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Critique de brumaire


Un livre que je possédais depuis longtemps et qui prenait la poussière sur mes étagères.
Ce livre fait partie de la série des "Trente journées qui ont fait la France". Georges Duby a un style fluide. Ce n'est pas le genre d'historien a noyer le poisson dans le pinaillage d'une date ou d'un mot. Son étude est divisée en deux parties : les faits, les tenants et les aboutissants, la bataille proprement dite, puis l'interprétation faite à travers les siècles des sources de l'époque dont la plus connue est due à un moine de Saint-Denis présent à la bataille : Guillaume le Breton.
Ce qu'il y a de bien avec ce genre d'historien c'est qu'il n'a aucune théorie fumeuse à vous proposer. Il montre c'est tout. Il montre par exemple comment la Paix de Dieu instituée à l'orée de l'an mille par le Clergé afin de canaliser la violence endémique de la chevalerie et la détourner vers la Croisade en Orient, a changé les affrontements entre féaux. Il montre encore comment les batailles, loin de l'idée qu'on s'en fait aujourd'hui , n'étaient que des jeux de tournois un peu plus violents dont le vainqueur était l'élu de Dieu. Si Philippe a vaincu à Bouvines c'est par la décision de Dieu. La bataille est une ordalie. le vainqueur a toujours raison.
Rappelons qu'en 1214 le Roi de France, Philippe Auguste a un tout petit royaume qu'il cherche à agrandir aux dépens du Roi d'Angleterre et Duc d'Aquitaine par sa mère : Richard Coeur de Lion. Au moment qui nous intéresse c'est Jean sans Terre, le frère de Richard , qui est Roi d'Angleterre. Il débarque sur les côtes du Poitou et entend bien prendre Philippe à revers.Le Capétien qui n'a pu embarquer pour Albion et qui, de dépit, ravage les terres flamandes : coutumes de l'époque....
Pour corser l'affaire L'Empire germanique est en proie aux dissensions : deux empereurs prétendent à la Couronne de Charlemagne : Otton de Brunswick et Frédéric de Hohenstauffen....Le Pape innocent III , rien d'un agneau de Dieu, en rajoute excommuniant à tour de bras.....ambiance.
Les forces en présence se retrouveront donc le 27 juillet 1214 sur le champ de bataille de Bouvines à la limite de la Flandre et de l'Artois. Philippe Auguste vainqueur (ce qui veut dire pour les gens de l'époque que Dieu est avec lui, lui a donné raison...) la victoire de Bouvines va , au fil des siècles, devenir l'exemple de la résistance "française" aux menées anglaises et "allemandes". C'est surtout la 3e République qui en fera le symbole de la "Nation" en armes repoussant l'envahisseur teuton. Anachronisme certes ,mais qui perdure un peu dans l'esprit de ces gens qui ont tété le lait patriotique des Malet-Isaac :-). Aujourd'hui nos collégiens n'ont que faire de ces antiquités....on leur apprend que le Monde est une grande famille et que la guerre "c'est pas bien" , elle doit être mise au ban de l'Humanité.
Mais chassez le naturel , il revient au galop comme disait...je ne sais plus qui....

"....la guerre se fait plus facilement quand on a Dieu pour allié".
"Dieu. Celui des holocaustes et des défilés militaires. le dieu de l'ordre rétabli. Ce grand cheval blême qui planait sur le champ des morts, un soir, à Brunete, avait autrefois plané sur Bouvines. Il plane aussi sur Guernica, sur Auschwitz, sur Hiroshima, sur Hanoï et sur tous les hôpitaux après toutes les émeutes. Ce dieu-là non plus n'est pas près de mourir. Il reconnait toujours les siens " .
(page 300/301 édition Folio)
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