu dans des milliers de graines
Pose les mains encore sur l’étendue
Car tous les chemins de fer se dissipent
Tous les tournants saignent sous l’arche
Éprends-toi d’un vieux reflet de la lumière
La main rie l’ami faible au loin te faisait signe.
L’âge de l’eau
Au front des grèves
On voit
L’éternité
Ensemencer l’image
Un songe sourd
Que cachent mal les neiges
Et l’âge
rage y fulgure.
De joie et d’ombre
Ange, car il fallut bien le langage
L’ordre exilé malgré la grâce
Ange d’ombre pour dire et l’épaule pour prendre
Appui sur le chemin de la chute à l’effroi
Es-tu jamais aimé, parfois tu te demandes
Si le Verbe repose au fond du geste d’homme
Sais-tu la joie quand l’espérance épuise
L’enfer léger de chaque jour
Le splendide soir de sang ainsi qu’une chaleur
Où la chair en marchant s’accroît de la substance
Ange, ma mort passée mon martyre témoigne
J’ai l’âge dangereux de la si vive absence
Ta beauté maintenant me regarde pourquoi
Ange de joie, pourquoi, tant d’ombre où je souffris ?
À une ténèbre
Au commencement, regarde mon amour
J’entends dans moins déjà de la lumière
Hurler un navire, hors des vagues
Ô mon amour
En vain se taire, et se fendre les phares :
Un qui change, éclaire doucement les naufrages
Un qui offre à la nuit, sur un tourment de mer
Les berceaux d’une rade aux brumes d’émeraude.
Au commencement regard, mon amour j’aimais
La clarté, tiède éclose un matin à tes yeux
Ma barque ivre de nuit malgré l’appel du port;
Regarde, la saison même absente respire
Ce vin de vérité d’une ténèbre au cœur
Et le jour, invisible aux tristesses ressemble.
Vent et nuit
L’herbe est noire ce soir dans le vent mort
L’inconnu vent qui porte l’eau d’un feu
Et tient le sol avec deux étincelles en cendre
Tu ignores le vent car il porte il anime
Le double sein gravé de ta venue
Et ton double regard méconnaît le profond
Et le sel fertile de tes mains dans la grâce
Mais tu connais le péché brûlant de tes mains libres
Et désertes
Et nues dans le noir de ta rosée
Moi je t’appelle
Et tu n’as pas de nom qui sonne
Parmi les fleurs, parce que ton nom
Est l’improbable vent
Parce qu’il couvre le monde
D’insoutenables nuits.
Le sang de la mer brûle…
Le sang de la mer brûle
Embrasure
Brève du pas
Aimant
L’écume ou le brasier
Sur le large
Où mourir
La précipitation
Je tremble du saccage et du poème sans membre.
Décision de blottir, d’amoindrir,
la blessure est patiente,
réduire cette fissure à une bouche close.
Je meurs d’anges fous et de neiges écarlates.
Je quitte la poésie pour un sol absolu.
Et nous, dont les regards
ont manqué de diadème.
Muraille du rien fondateur.
Lèvres aux gamelles abreuvées.
Je dormirai sur les paillasses molles,
lentement alanguie, doucement préférée.
Là, les jarres seront closes,
les chandelles immenses de clarté.