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Critique de jullius


14-18 ne fut pas la der des Ders, mais la guerre des guerres. Ce fut la grande guerre mondiale, non seulement pour les soldats français mais pour les peuples tout entier : la grande guerre de la fin des illusions, qui révéla que le progrès, véritable religion nouvelle, était aussi le progrès des catastrophes. La grande guerre de la mobilisation totale, de tous et toutes, au front comme à l'arrière, et jusqu'aux femmes, telle Marguerite, qui paieront aussi le prix de cet engrenage collectif, de cette course aveugle... vers quoi ?
Si Marc Dugain a tant marqué avec ce roman c'est bien sûr parce qu'il choisit un contre-champ intéressant pour parler des ravages de cet événement. Qu'il livre sans complaisance mais sans fausse pudeur non plus, une photographie troublante des corps et des chagrins, des membres et des destins, brisés par les combats oui, mais pas n'importe lesquels : ceux d'une guerre menée avec des moyens industriels et pour que perdurent, d'ailleurs, la possibilité même d'accroître les fortunes gagnées de la même manière. Si Marc Dugain touche si juste c'est qu'on sent bien que son message est ambitieux : témoigner oui, mais non seulement, non « simplement » d'une ignoble blessure dans l'histoire humaine, d'une parenthèse meurtrière... La logique destructrice à l'oeuvre ne rattrapera-t-elle pas nos héros 20 ans plus tard dans un nouveau conflit démentiel ? Témoigner, donc, que la marche de l'histoire, que le pas pressé des hommes s'est engagé sur le rythme fou et destructeur de ce qui fait nos vies, notre monde, le sens possible d'y être ; que ce nom de progrès est une usurpation, dont l'(anti)chambre révèle le prix, la note à payer. Toute la médecine et toute la science n'y pourront rien ; aucune opération miracle ne viendra réparer les dégâts causés : les cicatrices resteront là, béantes, saurons-nous les regarder, les comprendre ? Saurons-nous, comme nos héros, saisir que seuls les liens d'amitié et l'amour, s'il en reste, s'il sait dépasser les apparence., peuvent nous sauver ; que seule l'humanité est un projet ?
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