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Critique de JabyOby


Le roi est mort ! Vive le... ? Ah non, pas d'héritier cette fois. du moins, pas qui soit né : la reine Clémence est enceinte. Les candidats à la régence se multiplient déjà.

(Attention, je divulgue dans ce billet des événements importants des tomes précédents et de celui-ci. Ne lisez que si vous avez déjà lu ce livre ou que les spoilers ne vous dérangent pas. )

Philippe de Poitiers s'affirme en tant que régent du petit roi à naître, s'il s'agit d'un garçon, en tant que frère cadet du précédent roi. Mais si la reine Clémence accouche d'une fille, la couronne reviendra à Jeanne de Navarre, première fille de Louis X ayant quatre ans dont la légitimité est questionnée. Évidemment, son oncle le Duc de Bourgogne revandique sa régence.
Et évidemment Charles de Valois se propose aussi à la régence... car il est Charles de Valois et veut la régence. Il a beau avoir eu un immense pouvoir sur le précédent roi, sa candidature ne pèse pas lourd.

La régence dépend donc du sexe du bébé à naître. Et Philippe ne veut pas jouer le sort du royaume sur ce simple hasard, sans quoi il risquerait de finir dans les mains d'un idiot qui ruinerait tout. Une solution à ce problème est suggérée... Il suffirait d'instaurer la Loi des Mâles : seuls les hommes pourraient prétendre à la couronne. Ainsi, si le bébé un garçon, Philippe devient régent, et si c'est une fille, Philippe devient directement roi. Un plan sans faille.
Dans son Assemblée, tous approuvent. À l'exception de la seule femme présente, Mahaut d'Artois, qui se rend bien compte de la perte de pouvoir que cela signifie pour les femmes — enfin pour elle-même avant tout.

Tout naturellement, une loi sexiste a été promulguée, car c'était simplement la solution la plus pratique pour les hommes au pouvoir à ce moment. Et c'est dur de l'admettre, mais cela est commis par un homme compétent, intelligent et soucieux de l'état de leur royaume.
Ce passage dans l'histoire est un véritable tour de force. Au moment où nous sommes le plus investis, où les actions s'enchaînent et les décisions importantes se prennent, alors que Philippe de Poitiers commence enfin à régner, l'auteur interrompt brusquement le récit. Et spoile toute la suite de l'Histoire de France. Cela éjecte hors du récit, et c'est fait de manière tout simplement brillante.
Philippe a agi de telle manière à assurer la stabilité du royaume, même si pour cela il doit évincer les femmes, et on peut avoir l'impression à son échelle que cela a fonctionné. L'Histoire nous montrera que non. À cette guerre de succession s'ensuivront bien d'autres, dans un cycle d'éternel recommencement : « Chaque rupture de dynastie s'accompagnerait de guerres épuisantes, dévastatrices. Et chaque race se termineraient par trois frères... » Philippe n'a rien évité. Il n'a fait que promulguer une loi discriminante.

À la fin de ce tome, je n'ai pas eu la joie de la découverte du premier, ni l'aventure du deuxième, ni cet amusement à voir l'incompétence crasse de Louis X dans le troisième.
En fait, je sors de ce quatrième tome assez déprimée, désabusée. Parmi tous les personnages que j'appréciais et que je souhaitais voir atteindre leurs buts, certains deviennent des monstres en les poursuivant, d'autres sont les victimes des premiers. Cette sensation tenace est terrible, car après ce tome-ci, je sais que je ne peux faire confiance à aucun des personnages.
Philippe de Poitiers était mon « champion », celui que j'aurais voulu voir devenir roi. Mais pour l'obtenir puis pour le maintenir, il a perdu en chemin ce qui me faisait l'apprécier. le pire est que je comprends chacune de ses décisions...
J'appréciais aussi beaucoup la reine Clémence qui était véritablement la bonté incarnée. Mais à force de se faire abandonner par tous, d'être considérée comme un objet, et de se retrouver seule sans personne à qui parler, elle sombrera. Il ne reste plus rien de la personne que j'appréciais tant au début.
Enfin, parlons de l'histoire d'amour tragique de Marie et Guccio... Un bon rappel de pourquoi je n'aime pas les romances : parce que quand je suis investie dans une, je risque de très mal le vivre si elle finit mal !

Alors oui je reste sur un sentiment moins agréable que les précédents tomes, mais cela sert à amener encore une fois une réflexion sur le pouvoir et la moralité. Toujours aussi excellent.
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