Speed dating 2 : Dieu te répond

Je [Dieu] ne veux pas que vous soyez des êtres moraux, propres sur vous et polis en société. Je veux que vous soyez des saints, 'en dépit' que vous soyez des prostituées, des tortionnaires, des collabos ou des pédophiles, mais des saints 'en vertu' que vous avez beaucoup aimé.

Relis saint Paul : rien n'est interdit, mais tout n'est pas bon pour toi.

Soyons clair, je [Dieu] ne récompense personne et je ne punis personne. Je ne distribue pas de bons points et je n'ai jamais demandé à aucun Petit-Jésus de punir. Et je fais la promesse solennelle de ne jamais te laisser seul pour te débrouiller dans ma création à la beauté sauvage. Que tu sois victime ou bourreau, je te promets que rien ne m'effraie, je ne suis étranger à aucune souffrance, à aucun crime. A tout moment, et quelle que soit la profondeur de la détresse, je suis là.

Le danger à ce stade, c'est de croire que les mots te dispensent de faire les expériences. Je [Dieu] ne veut pas faire de toi un singe savant ! Quelqu'un qui maîtriserait la religion mais qui n'aurait pas fait les expériences qu'elle décrit. Je t'en supplie, ne fais pas semblant ! Si tu penses n'avoir pas fait l'expérience dans ta chair de ce dont tu parles, tais-toi. Ne donne pas de leçon, n'accuse pas.
Et si tu surprends quelqu'un à prêcher sur quelque chose qu'il n'a visiblement pas expérimenté, lâche-le ! Concentre-toi sur ta propre vie, les trois règles d'or, le critère ultime. Cherche la joie. Et habite-la.

La religion, c'est un terreau de centaines d'années. Tu as besoin de ce terreau pour que la bouture qui a germé en toi puisse s'enraciner. Sans religion, ou avec une religion inventée par toi, taillée sur mesure pour toi, la bouture risque de s'asphyxier. Et si tu rempotes la bouture tous les quinze jours dans un terreau différent, elle risque aussi de crever.

Autre solution possible, tu fais cavalier seul. […] tu tentes ta chance avec moi [Dieu] sans entrer dans une religion particulière. Le problème des cavaliers seuls, c'est qu'à part des êtres exceptionnellement doués pour ça, beaucoup s'enkystent dans une vision du monde complètement auto-référencée, égocentrique et sans grand intérêt. Ils se privent de la chance de se confronter aux autres. Puisqu'ils sont les grands-prêtres de leur propre vision de la vie, ils ont toujours raison. Ils finissent souvent par lancer des avis définitifs contre ceux qui n'ont pas leur philosophie de la vie, en s'appuyant sur une petite métaphysique rabougrie qu'ils se sont construite eux-mêmes.
Evidemment, c'est beaucoup plus exigeant de rentrer dans une religion existante et de se coltiner les textes anciens, les rites, les gens réels. Mais ce textes, ces rites et ces traditions portent une sagesse ancienne. Et si ça peut t'éviter de réinventer l'eau chaude, c'est pas mal, non ? En tout cas, si tu veux dépasser le premier stade des deux mots de vocabulaire, c'est un passage obligé.

Quand je [Dieu] pense que la plupart des gens prennent la religion pour un puritanisme, une façon de les dresser à être polis, serviables, propres et à l'heure, ça me dépasse, mais alors, complètement. La religion, c'est une affaire d'expérience, pas de dressage. C'est un plongeoir, pas une laisse.

Se préparer à assumer les conséquences, ça ne veut pas dire grand-chose dans un premier temps, parce que tu n'as aucune idée des conséquences. Mais je [Dieu] te dis ça surtout parce que le pire qui puisse t'arriver, c'est le remords. De l'avoir fait ou de ne pas l'avoir fait. Le remords, c'est la mort de l'âme. Le contraire du remords, c'est de choisir la vie. Quoi qu'il arrive, quoi que tu aies fait, quoi que tu aies subi, la vie continue. Ne te punis pas pendant trente ans par remords. Répare ce que tu peux réparer, ne recommence pas les mêmes erreurs, fais de la prison, tire des leçons, équipe-toi de toute sorte de béquilles, mais choisis la vie.

Le nombre de gens pour qui la religion, c'est jouer à la poupée, c'est juste hallucinant. D'ailleurs, quand tu les regardes prier, ils ont une espèce de rictus hypersérieux, comme une petite fille qui essaie d'enfiler une robe à sa poupée Barbie. Tu la vois ? Concentrée sur les manches de sa petite robe mal cousue, essayant d'y faire passer les bras en plastique du dernier modèle de Barbie. Elle ne voit plus rien d'autre autour d'elle. Le monde tout entier tient dans ce bras et dans cette manche. Et dans le fait d'enfiler ce petit bras dans cette petite manche. C'est touchant quand il s'agit d'une gosse, ça fait mal quand il s'agit de religion. En tout cas, moi [Dieu], ça me fait mal. Et quand ils pensent que c'est moi qui leur demande de faire ça, alors là, je pleure.

Pour les nourrissons, la communication, c'est facile. Quand ils sont heureux ils dorment et quand ils ne sont pas heureux ils hurlent. C'est binaire. Ma communication avec toi, j'aimerais bien qu'elle dépasse ce stade binaire, j'aime - je n'aime pas. C'est top - c'est nul. Le nombre de personnes qui ont une relation avec moi [Dieu] qui ne dépasse pas ce stade, c'est effroyable. Tu n'en reviendrais pas.
Ils me balancent leur point de vue de midinette qui a lu deux livres de BHL. Ils feraient mieux de lire la vie de Thérèse d'Avila en bande dessinée par Claire Brétécher. Ça c'est du solide. Et tu sais pourquoi c'est du solide ? Parce que ça ne se prend pas au sérieux.