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Critique de SZRAMOWO


Je viens de terminer Variations de Paul et, dire que j'ai été impressionné par le récit est loin de ce que je ressens encore à propos de cette saga unique en son genre.
De quoi est-il question ? de musique mais pas que. de composition musicale mais pas que. de famille mais pas que. de transmission entre générations mais pas que. de relations parents enfants mais pas que. de spiritualité mais pas que. D'alcools et de substances illicites mais pas que. de voyages autour du monde mais pas que. Alors de quoi ?
Une phrase au détour du récit arrête le lecteur « C'est surprenant au début, mais on appelle ça la vie et on s'y fait. »
Oui ça donne une idée très précise et fidèle de ce roman.
Paul Maleval est né en 1947. Sa naissance, plus que celle de tout autre nouveau-né ( je ne spoile pas) le confronte à l'opposition entre le silence et le bruit. Il crie donc il vit.
Son père Antoine, pianiste de bar, fan de Thelonious Monk le berce dans sa musique, Paul collectionnait « ses photos dans Jazz Magazine ; » (il en avait) « autant que de Bird. »
Mais Paul, s'il ne rejette pas cet héritage est submergé par la vague du rock anglo saxon qui déferle sur l'Europe depuis l'Angleterre et les Etats Unis.
Concert de Jimy Hendrix le 9 octobre 1967 à Paris. Débauche de disques vinyles dans cette période où chaque semaine voyait un groupe sortir un album ouvrant de nouvelles voies. « (…) place la grande galette noire sur la surface plane et c'est parti Yes M'aaam (…) »
« Paul a entendu parler de Lou Reed et du Velvet Underground (…) le début lunaire de Sunday Morning qui ouvre le premier album du groupe, il est immédiatement plongé dans ce dimanche matin de lendemain de fête, légèreté des fins du monde où l'on louvoie entre les bouteilles (…) »
L'histoire de Paul Maleval est celle d'une génération qui après avoir connu le vertige des sixties et des seventies, générosité, don de soi, amour à tout vent, volonté de sortir le monde de ses rails, se retrouve avec la gueule de bois dans les eighties et fait contre mauvais fortune bon coeur.
« Il ressent assez vite une sorte de répulsion pour la décennie 1980 (…) règne du fric, de l'ostentatoire et du vulgaire, du clinquant, abêtissement général, retour aux instincts de cupidité et de domination. »
« Une culture de vestes noires et de talk-shows se constitue, de prétendu parler franc et de snobisme trois-pièves. »
Avec justesse le récit évoque Ardisson et Dechavannes.
Il passe, et « finit par éprouver une certaine tendresse pour cette légèreté guimauve, ce post-Factory décadent »
Mais la vie est ailleurs. Ses enfants Chiara et Léo assurent la continuité du lien entre lui et la musique.
Chiara fréquente le Pulp où « Il y a Susan la punk lesbienne, Virginie L écrivaine à la voix fendillée et au tee-shirt Metallica à manches retroussées (…) »
Il est vrai qu'il y a parfois du Vernon Subutex chez Paul, notamment dans sa façon de faire vivre sa musique et de faire vivre ses contemporains dans sa musique.
L'époque est différente, les sons différents, mais le coeur de ceux qui l'habitent bat au même rythme que le sien.

Dernière question avant la fin : comment ce jeune auteur né en 1982, parvient-il à faire frissonner un lecteur de la génération de Paul ?
Mystère de la littérature ? Talent ? Que sais-je moi ! Je ne vais pas bouder mon plaisir. Comme Paul, je reviens au silence.
Merci M Ducrozet et Bravo !
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