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Critique de cathy13600


« le silence de Mélodie » était dans ma PAL depuis quelques mois déjà mais je ne m'empressais pas de l'ouvrir. Ou, plus précisément, je n'avais pas forcément envie de le lire. Non motivée à l'idée de me plonger dans une histoire dont la trame principale est ma compagne de tous les jours. Ce récit traite, en effet, d'handicap moteur et sachez, chères lectrices ou lecteurs, que je suis moi-même atteinte d'une infirmité des quatre membres m'obligeant à me déplacer en fauteuil roulant.
Le temps a passé. Il y a une quinzaine de jours, une amie proche me parle de façon élogieuse de ce livre en m'incitant fortement à me lancer au motif que je vais retrouver des situations vécues et avoir, par moment, la sensation d'être « dedans ». J'oubliez ! Petit clin d'oeil amusant : Mélodie et moi, même si je suis moins touchée, souffrons d'une pathologie identique.
Tout d'abord, je remercie mon alter ego de m'avoir si justement conseillée.
L'oeuvre finie, je publie un commentaire en espérant qu'il soit constructif et surtout le reflet exact de mon ressenti. Il est toujours difficile de faire part d'objectivité quand le sujet évoqué vous concerne personnellement.
Mélodie, jeune fille de onze ans, est née avec une paralysie cérébrale ou infirmité motrice cérébrale : Lésions cérébrales qui provoquent une altération plus ou moins importante des neurones moteurs du cerveau ; est alors attaquée la force musculaire, la coordination... En bref, toutes les capacités physiques sans aucune incidence sur l'intellect.
A cause de sa maladie, notre héroïne ne peut ni marcher, ni parler, ses gestes sont désordonnés et emplis de mouvements involontaires. Mais elle a une intelligence supérieure à bon nombre d'adultes et possède une mémoire photographique hors du commun.
« Quand j'ai eu deux ans, tous mes souvenirs avaient des mots, et tous mes mots avaient une signification. Mais seulement dans ma tête. Je n'ai jamais prononcé un seul mot. J'ai presque onze ans. »
Voici un extrait qui donne un aperçu de ce que l'on rencontre dans ce bouquin.
L'auteure nous embarque dans le monde mal connu et souvent fermé du handicap. C'est, en quelque sorte, un journal de bord qui nous permet de comprendre la vie d'une adolescente qui refuse d'être définie par sa différence. Déterminée à le faire savoir d'une manière ou d'une autre, son existence est chamboulée lorsqu'elle reçoit un ordinateur qui lui permet enfin de communiquer. Elle a enfin une voix… que tout le monde n'est pas prêt à attendre.
A vous de vous plonger dans cette délicieuse lecture !
La force essentielle de ce petit bijou réside dans le fait que la romancière ne cache rien sur le difficile quotidien d'une polyhandicapée. L'assistance qu'elle a besoin, la gêne éprouvée pour manger, boire, aller aux toilettes, la bave qui coule involontairement, l'humiliation face aux regards inquisiteurs…
La parole de la gamine est libre. Elle ne se prive pas d'évoquer les points qui la font souffrir aussi bien physiquement que moralement. On est confronté à ses doutes, ses peurs, ses certitudes, ses déceptions, sa tristesse mais aussi sa joie. Je pense, que vous découvrirez certaines choses…
Madame M. Draper travaille excellemment en montrant le désir de la protagoniste d'être comme les autres écoliers valides. Elle écrit aussi admirablement sur la méchanceté de certains élèves, ainsi que la dévastation que l'on ressent quand le monde alentour voit l'infirmité avant la personne.
Les personnages, qu'en dire ?
Mélodie a toute ma sympathie. Elle est brillante, futée, vive d'esprit.
J'ai apprécié son humour et son sens de la répartie.
J'ai ri sur certaines de ses réflexions.
Je n'ai pas été surprise par sa grande maturité, son caractère de battante, sa volonté et son désir de réussir.
Elle tient un rôle majeur, certes. Mais je n'oublie pas ceux qui l'entourent et l'épaulent à longueur de journées :
Ses parents ont un grand mérite. Ils croient sans cesse en elle et sont vitaux à son épanouissement.
Pour avoir toujours été soutenue par mes proches, je vous certifie que c'est indispensable à l'acquisition d'une autonomie et à un bien-être certain.
J'ai adoré Madame V avec son optimisme inébranlable, sa détermination poussée à l'extrême, sa franchise et sa gentillesse.
Je n'ai pas aimé l'attitude de quelques professeurs ou encadrants.
J'ai détesté que M. Dimming se défausse lors du départ pour Washington. C'est ça un prof !
J'ai eu en horreur la bêtise De Claire et Molly.
Je regrette seulement de ne pas m'être trompée sur sa présence ou non à la finale. Mon vécu m'a permis de deviner.
Pour conclure, je dirai que j'ai passé un moment magnifique.
Ce roman qui se lit avec une facilité déconcertante est addictif. Il regorge d'un réalisme non feint, de richesse, d'émotion. Il est beau tout simplement.
C'est merveilleusement drôle, brutal, parfaitement honnête.
Le fait que, pour une fois, ce soit l'enfant victime le narrateur, et non quelqu'un d'autre, apporte plus de crédibilité et de sensibilité à l'histoire.
J'espère qu'il permettra à chacun de se remettre en cause. de réfléchir à la manière dont sont perçues les personnes porteuses d'un handicap en général. Fauteuil roulant n'est pas forcément synonyme d'inintelligence et de passivité.
Ne pensez surtout pas que Sharon M. Draper exagère le regard de la société sur les gens différents.
Je vous assure qu'elle est dans le vrai même si des progrès ont été accomplis.
Mes félicitations vont à notre écrivaine pour avoir réussi à m'émouvoir sur un item que je connais pourtant parfaitement.
En le lisant, je vous demande juste de vous imaginer un instant à la place de Mélodie...


Lien : https://www.instagram.com/li..
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