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Critique de Fortuna


Pierre Drieu la Rochelle a écrit ce recueil de nouvelles à propos de la guerre 14/18 en 1934. Bien qu'inspirées de son expérience personnelle, elles témoignent d'une certaine distance par rapport à l'évènement comme à travers «Le lieutenant de tirailleurs » ou « le Déserteur » dans lesquelles la forme moderne de la guerre occidentale est analysée et fortement critiquée. Dans la première nouvelle, « La Comédie de Charleroi », l'accent est mis sur l'inhumanité des combats et de la mort du soldat, ainsi que sur le rôle pathétique de la mère bourgeoise qui joue la comédie même devant la tombe de son fils, en quête permanente d'un statut social pour masquer la vanité de son existence.
Drieu n'est pas contre la guerre en soi – bien qu'il rejoigne ceux qui ont dénoncé l'absurdité de celle-ci - mais contre cette guerre moderne dans laquelle l'homme n'est plus rien qu'une chair à canon démocratique. Il est pour une armée de métier, avec de vrais chefs qui vont au combat à la tête de leurs troupes et ne sont pas à l'abri dans leurs bureaux. D'où sa nostalgie de terres plus authentiques comme l'Afrique ou l'Amérique du Sud. Et des guerres lointaines du Moyen Age…
Ce sont tous les mensonges de la guerre et de l'après-guerre qui sont évoqués, l'héroïsme dérisoire, les vantardises des planqués, les femmes vénales et sans tendresse, les faux exploits et les vrais lâchetés. On y retrouve également les champs de morts, le martèlement des obus, les blessés, la peur, les maladies, les conditions de vie difficiles.
Une très belle écriture, un point de vue original, marqué par une réflexion sur la décadence des vieilles nations européennes, de la bourgeoisie et de l'impasse vers laquelle se précipite le vieux monde…en route vers les totalitarismes. Drieu lui-même se prendra à leur piège ce qui ne remet pas en cause son talent d'écrivain.
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