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Citations sur Satan Lake (8)

Je suis allée dans la cuisine, où j’ai mordu dans une pêche. Je pouvais encore suivre la petite conversation de la pièce à côté.
« Et qu’est-ce qu’on fait pour les interdits ? a interrogé ma mère.
- On ne force jamais, a répondu l’homme, dont j’apprendrais bientôt qu’il s’appelait Howie. Ça va de soi.
- Vous allez être étonnés, a fait ma mère, mais, là, elle a reculé quelque peu. En fait, j’ai très peu de tabous.
- Dites-nous juste lesquels, a dit Howie, allez mettez-les sur la table.
- Hmm… ne me jouissez pas dans la bouche. »
C’était dit. Silence. Puis Mélanie prends la parole : « Pas grave, Howie, tu n’auras qu’à jouir dans ma bouche à moi, pour changer… »
Et c’est à cet instant précis que j’ai recraché mon noyau de pêche. « M’man ! »
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Ces rayonnages de livres présentent pour lui le même intérêt qu'auraient représenté pour tout autre gosses des gondoles de supermarché croulant sous les pâtisseries.
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Dans un bar, à l’extrémité miteuse de la ville, de l’autre côté d’Allen Park où a eu lieu le dernier meurtre, Will laisse un message avant de raccrocher le taxiphone. Toute la nuit, au volant, il a sillonné les rues, comme si quelque chose pouvait éventuellement lui apparaître, qui ait un rapport avec le crime – exercice, bien entendu, totalement insensé. Il a beaucoup conduit ces derniers temps, sans but véritable, le halo rouge du néon de Randy’s Hideaway, qui brille sous la pluie, lui a vaguement fait penser à un refuge. Le voici donc accoudé au bar, ce qui ne l’avance pas plus que de rouler sans but. Tout vient du fait qu’il n’arrive pas à rentrer chez lui, maintenant qu’elle n’est plus là.
Il fait signe au barman de lui donner un deuxième Canadian Club, avec une bière.
Une prostituée entre, dix-sept ans peut-être, des mèches blondes, complètement trempée. A cause de la pluie, sa minijupe lui colle aux cuisses, et on voit ses tétons à travers son tee-shirt mouillé. Elle prend place sur un tabouret de bar, à l’extrémité opposée de l’endroit où s’est assis Will, secoue sa chevelure humide, et lâche : « Meeeeerde.»
Lorsque, sans rien lui demander, le barman, qui vient de servir Will son carburant, prépare pour la fille un Frozen Daïquiri, le policier fixe intensément le panneau accroché au-dessus du bar qui rappelle que servir les mineurs est illégal.
Il ne brandit pas son badge de flic. Est-ce que je suis vidé à ce point ? « Vivre et laisser vivre », aurait dit Fred, et même si tout ça n’est rien que des foutaises, Will ne parvient tout bonnement pas à se mettre ses principes en action. Il se demande s’il va laisser aller jusqu’à se saouler. Tous ces problèmes qui n’attendent que vous.
Il pose les yeux sur sa nouvelle consommation, siffle d’un trait son whisky, puis écluse sa bière comme si c’était une purge, un Alka-Seltzer ou quelque chose dans le genre.
Dehors, sur le terrain goudronné et rafistolé ici et là où autrefois s’étendait peut-être un jardinet menant à la maison de cèdre rouge sombre aujourd’hui appelé Randy’s Hideaway, il n’y a qu’une seule voiture le long du trottoir luisant, une Jeep garée tout près de sa Toyota Camry. Avec toute la place qu’elle avait. Dans le rétroviseur central, tandis qu’il met le contact, il la voit debout à la porte, sourire aux lèvres. Il laisse le moteur tourner un peu plus longtemps que nécessaire. Le sang lui bat les temps, son cœur semble cogner plus fort que de raison. Sur le rétroviseur extérieur recouvert d’eau de pluie, la fille devient floue.
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Contrairement à ce qui se passe dehors, avec la vraie vie et son agitation angoissante, la vie qu’on trouve ici est protégée, catégorisée, apaisée et enluminée par toutes ces rangées de livres. Il subsiste derrière ces installations un espoir qui continue de faire naître de nouveaux livres : que ces ouvrages, dans leur tranquillité privilégiée, puissent nous fournir une clé qui nous permettra de mieux faire face au bazar qui nous attend dehors.
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A dire vrai, la première fois que je l'ai vu, il avait l'air surtout perdu, du genre des pauvres bougres qu'on voit trainer aux abords des gares routières. Maigre et l'air d'avoir été passé à tabac, comme Harry Dean Stanton dans Paris, Texas.
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Les adultes, t'as jamais remarqué ? Ils ne pensent à rien d'autre qu'à baiser. Est-ce que c'est vraiment si génial que ça ? Je veux dire au point de diriger leur vie ?
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Quant à savoir s'il aurait dû malgré tout payer ça, Dieu seul le sait (...) J'ai tendance à croire qu'il existe un Dieu, un Dieu omniscient, et que, au bout du compte, nous nous retrouvons tous à nous interroger sur ce que cette chose ou cet être masculin ou féminin sait lorsqu'Il ou Elle nous prodigue ses merveilles. Il se pourrait que Dieu n'ait pas que nous en tête, mais aussi un vieil ennemi très puissant. Ce qui explique qu'il ait besoin de notre aide
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Whitman, New York: une gentille petite ville dans le Nord de l'Etat, du genre qui ne fait jamais parler d'elle. Rien qui traîne. Vos voisins vous dénoncent si vous ne triez pas vos déchets. A part ça, tout le monde est ami avec tout le monde.
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