Citations sur Le Comte de Monte-Cristo, tome 2/2 (184)
Il y a, continua-t-elle, des existences prédestinées dont une première faute brise tout l'avenir.
Insensé, dit-il, le jour où j'avais résolu de me venger, de ne pas m'être arraché le cœur!
Monte-Cristo sourit comme on Sourit toujours quand on veut se dispenser de répondre.
— Il vous appelle, dit le comte ; il vous appelle du fond de son sommeil, celui à qui vous aviez confié votre destinée, et la mort a voulu vous séparer : mais j’étais là par bonheur, et j’ai vaincu la mort ! Valentine, désormais vous ne devez plus vous séparer sur la terre ; car, pour vous retrouver, il se précipitait dans la tombe. Sans moi vous mourriez tous deux ; je vous rends l’un à l’autre : puisse Dieu me tenir compte de ces deux existences que je sauve !
P.1394
Alors il vit venir au seuil de cette salle, et sur la limite des deux chambres, une femme d’une merveilleuse beauté.
Pâle et doucement souriante, elle semblait l’ange de miséricorde conjurant l’ange des vengeances.
P.1393
— Justement, Maximilien, et vous venez de dire le grand mot. La mort est, selon le soin que nous prenons de nous mettre bien ou mal avec elle, ou une amie qui nous berce aussi doucement qu’une nourrice, ou une ennemie qui nous arrache violemment l’âme du corps. Un jour, quand notre monde aura vécu encore un millier d’années, quand on se sera rendu maître de toutes les forces destructives de la nature pour les faire servir au bien-être général de l’humanité ; quand l’homme saura, comme vous le disiez tout à l’heure, les secrets de la mort, la mort deviendra aussi douce et aussi voluptueuse que le sommeil goûté aux bras de notre bien-aimée.
P.1389
« Tu arracheras les dents du dragon, et tu fouleras aux pieds les lions, a dit le seigneur. »
— Ah ! s’écria-t-il, voilà la réponse ! merci, mon père, merci !
P.1353
Depuis la mort du petit Édouard, un grand changement s’était fait dans Monte-Cristo. Arrivé au sommet de sa vengeance par la pente lente et tortueuse qu’il avait suivie, il avait vu de l’autre côté de la montagne l’abîme du doute.
Il y avait plus : cette conversation qu’il venait d’avoir avec Mercédès avait éveillé tant de souvenirs dans son cœur, que ces souvenirs eux-mêmes avaient besoin d’être combattus.
Un homme de la trempe du comte ne pouvait flotter longtemps dans cette mélancolie qui peut faire vivre les esprits vulgaires en leur donnant une originalité apparente, mais qui tue les âmes supérieures. Le comte se dit que pour en être presque arrivé à se blâmer lui même, il fallait qu’une erreur se fût glissée dans ses calculs.
P.1343
— Vous savez, Edmond, que je ne suis plus une créature pensante ; de détermination, je n’en ai pas, sinon celle de ne me déterminer jamais. Dieu m’a tellement secouée dans ses orages que j’en ai perdu la volonté. Je suis entre ses mains comme un passereau aux serres de l’aigle. Il ne veut pas que je meure puisque je vis. S’il m’envoie des secours, c’est qu’il le voudra et je les prendrai.
— Prenez garde, madame, dit Monte-Cristo, ce n’est pas ainsi qu’on adore Dieu ! Dieu veut qu’on le comprenne et qu’on discute sa puissance : c’est pour cela qu’il nous a donné le libre arbitre.
P.1342
— Il y a, continua-t-elle, des existences prédestinées dont une première faute brise tout l’avenir.
P.1340