Ceridwen Dovey doit-elle être considérée comme une romancière australienne ou sud-africaine ? Les deux puisqu'elle possède la double nationalité mais son histoire personnelle et celle, douloureuse, de son pays natal l'incitent plutôt à évoquer l'Afrique dans ses textes. On a découvert cette auteure avec son premier livre,
Les liens du sang, très prenant, et après
Animals la voici qui nous transporte
Au jardin des fugitifs. Techniquement, il s'agit d'un roman épistolaire puisque les deux personnages principaux, qui ne se sont pas vus depuis 17 ans, communiquent par courriels : un mécène au crépuscule de sa vie et son ancienne protégée, désormais quadragénaire. L'un et l'autre vont se confier une histoire intime qui a bouleversé leur vie et s'est terminée par une mort ou une disparition. Ce qui est gênant dans
Au jardin des fugitifs c'est que chacun des deux protagonistes se concentre sur son propre récit en réagissant peu ou prou à celui de son interlocuteur. Comme deux monologues qui suivent chacun leur sillon sans presque jamais se croiser et c'est évidemment frustrant. Il est question de Pompéi, d'une part, et du passé de l'Afrique du Sud, d'autre part. Ce n'est pas sans intérêt même si parfois dilué comme un documentaire trop détaillé et rehaussé par le style élégant de
Ceridwen Dovey bien que parfois un tantinet précieux. La honte et la culpabilité étreignent les deux personnages principaux qui l'un et l'autre ont bien du mal avec l'indifférence de l'être qu'ils ont chéri. Beaucoup de lecteurs américains de l'ouvrage ont regretté leur manque de caractère et la difficulté d'éprouver de la sympathie à leur égard. La remarque est valable mais elle n'empêche pas d'apprécier, sans enthousiasme démesuré, toutefois, ce roman où
Ceridwen Dovey réécrit vraisemblablement, et en partie, son histoire personnelle.
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