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Critique de Eve-Yeshe


On vient de découvrir le corps torturé avec raffinement, mutilé de Franck Tardy, avocat réputé. Une puanteur immonde règne dans la pièce, ou le corps entièrement dénudé, est assis à table, en face de lui un crâne. La table est recouverte d'une belle nappe et il y a des assiettes pour d'autres convives. Une mise en scène terrifiante mais savamment orchestrée.

Côté police du 36, nous avons Patricia, la cheffe, à la fois protectrice et autoritaire, qui se débat pour sortir un de ses fils de la toxicomanie. Un médecin légiste, barbu un peu désabusé, et Audrey Durand, jeune policière qui depuis qu'elle a été abandonnée par son ex, mène une vie dissolue : alcool, haschich, virées nocturnes dont elle émerge avec une belle gueule de bois, au lit avec un homme, pêché la nuit-même et qu'elle sort de sa vie illico presto au matin.

Audrey a commencé des études d'art, (elle est toujours très douée et fait visiter le Louvres aux ados par exemple). A la mort de son père, policier émérite, elle a tout lâché pour entrer dans la police au grand dam de sa mère.

Sa relation toxique avec cette mère hyper-protectrice qui l'appelle dix fois par jour et cherche à la faire culpabiliser est très bien croquée.

Les autres membres de l'équipe ont chacun leur personnalité et leur domaine de prédilection, sans oublier le « commissaire-à-rien » qui se promène sur les scènes de crimes sans équipements, polluant sur son passage (il déteste ces flics transformés en spationautes !)

L'enquête démarre sur les chapeaux de roues, à travers les milieux glauques qu'affectionnait Tardy, mais un autre corps est trouvé torturé aussi, un notaire bien sous tous rapports mais qui fréquentait les mêmes milieux glauques. Idem, on a droit à une mise en scène théâtrale.

J'ai adoré ce polar, qui nous fait visiter le milieu SM, mais aussi les dessous trash du monde de l'art, parcourant au passage la Foire internationale d'art contemporain qui a lieu précisément à ce moment-là. On croise au passage Klein, Picasso avec une belle réflexion sur « Les demoiselles d'Avignon » sans oublier un hommage à Léonard de Vinci et ses planches d'anatomie.

« Picasso interroge sur l'esthétisme et représente la beauté où elle n'est pas. Il s'affranchit des règles de la peinture académique. L'absence de réalisme et la difformité de ces prostituées vont choquer le public de l'époque. Matisse et Braque seront scandalisés par ce tableau et qualifieront son auteur de « terroriste ». »

Jusqu'où peut aller un artiste contemporain pour qu'on parle de lui, comment les côtes peuvent monter, le rôle des galeristes… Les rapports entre les différents membres de l'équipe sont bien étudiés, la manière dont on écarte ou non une piste… Je n'en dis pas plus, divulgâcher serait un crime !

Je suis conquise par le sujet abordé, la manière dont Chrystel Duchamp l'a abordé, le rythme de l'écriture qui s'accélère de plus en plus. Une fois commencé, je ne l'ai plus lâché et j'ai eu une furieuse envie de le relire, illico, pour faire durer le plaisir.

La couverture est splendide, rien n'a été laissé au hasard, l'Art est omniprésent. En fait, c'est du grand Art….

Un immense merci à NetGalley et aux éditions l'Archipel qui m'ont permis de découvrir, en « avant-première », cette auteure, dont je vais guetter de pied ferme le prochain livre. Chapeau l'artiste !


#LARTDUMEURTRE #NetGalleyFrance

Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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