Hunter se pencha pour saisir l'intérieur de mon coude, ses doigts chauds tout contre ma peau. De la panique et des palpitations - beaucoup de palpitations.
Voilà, une réaction d'adolescente typique.
Bon, peut-être pas pour la panique, mais les palpitations, si. (...)
Impossible de ressentir tout ça quand on était un androïde à nano-ordinateur espion secret. (...)
Personne ne devait savoir. Jamais.
En plus, je ne voulais pas faire fuir la personne qui me faisait sentir la plus humaine.
- Pourquoi tu fais toujours ça ? Demandai-je|...]
- Faire quoi ?
- Sourire à chaque fois que je dis quelque chose de particulièrement désagréable.|...]
- Parce que ça prouve que tu es plus humaine que tu - que n'importe qui - le pense.
- Miam
- Tu dirais la même chose de n'importe qui, du moment qu'il ne vive pas ici et ait encore un pouls. en y réfléchissant, tu peux retirer la dernière partie.
Sangloter dans les bras de la personne qui m'avait trahie - plutôt mourir.
Du coup, la sachant dans la maison, j'avais été incapable de rester tranquille, ou même de dormir.
Dormir. Puisqu'on en parlait. Est-ce que je dormais ?
Ou bien le sommeil était-il un de ces autres "programmes humanoïdes" que quelqu'un m'avait installés ? Comme une nouvelle version de Windows ?
Ca expliquait pourquoi je me réveillais au moindre bruit ou mouvement, parfaitement lucide et alerte.
Tu me dois toujours un autre rendez-vous, tu te souviens?
- Et l'incendie ? murmurai-je. Quel genre de personne est capable d'inventer ça ? Oh, et attends : est-ce que tu t'appelles vraiment Nicole ?
- Oui, c'est bien mon prénom. Mais je m'appelle Nicole Laurent, pas Daily.
(...) J'essayais juste de nous faire gagner du temps, de trouver un moyen de te le dire ! Ma priorité, c'était de nous protéger, et la seule façon d'y arriver était de te faire croire que tu étais une véritable fille.
Aucun doute : le gouvernement est à notre recherche, et ils y ont mis tous leurs moyens. Pourquoi crois-tu que j'ai choisi Clearwater ?
J'ai désactivé ta puce de géolocalisation, mais ça ne veut pas dire qu'ils ne nous mettront pas la main dessus.
De pire en pire.
Une puce de géolocalisation, comme si j'étais une sorte de chien fugueur.
Et encore : les chiens, eux, étaient vraiment vivants.
Moi, j'étais une sorte de phénomène. Une pincée de cellules-souches, une grosse part de technologie.
... sauf que rien de tout cela n'était vrai. Mais comment était-ce possible ?
Je voyais les souvenirs défiler dans ma tête, si parfaitement clairs, en boucle devant mes yeux comme des films ...
Comme des films. (...)
- Comment tu as fait ça ? Tous ces souvenirs que j'ai ?
Maman - non, Nicole - soupira, retira ses lunettes (...)
- Je les ai programmés. La raison pour laquelle certains semblent si vrais, c'est que j'ai utilisé un programme de réalité virtuelle pour les créer.
Ce qui m'a permis de t'intégrer dans le souvenir.
Programmés.
Tout mon passé, tout ce que je pensais réel à propos de ma vie, ma famille, ce qui avait fait de moi une personne. Arrachés à moi avec un simple mot.
Programmés.