Cette page de histoire de France vue par Dumas est un incontournable de la littérature. Derrière le masque de l'amusement, le fond historique demeure l'essentiel avec actions et suspenses à foison. Quelques anachronismes, qui tiennent à des détails, sont un parti pris par l'auteur et n'entachent en rien le plaisir de découvrir ces épisodes tragiques.
Mais ce biais romanesque peut être compléter si besoin. C'est pourquoi, la collection "Bouquin" propose des annotations, des corrections historiques au texte de Dumas qui ne sont pas seulement pour les spécialistes.
Le mode feuilleton est un atout avec ses chapitres courts qui se terminent par une relance. Ce modèle a notamment montré son efficacité quand "
La reine Margot" a remplacé "
Les paysans"
De Balzac dans le quotidien "La presse", ce qui rajouta à la rivalité des deux monstres et vraisemblablement plût davantage aux 21 000 lecteurs du journal.
Dumas a demandé 80 centimes la ligne et c'est parti!
Cet ogre de travail prend tout de suite le lecteur aux tripes, c'est le cas de le dire, avec une mise en contexte habile et concise pour introduire le massacre de la Saint Barthélémy.
Et puis le lecteur connaît la plupart des personnages donc il est rapidement dans l'action et pas uniquement dans la description.
Le titre indiquerait un roman dont une femme est enfin le personnage principal. Presque! mais ce titre est trompeur, ce n'est pas
Marguerite de Valois qui concentre le plus d'attention, c'est davantage Catherine de Médicis. Elle est décrite comme l'intrigante en cheffe, à l'origine de tous les méfaits, en première ligne tout au long du récit à peine concurrencée par son meilleur ennemi Henri de Navarre et son fils, le colérique roi Charles IX.
Une super méchante comme on n'en voit peu, usant de tous les moyens pour parvenir à ses fins. Avec le Louvre, symbolisant le lieu de toutes ses hypocrisies et ses traitrises.
Le Béarnais est au coeur de toutes ses attentions. Peu de l'entourage du bon Henriot survivront au pilonnage de Catherine, décrite comme une empoisonneuse, une parjure, le Mal en personne. Il semblerait, d'après de nombreux historiens, que ce personnage fut moins méphitique que le duo Dumas Maquet ne l'a écrit. Mais cette reine mère vêtue de noir est bien pratique pour pimenter le récit.
On pourrait donc parler de caricature parfois mais pas seulement cela, derrière des traits fictifs de certains personnages, c'est le tableau d'une époque troublée qui domine l'ensemble.
Dumas propose une interprétation admise par le plus grand nombre, aussi pour lui plaire. Mais il n'a pas changé les noms des protagonistes de l'époque, même le nom du garde suisse est fidèle à la réalité.
Dumas et Maquet réécrivent l'histoire, non sans avoir consulté force documentation et s'en être imprégné.
Suivre la multitude des personnages n'est pas difficile. La Mole et Coconnas, le parfumeur René, le tueur Maurevel, Mme de la Sauve, les princes protestants et catholiques sont suffisamment identifiés.
L'inexactitude des dates de décès de certains personnages secondaires est donc volontaire et ne s'explique que par l'impérieux souhait de dynamiser le récit.
J'ai été conquis par cet incroyable scénario, un rythme plus vrai que nature et ces nombreuses scènes mémorables dont le cinéma s'est emparé mais sans atteindre le texte original à mon humble avis.
Plébiscitée, l'oeuvre exigera une suite, "
La dame de Monsoreau".