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Critique de MassLunar


Nuit Blanche est le premier polar du toulousain Nicolas Druart qui nous propose ici un huit-clos des plus tendus en milieu hospitalier...
Une ambiance loin d'être hospitalière ! (Voilà, voilà...)

Pour son premier roman, Mr Druart nous concocte donc une petite atmosphère isolée au sein d'un petit centre hospitalier du Lot perdue dans une petite ville de 3000 âmes, un isthme perdu encerclé par le fleuve du Lot. La fête est propice à l'isolement pour le petit groupe médical composé d'une médecin interne, d'infirmières et d'aides-soignants qui se retrouve coincés dans cet hôpital alors que la tempête éclate et qu'au dernier moment, un étrange patient comateux vient de leur être livré. Je ne vais pas refaire le résumé mais, en plus de la tempête, un premier mort survint déclenchant par la même occasion le début d'une sombre nuit blanche...
Un lieu que connaît bien Nicolas Druart puisqu'il a été lui-même infirmier ce qui lui permet de rehausser cette atmosphère claustrophobe et singulière qui compose un hopital. Sans aller jusqu'à des descriptions extrêmement poussés, l'écrivain situe bien le cadre et instaure ici et là quelques petits jeu de frayeurs dans les couloirs au doux parfum de désinfectant.
Globalement, il y a une bonne maîtrise du suspense psychologique qui est d'autant plus manifeste puisque l'auteur s'amuse à pousser à bout ses personnages, à jouer avec leur fatigue et leurs émotions. En tant que lecteur, on se surprend à attendre avec espoir l'aube avec eux. C'est vraiment une nuit blanche infernale dont Nicolas Druart parvint à nous faire ressentir la fatigue et le poids, élément d'autant plus frappant qu'il peut s'avérer authentique dans la réalité pour les véritables équipes médicales qui doivent se coltiner pas mal d'heures supplémentaires...

Même si j'ai été happé dans ce petit polar clinique qui se lit aisément, force est de reconnaître qu'avec du recul, l'intrigue de Nuit Blanche s'avère parfois un peu trop pâle, un peu bancal. Les personnages sont assez caricaturaux entre la naîve pleurnicharde et la rebelle ultra-agréssive. Ce côté caricatural, on le retrouve dans bons nombres de polars, donc au final c'est un défaut qu'on accepte. Cependant, il est vrai que pratiquement chaque personnage est traité sur un même fil émotionnel ce qui rend leur réactions assez prévisibles, voire pénibles comme la figure de la gothique dépressive qui semble tout droit sortie d'un titre young adult.
C'est assez risible quand on voit le comportement d'une infirmière qui se montre étonnamment agressive envers sa supérieur et ce dès le début de la nuit.
Comme souvent, on s'attache aux personnages mais, au final, l'équipe médical sort moins du lot que le mystérieux croque-mitaine du roman ce qui est dommage car l'intrigue demeure tout de même centré sur le staff de l'hopital. de même, je regrette que Nicolas Druart n'ait pas donné plus d'épaisseur aux patients qui, mise à part un cas, sont pratiquement inexistant dans ce livre. Ce qui fait que l'intrigue avance dans un lieu-clôt qui semble désespérément vide et dont les morts circulent dans une sorte d'indifférence un peu lisse.
Nous avons affaire à des personnages univoques dont la tension ambiante peut leur faire péter un câble mais qui restent assez creux dans l'ensemble. de plus, l'auteur les décrits de manière assez simpliste comme par exemple la petite infirmière aux yeux bleus globuleux et doté d'une poitrine généreuse dont l'opulence est signalé à chaque occasion. C'est parfois mal emmené.
Toutefois, Nicolas Druart n'hésite pas à distiller une petite ambiance érotique qui colle bien à cette nuit blanche même si elle est rapidement exploitée. On devine que l'auteur voulait donner à ce huit-clos une ambiance vicieuse et tordue même si cela va à vau l'eau en terme de crédibilité. Des incrédibilités qui débutent avec le personnage d'un méchant tout puissant dont on ne sait pas vraiment comment il a fait pour se retrouver dans un petit hôpital perdu dans le Lot. La raison me parait plutôt excessive et je pense que l'écrivain aurait gagné à faire naître une véritable terreur dans son huit-clos en simplifiant davantage l'aura du bad guy et en privilégiant davantage l'action et le suspense...

C'est un premier polar donc , forcément tout n'est pas parfait et cela se ressent au niveau des personnages et d'une intrigue un peu trop grandiloquente pour un huit-clos. Mais, malgré tout, la tension est bien présente et suffisamment exploité. de plus, elle est rehaussée en qualité grâce au sentiment d'avoir assister à une délectable malédiction
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