Ikea et son paternalisme bienveillant dessine avec nous un avenir commun. Pourquoi aller voir ailleurs lorsque ce monde si beau, si accessible nous tend les bras aux portes de nos villes ?
Ce lien si particulier que nous entretenons avec la gentille baleine jaune et bleue est une affection profonde construite au fil des années. Ingvar Kamprad et son empire fait pour nous, à notre intention, nous pourvoie non seulement en meubles, mais nous intègre également dans une communauté. L’entreprise est là pour durer, et fera toujours partie de la famille.
Pour uniformiser, il faut faire le vide, et ce vide IKEA s'en est chargé, dès son implantation à l'orée des années 1980. Il fallait faire de la place partout dans la maison et dans nos têtes. Tel a été le premier acte politique de l'entreprise suédoise...Prenez ma mère, qui après son coup de foudre pour IKEA dans les années 1980 a jeté sans regret, sans y penser, toutes ses cocottes héritées de deux générations de femmes avant elle, autodafé de souvenirs familiaux.
Chez IKEA comme au pays des merveilles, les repères spatiaux ne sont pas les seuls à être brouillés. La temporalité, elle aussi, est modifiée. Le lapin est toujours en retard mais par rapport à quoi ? Sa montre est-elle seulement à l'heure ? Combien de temps Alice passe-t-elle dans de monde fabuleux ? Et nous, dans les allées de nos magasins IKEA ? Qui na pas fait l'expérience d'entrer dans un de ces entrepôts, déterminé à acheter un meuble bien précis sans perdre de temps, à être efficace, avant de se laisser tenter et dériver des heures entières, sans qu'aucune fenêtre ne puisse nous dire si le soleil se couche ?