Transparence

Un propos intelligent à l'occasion duquel Marc Dugain s'éloigne de sa zone de confort et de sa plongée au scalpel dans le monde réel. Il anticipe, comme Orwell a pu le faire jadis, ce que peut être le monde demain, gangréné par le réchauffement climatique, par la déliquescence démocratique, par les ravages de l'intelligence artificielle. Un monde dans lequel femmes et hommes sont d'autant plus vulnérables qu'ils émettent des données personnelles systématiquement traitées à leur insu. Un monde dans lequel le vrai pouvoir appartient à Google. C'est aussi et surtout une explication du monde au travers du prisme de la peur éprouvée par chacun de nous face à la mort. Toutes les lâchetés, toutes les vicissitudes puisent leurs racines dans notre finitude. C'est aussi le roman d'une prise de pouvoir qui est inédite car elle se joue sur un terrain financier et informatique, preuve s'il en est du bouleversement qu'a connu l'humanité. Il n'en demeure pas moins, et cela est dommage, que le lecteur s'ennuie un peu. Contrairement à tous ses autres livres, Marc Dugain peine à emballer son histoire, à la rendre haletante. Dans cet univers peu familier, il se fait trop explicatif, trop pédagogue et donne l'impression, parfois, d'additionner des chapitres et des scènes pour arriver, enfin, à un dénouement final, aussi réussi que pessimiste.