Sur ses traces

Pour l’heure, elle avait surtout besoin de courir un peu. Avec ses soixante-trois kilos pour un mètre soixante-deux, elle n’était pas grosse, mais elle stockait surtout le tissu adipeux dans les jambes et dans les fesses, là où il était le plus difficile à éliminer. Et ce n’était pas en se sentant comme un Oompa Loompa qu’elle allait trouver l’âme sœur. Elle enfila un petit bonnet, mit ses écouteurs dans ses oreilles, et lança « I Don’t Care » de Ed Sheeran et Justin Bieber.

L’unique autre « cold case » sur laquelle elle avait travaillé avait été la disparition de sa sœur, Sarah, une affaire qui l’avait littéralement obsédée et l’avait empêchée d’avoir une vie privée durant presque vingt ans. Pour pouvoir aller de l’avant, elle avait rangé le dossier de Sarah dans un placard de son appartement, et enfermé ses souvenirs dans un recoin de son esprit.

Divorcé deux fois, il avait déjà avalé la pilule amère, comme on dit, mais cela ne l’empêchait pas de soulever de la fonte le matin pour pouvoir draguer en forme, ou de se faire lifter les yeux – c’était du moins ce que soupçonnait Tracy, d’où probablement cet air perpétuellement surpris qu’il affichait.

Il savait ce qu’elle cherchait ; pas question de rentrer dans son jeu. Pas cette fois. Pas encore. Il ne pouvait pas se permettre une nouvelle plainte pour violence conjugale. Son avocat l’avait bien prévenu : non seulement cela mettrait par terre le projet de garde alternée, mais il risquait de surcroît la prison, sans parler de la perte de son travail.