Citations sur La coureuse des grèves, tome 1 : Les flots ensorcelés (8)
J'écartai les bras et appelai l'eau environnante à moi. Les gouttelettes se soulevèrent de toute part et s'agglutinèrent pour former un lent tourbillon. Eau source de vie, ta musique apaise les psychés. Eau source de mort, ta puissance écrase les cités.
''Si l’offre était sincère, je sentais l’hésitation dans sa voix. Malgré son physique imposant, mon jardinier était la douceur incarnée.''
- J'ai bien réfléchi, dis-je en guise de réponse.
- Voilà qui ne joue pas en ma faveur, répliqua-t-il d'un ton taquin.
Je levai les yeux au ciel, exaspérée.
- À propos de Xavier, clarifiai-je.
- C'est définitivement mauvais signe. Mon ego est froissé.
- Ton ego pourrait aplatir un béluga.
Zacharie s'étouffa de rire et toussa avant de réussir à parler.
- On m'a déjà comparé à un train, mais un béluga, c'est une première.
Un sourire me fendit le visage, je savourai les rayons du soleil sur ma peau et le vent dans mes cheveux.
Libre.
Je retrouvai l'air marin du rivage où j'avais grandi.
Baignée de bonheur, je me laissais griser par l'appel de l'eau - j'avais attendu trop longtemps depuis ma dernière course sur la grève.
Le cheval galopait à si vive allure que j'étais incapable de distinguer le paysage. Le vent sifflait à mes oreilles et quelques autres bruits me parvenaient, indéchiffrables. Je m'accrochais de toutes mes forces, non pas pour ne pas tomber, mais parce que sa colère battait dans sa poitrine et se réverbérait dans mon corps.
J'aurais pu croire à ses mots, sauf qu'avec ses yeux implorants dignes du chat potté, sa déclaration ne me semblait qu'une couche de sucre supplémentaire pour m'amadouer. Je le foudroyai du regard, la bouche trop pleine pour répondre. Ce qui ne suffit pas pour le décourager.
Je le saluai d'un sourire crispé et m'éloignai vers le Combi. Je dus faire appel à toutes mes réserves de sang-froid pour éviter de jeter un œil par-dessus mon épaule. J'aurais sûrement été gratifiée par un regard de braise et je n'avais aucune envie de voir l'effet que ça me ferait.
Mon regard alterna entre eux comme si j'assistais à un match de tennis. On aurait dit que maman et papa se disputaient devant moi, me laissant croire que leur relation était plus complexe que cette apparente mésentente.
Je n'avais aucune intention de laisser la situation s'envenimer et que mon manoir soit le théâtre d'un affrontement entre la Mangeuse d'âmes et le Croque-mitaine. Avec une bonne inspiration, je m'éloignai de l'évier, les mains levées dans l'espoir de calmer leurs ardeurs.